Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 30 juillet 2003
Sécurité civile

Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy se fait menaçant pour les pyromanes mais aussi pour les "imprudents"

"Ceux qu'on arrête, il faut qu'ils prennent une bonne leçon et qu'elle soit suffisante pour ne pas recommencer". Dans le Var sinistré par le feu, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy s'est fait mardi menaçant pour les pyromanes mais aussi pour les "imprudents". Après avoir survolé le décor lunaire laissé par les flammes, il prévient: en matière d'incendies, "être imprudent, c'est être criminel". "Comme pour la délinquance classique, il faut interpeller impitoyablement et sanctionner sévèrement", poursuit le ministre. Alors que le président de la République Jacques Chirac a demandé que "les coupables soient recherchés avec une extrême rigueur", le ministre de l'Intérieur annonce le renfort de "100 militaires" qui s'adjoindront aux 300 gendarmes déjà chargés de prendre sur le fait les incendiaires. "Trois-quarts des feux sont dus à des pyromanes ou à l'imprudence", explique le ministre. "Nous serons sans pitié à l'endroit de ceux qui déclenchent des feux y compris par imprudence", insiste-t-il, même si la sanction ne dépend pas du ministre de l'Intérieur mais des juges... Dans le massif des Maures, où les flammes ont parcouru 8 000 hectares à une vitesse que les pompiers les plus aguerris assurent n'avoir "jamais vu", ce discours du bâton ne peut que plaire à des habitants traumatisés par ce que Nicolas Sarkozy appelle un "massacre écologique". "Ce n'est pas une fatalité, c'est une entreprise de destruction": le secrétaire d'Etat aux personnes âgées, Hubert Falco, maire UMP de Toulon, ne décolère pas. "A 22h30, les incendiaires se sont amusés", résume auprès du ministre le préfet Pierre-Etienne Bisch qui explique avoir vu dans la soirée, depuis son bureau, plusieurs départs de feu simultanés aux alentours de Toulon. "Ce feu là, on ne pourra pas dire qu'il est accidentel. Il est reparti pile de l'endroit où les Canadair venaient de l'éteindre", s'insurge Nicole Donnart, une habitante de Vidauban, où plusieurs maisons n'ont pu être sauvées. Elle-même, à bout de nerf, explique avoir "failli y passer" et a dû se réfugier dans sa piscine. Même les pompiers, d'ordinaire prudents, ne font pas mystère de leur conviction d'actes criminels, par la voix de leur responsable dans le Var, le colonel Eric Martin qui décrit une "situation catastrophique" avec "un fort vent et 28 départs recensés entre 10h00 et 22h00": "On a eu un certain nombre de départs de feu qui posent question avec des répétitions anormales sur certains sites, à Vidauban, près de Toulon ou de Draguignan", explique-t-il au ministre. Pour lutter contre les incendiaires, le maire de Saint-Tropez, Jean-Michel Couve, demande "plus de moyens" et suggère de "cloisonner la forêt". Sous couvert de l'anonymat, des gendarmes expliquent que si les enquêtes sont difficiles à faire aboutir, les pyromanes se font souvent attraper parce qu'ils récidivent, et demandent l'établissement d'un fichier des incendiaires. "Cela peut être une bonne idée", répond-on dans l'entourage du ministre.

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