Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 2 avril 2015
Santé publique

Un nouveau parcours éducatif de santé, mais pas plus de médecins scolaires

L'examen du second article du projet de loi de modernisation de la santé par les députés hier en fin d'après midi a mis l'accent sur un sujet sensible, non résolu par ce projet de loi : la pénurie de médecins scolaires. A l'heure actuelle, on compte à peine 1 médecin pour 15 000 élèves, a souligné la députée des Hauts-de-Seine Jacqueline Fraysse (Gauche démocrate et républicaine), quand il en faudrait 1 pour 5 000 rapporte le Syndicat national des médecins scolaires et universitaires SNMUS-UNSA éducation en se référant aux préconisations de l'Académie de médecine. Résultat : « il y a pléthore de départements où les visites médicales pourtant obligatoires à 6 ans ne sont tout simplement pas faites », constate Jocelyne Grousset, secrétaire générale du syndicat. Exerçant jusqu'à l'année dernière en Seine-Saint-Denis, cette médecin se souvient que sur sa commune, à peine 15% des élèves avaient pu être suivis lors du premier bilan à 6 ans.
Cette question des moyens de la médecine scolaire a été écartée par la ministre de la Santé pour deux raisons. La première, c'est que l'article 2, adopté hier, prévoit l'instauration d'un « parcours éducatif de santé »  et non un parcours de soins, a précisé Marisol Touraine. Il ne s'agit donc pas, selon elle, « de donner du travail et des responsabilités en plus à la communauté médicale scolaire »  (le code de l’Éducation prévoit déjà son rôle en matière de promotion de la santé à l'école), mais de faire en sorte que « l'équipe pédagogique s'approprie cette question de la santé »  et que les agences régionales de santé et les rectorats travaillent davantage en lien pour promouvoir des actions de promotion de la santé tout au long de la scolarité.
Deuxième raison : cette question des moyens lui échappe. La médecine scolaire relève en effet du ministère de l’Éducation nationale. Mais « si l'organisation et les moyens ne suivent pas, ces intentions (de création d'un parcours de santé NDLR) se révéleront n'être que des leurres », a insisté la députée UMP d’Ille-et-Vilaine Isabelle Le Callennec.
De son côté, le SNMUS-Unsa espère que la négociation entamée avec le ministère de l’Éducation nationale sur une revalorisation des emplois de médecins scolaires - à l'arrêt depuis janvier – reprenne. « Il y a 300 postes vacants de titulaires aujourd'hui parce que la profession n'est plus attrayante. Nous avions obtenu une revalorisation en 2011 mais nous sommes revenus aujourd'hui à la situation de 2009 : un jeune médecin scolaire qui débute sera moins bien payé qu'un interne. On reste les médecins les plus mal payés de la fonction publique », dénonce Jocelyne Grousset.
E.S.


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