Édition du mercredi 19 janvier 2011
Une proposition de loi visant à résorber l'habitat indigne dans les départements et régions d'outre mer sera débattue par les députés le 27 janvier
La Commission des affaires économique a adopté, après lavoir amendé, une proposition de loi portant dispositions particulières relatives à lhabitat informel (cest-à-dire autoconstruit, sans permis) et à la lutte contre lhabitat indigne dans les départements et régions doutre mer (1), déposée par Serge Letchimy.
Le député de la Martinique avait, à la demande du Premier ministre, dressé un bilan de lhabitat insalubre et indigne dans les départements et les régions doutre-mer. Les conclusions de ses travaux ont été remises au Gouvernement en septembre 2009. Selon lauteur de la proposition de loi, son rapport «met plus particulièrement en exergue trois problématiques». «Tout dabord, celle du droit au logement dans les territoires doutre-mer», puis «celle de lhabitat indigne imposé dans les pays doutre-mer», et enfin celle «léquité et de la justice sociale».
En effet, selon le rapporteur, «à partir du moment où la question du logement se pose avec une telle ampleur, les conséquences se font sentir sur la vie humaine, dans léducation, la santé, etc.». Dans le cadre de la mission conduite à la demande du Gouvernement, il a «relevé entre 50.000 et 60.000 maisons relevant de lhabitat informel et précaire en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane et à La Réunion, dont une grande partie peut être qualifiée de totalement indigne. Cela représente 10 à 12% du patrimoine bâti de chaque département et même 20% en Guyane où le rythme de "bidonvilisation" sest accéléré en raison de limmigration provenant du Brésil et du Surinam voisins. À Mayotte, la situation est encore plus grave: 40% de lhabitat est considéré comme précaire soit 23.000 logements».
En outre, «une grande part 80 à 90% de lhabitat précaire constitue de lhabitat informel, cest-à-dire autoconstruit, sans permis, et dans 85% des cas sur le terrain dautrui». Aussi, le député a tenu à ce que «la notion dhabitat informel et celle dhabitant sans droit ni titre», soient précisées dans le texte. Il aussi souligné la nécessité de légiférer sur cette question, du fait de la situation de blocage provenant du «décalage entre propriété du sol et propriété du bâti», notamment pour ce qui concerne lapplication locale des procédures en vigueur. «Ainsi, celles relatives aux opérations de résorption de lhabitat insalubre (RHI) sont inapplicables dans les départements et régions doutre-mer». Dans ces départements, il faut «en moyenne douze à quinze ans pour réaménager un ensemble de 400 logements».
«Une telle situation conduit à une paupérisation dans la paupérisation, à la relégation urbaine au sein même de la ville», a-t-il souligné avant de préciser que «dans ces sous-quartiers informels, les habitants nont aucun titre, ils ne peuvent ni transmettre leur logement, ni le vendre, ni le louer dans de bonnes conditions, alors que la construction est réalisée depuis dix, vingt, voire quarante ans».
Parmi les 17 articles de ce projet de loi qui seront examinés en séance publique le 27 janvier, larticle 1er porte sur la prise en compte de lhabitat informel dans les opérations publiques daménagement ou déquipements publics en cas de démolition des lieux occupés, larticle 2 a trait à la réalisation dopérations sur des terrains privés, larticle 3 concerne lindemnisation du bailleur en cas de démolition de locaux donnés à bail aux fins dhabitation édifiés sans droit ni titre sur un terrain propriété dune personne publique. Larticle 4 crée une convention entre la personne publique et la personne évincée en précisant les conditions de versement dindemnités en cas de démolition de locaux dhabitat informel, larticle 5 porte sur labsence dindemnité en cas de démolition de locaux frappés dun arrêté dinsalubrité ou de péril prescrivant des travaux, larticle 6 traite de lindemnisation des propriétaires de locaux à usage dhabitation construits sans droit ni titre sur des terrains exposés à des risques naturels. La notion de lhabitat informel dans la définition de lhabitat indigne figure à larticle 7 tandis que larticle 8 permet au préfet dinstituer un périmètre dinsalubrité dans les secteurs dhabitat informel alors que le traitement des situations ponctuelles dinsalubrité fait lobjet de larticle 9. Larticle 10 permet au maire dédicter des arrêtés de péril.
(1) Proposition de loi n° 3043.
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