Un tiers des séjours en accueils collectifs de mineurs avec hébergement est organisé par les collectivités
Par Lucile Bonnin
Les structures organisatrices d’accueils collectifs de mineurs avec hébergement ont, elles aussi, été durement frappées par la crise sanitaire liée au covid-19. Selon une étude menée par l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep), l’année 2020 a amorcé un recul du nombre d’organisateurs d’accueils collectifs de mineurs avec hébergement (ACMH). « Ce nombre est depuis en hausse régulière, sans toutefois avoir retrouvé son niveau d’avant-crise » , indique l’auteur de la note.
Crise du monde associatif et réforme de 2013
Les dernières statistiques montrent qu’entre 2023 et 2024, 9 441 organisateurs d’ACMH ont proposé des séjours à 1,3 million d’enfants ou adolescents. Avant la crise, « ils étaient plus de 10 000 organisateurs chaque année, leur nombre a chuté à 6 032 en 2019-2020 ».
Ce plongeon post-covid s’explique notamment par la baisse de l’activité des structures associatives. À titre d’exemple, on comptait 6 786 organisateurs associatifs en 2013-2014, ils étaient 950 de moins en 2023-2024.
Les collectivités aussi ont été moins nombreuses à organiser des séjours. En effet, « depuis la mise en place de la réforme des rythmes éducatifs de 2013 qui visait à proposer au plus grand nombre d’élèves des écoles maternelles et élémentaires des temps d’activités périscolaires organisés de façon hebdomadaire, certaines communes ont préféré donner la priorité au développement des activités des accueils de loisirs, au détriment de l’organisation des séjours » , détaille l’auteur de la note. Ainsi, alors que l’on dénombrait 3 522 collectivités territoriales organisatrices d’ACMH en 2013-2014, on en comptabilisait 100 de moins en 2018-2019 et encore 200 de moins en 2023-2024.
Le tiers des séjours organisés par les collectivités en 2023-2024
Concernant les statistiques les plus récentes, les associations gardent leur place de leader dans l’organisation de ces séjours, représentant 61 % des organisateurs en 2023-2024. Au total, elles ont organisé « 26 800 séjours (57 % du total) pour 782 000 départs de mineurs (60 %), soit 29 mineurs par séjour en moyenne ».
Par ailleurs, 15 200 séjours été organisés sous la responsabilité des collectivités entre 2023 et 2024, « pour un total de 314 000 départs d’enfants ou adolescents (24 % du total) » . Les collectivités territoriales représentent 35 % de l’ensemble des organisateurs d’ACMH.
L’auteur de la note met en lumière le fait que « les séjours mis en place par les municipalités, à l’instar des 9 200 mini-camps, sont plus courts (4,5 jours contre 6,5 jours) » que ceux mis en place par les autres collectivités et de surcroît par les associations. Ces séjours accueillent aussi « des effectifs plus réduits que la moyenne (21 enfants contre 27) » . Du point de vue de l’Injep, « cela peut s’expliquer notamment par le fait que ceux qui partent via les municipalités sont plus jeunes : 81 % de ces départs concernent des enfants âgés de moins de 14 ans contre 67 % toutes catégories juridiques confondues. Par conséquent, bien que les collectivités territoriales organisent un tiers des séjours, leur activité ne représente que 15 % du total des nuitées. »
Notons que les collectivités territoriales s’investissent aussi autrement et peuvent par exemple « financer partiellement ou totalement des séjours à destination des jeunes de leur territoire, mais organisés par des associations ou des sociétés commerciales ». Cette participation n’est pas prise en compte dans l’étude.
La majorité de structures ne propose qu’un à deux séjours par an
Seuls « 8 % des organisateurs d’ACMH ont eu une activité supérieure à 10 séjours au cours de l’année 2023-2024 » , mais ils sont néanmoins à l’origine de 47 % des séjours. Ces « gros organisateurs » sont en majorité des sociétés commerciales, et plus rarement des associations.
« À l’opposé, un peu plus de la moitié des organisateurs (4 934) ont mis en place seulement un ou deux séjours au cours de l’année 2023-2024, pour un total de 6 700 séjours (14 % des séjours), 165 000 départs de mineurs (13 % des départs) et 937 000 nuitées (11 % des nuitées), peut-on lire dans l’étude. Parmi ces "petits" organisateurs d’ACMH, les associations sont cette fois surreprésentées (68 %). »
À cette disparité dans le type de séjours proposés s’ajoute le fait qu’il existe un turn-over important dans les petites structures organisatrices de séjours. Au total, entre 2009 et 2024, 23 213 organisateurs d’ACMH différents ont été actifs au moins un an. « Entre 2009-2010 et 2023-2024, un organisateur sur cinq n’a été actif qu’une seule année » , observe l’auteur. Ce sont en majorité des associations, preuve que ce sont aussi ces structures qui sont le plus durement touchées par les crises et qui ont du mal à perdurer.
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