Un déconfinement plus strict que prévu à partir du 15 décembre
La France sortira bien du confinement mardi prochain et les déplacements seront de nouveau autorisés « partout en France ». L’annonce faite par Emmanuel Macron fin octobre a bien été respectée par le gouvernement au prix d’un durcissement des mesures initialement avancées par le chef de l’Etat. C’est ce qu’a annoncé, hier, le Premier ministre, Jean Castex, qui a présenté le nouvel « objectif » de son gouvernement : « Permettre à chacune et chacun de profiter des fêtes de fin d’année » tout en faisant en sorte de « réduire le risque de devoir vivre un troisième confinement dans les prochains mois ».
Situation sanitaire : l’embellie « marque le pas ». Si la situation sanitaire s’est bien « considérablement améliorée » ces dernières semaines, celle-ci « marque le pas », a reconnu le Premier ministre en préambule de l’intervention des membres du gouvernement à l’occasion d’une conférence de presse. Il a prévenu que « la partie (était) loin d'être gagnée » puisque « le nombre de nouvelles contaminations ne se réduit plus, et il tend même à légèrement réaugmenter depuis quelques jours ». Avec encore près de 14 000 contaminations recensées hier, le pays serait désormais entré « sur une sorte de plateau ». La baisse des hospitalisations dans les services de réanimations est bien là, mais la situation resterait « préoccupante » dans certaines régions.
Selon le ministre de la Santé, Olivier Véran, le pays ne serait « pas encore sorti de la deuxième vague », reconnaissant que l'objectif de 5 000 nouveaux cas par jour, fixé par Emmanuel Macron, ne serait pas atteint le 15 décembre.
A partir du 15 décembre : libre circulation hors couvre-feu
Libre déplacement entre les régions. Les Français pourront de nouveau se déplacer librement en journée, à partir de mardi prochain, y compris d'une région à l'autre. Ce sera la « fin des attestations », a assuré Jean Castex. Du moins « pendant la journée ».
Couvre-feux de 20 à 6 heures. Toutefois, au regard des indicateurs épidémiques, des « règles plus strictes » seront mises en place. Le confinement sera remplacé par un couvre-feu mais sera plus contraignant qu’initialement prévu puisqu'il débutera à 20 heures et s’achèvera à 6 heures (et non pas de 21 à 7 heures du matin, comme l’envisageait Emmanuel Macron). Seuls les territoires ultramarins y échapperont.
« Cela signifie qu’à partir de 20 heures chacun devra rester chez soi », a expliqué le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Des « exceptions limitées » seront, toutefois, permises. Ainsi, les Français qui ne seront pas munis de la nouvelle attestation justifiant de l'une des six dérogations possibles (motifs professionnels, motifs familiaux impérieux, missions d'intérêt général, raisons médicales, personne en situation de handicap et accompagnant et besoins des animaux de compagnie) s'exposeront à une amende de 135 euros. Et ce couvre-feu sera « strictement contrôlé », a indiqué Jean Castex.
Maintien du télétravail. Pas de changement, cependant, concernant le travail. Pas question de « diminuer le recours au télétravail », le Premier insistant sur le fait que le télétravail devra être poursuivi « partout où il est possible ».
Dépistage de masse dans quatre métropoles. Des opérations de dépistages de masse seront réalisées dans quatre métropoles : du 14 au 19 décembre au Havre et à Charleville-Mézières, puis à partir du 11 janvier à Roubaix et Saint-Etienne. « Nous n'avons pas choisi ces collectivités, ce sont elles qui se sont choisies et nous ont contactés » car elles ont été « soumises à une très forte seconde vague », a souligné le ministre de la Santé. Aucun isolement obligatoire n’est prévu pour les cas positifs, le gouvernement privilégiant un « accompagnement renforcé ».
Le 24 décembre : l’exception de Noël
Un Noël sans couvre-feu. La seule exception à la règle du couvre-feu se tiendra durant la nuit du 24 au 25 décembre. Les déplacements y seront autorisés toute la soirée, a indiqué le Premier ministre qui a pris le soin de recommander aux Français de ne pas se réunir à « plus de six adultes à la fois ». Plus globalement, il a invité les Français à rester vigilants face à la circulation du virus. A noter que les jauges de fréquentation des lieux de culte ne seront « pas revues à la hausse » à compter du 15 décembre.
Se tester avant Noël ? Pas forcément une bonne idée. Olivier Véran a mis en garde contre la prétendue « bonne idée » d’aller se faire tester avant Noël. « Le test n’est pas un totem d’immunité, c’est risqué pour vous et pour vos proches », a-t-il prévenu, rappelant qu’il y a « un risque que le test soit négatif alors que l’on est porteur du virus », les fameux faux négatifs. L’objectif est également d’éviter l’engorgement des laboratoires.
Le 31 décembre : un Nouvel An sous contrôle
Un Nouvel An particulier. Le Nouvel An ne connaîtra pas pareille destinée. Contrairement à ce qui était envisagé, le couvre-feu sera bien appliqué le 31 décembre. Plus de 100 000 policiers et gendarmes seront ainsi mobilisés pour les contrôles durant la nuit de la Saint-Sylvestre. Si ces opérations se feront « avec tact et mesure », a indiqué Gérald Darmanin, « il n'y aura pas de consigne d'indulgence ». Il sera, toutefois, possible de fêter le Nouvel An où on le souhaite, à condition d'arriver sur place le 31 décembre avant 20 heures et de repartir le lendemain après 6 heures, a confirmé Jean Castex.
A partir du 7 janvier : la culture déconfinée ?
La culture confinée au moins trois semaines de plus. Ce sont les grands perdants de ces annonces gouvernementales. Les établissements recevant du public devront garder encore portes closes afin « d’éviter d’accroître les flux, les concentrations, les brassages de public » et ainsi réduire le risque de propagation de l’épidémie. Les cinémas, théâtres et musées ne pourront donc pas rouvrir mardi, comme initialement prévu, et devront rester fermés trois semaines de plus. Les enceintes sportives, les zoos, les salles de jeux, les casinos et les cirques y seront également contraints jusqu’au 7 janvier, jour désigné par Jean Castex pour « réétudier » la situation.
A partir du 20 janvier : réouverture des bars et restaurants
L’espoir des bars, restaurants et salles de sports. Comme prévu, les bars et restaurants ne rouvriront pas le 15 décembre, pas plus que les salles de sport. Reste que le Premier ministre n’a pas douché leur espoir puisqu’il a confirmé leur réouverture, pour l’instant, au 20 janvier.
Universités : retour progressif en classe. De même, l'échéance du 20 janvier pour la reprise des cours en présentiel reste d'actualité, à condition que la situation épidémique le permette. Devant la situation psychologique « très difficile » de certains étudiants, Jean Castex également confirmé l'objectif d'une reprise des cours en présentiel, dès début janvier, pour un public ciblé, notamment les étudiants étrangers.
Les aides maintenues. Les dispositifs d’accompagnement économiques seront maintenus pour les établissements fermés, a assuré le Premier ministre.
A.W.
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