Ukraine : l'État met en place la coordination avec les collectivités
Par Franck Lemarc
« Trois millions de personnes ont quitté l’Ukraine », à ce jour, rappelle le gouvernement dans le compte rendu du Conseil des ministres. Environ 15 000 ont déjà été accueillies en France, et le pays pourrait, à terme, en recevoir 100 000.
Cela correspond au nombre de places d’hébergement recensées à ce jour sur la plate-forme « Je m’engage pour l’Ukraine ». Un tiers de ces propositions d’hébergement émanent de particuliers. La France a mis en place « un pont aérien de grande envergure pour venir en aide aux populations déplacées », a par ailleurs souligné hier le gouvernement, et a débloqué une aide exceptionnelle de 100 millions d’euros à destination de l’Ukraine et des pays limitrophes, en particulier la Moldavie, fonds spécifiquement dédié à la gestion des réfugiés (aide médicale, nourriture, etc.). « Onze vols » ont été organisés vers les pays concernés, pour acheminer une centaine de tonnes de matériel.
Plan d’actions
Le gouvernement salue la « coordination étroite » mise en place avec « les collectivités et les entreprises », notamment avec la mise en œuvre du fonds Faceco (Fonds d’action extérieure des collectivités territoriales, lire Maire info du 4 mars) « pour recevoir les financements [des collectivités] qui permettent ensuite de porter, en toute transparence, des projets humanitaires concrets ».
L’arrivée importante de réfugiés va générer un certain nombre de questions qui relèvent directement des collectivités : celle du logement, en particulier, et celle de l’école, puisqu’une grande partie de ces réfugiés sont des familles avec des enfants en bas âge. Il va donc falloir s'organiser pour scolariser, dans les semaines à venir, sans doute plusieurs milliers, si ce n’est dizaines de milliers, d’enfants ukrainiens, dont la plupart ne parlent pas le français.
Rappelons que l’AMF, la semaine dernière, a proposé à l’État un « plan d’actions » commun permettant de garantir une prise en charge « du premier au dernier kilomètre », a expliqué David Lisnard, président de l’AMF, vendredi dernier. Le point essentiel de ce plan est une prise en charge « en amont », c’est-à-dire en Ukraine même ou dans les pays limitrophes, et non à leur arrivée sur le territoire français – l’idée étant qu’une personne qui est en transit en Pologne ou en Moldavie puisse déjà se voir proposer une solution d’accueil en France, avec un hébergement si possible pérenne. Dans ce plan, il reviendrait aux autorités de l’État de procéder à la prise en charge administrative, et aux communes de proposer des hébergements et d’organiser le transport et l’accueil, « en mobilisant les ressources locales qui participent à l’insertion des personnes concernées, dont la traduction, des cours de Français, la scolarisation des enfants, le travail ».
On ignore pour l’instant si cette proposition de l’AMF sera suivie d’effet du côté du gouvernement, qui n'y a pas répondu. Le dispositif d'action, sur ce sujet, reste pour l'instant, aux yeux de l'AMF, « relativement formel et de simple coordination admistrative ».
Réunions de crise
Les associations d’élus participent toutefois au comité de suivi de la politique d’accueil des déplacés d’Ukraine mis en place par le gouvernement. Par ailleurs, le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales organise désormais, comme il le faisait pendant la crise épidémique, une réunion interministérielle pour faire le point sur le sujet, réunion dont les associations d’élus sont partie prenante.
Lors de la première réunion qui s’est tenue le 15 mars, les questions de logement ont été abordées, avec un point d’attention qui a été soulevé sur le risque de « concurrence » entre les publics dans l’attribution de logements sociaux. Il va donc falloir veiller à une répartition équilibrée sur tout le territoire. Sur les questions d’éducation et de scolarisation, l’AMF a notamment demandé au ministère de l’Éducation nationale une réunion dans les jours à venir, par exemple pour réfléchir aux modalités d’accueil de ces enfants sur le temps périscolaire.
Une foire aux questions (FAQ) devrait être diffusée par le gouvernement d’ici la fin de la semaine pour répondre aux interrogations des maires.
Maires enlevés
Au sujet de la guerre en Ukraine toujours, le président de l’AMF, David Lisnard, a adressé un courrier à l’ambassadeur de Russie en France, Alexeï Mechkov, à propos de la « disparition » des maires de Melitopol et de Dniproroudné, Ivan Fedorov et Evguen Matveïev. « De nombreuses informations font état d’un enlèvement par les forces militaires russes », s’indigne David Lisnard, qui demande, au nom de l’AMF et si cette information était avérée, « leur libération immédiate » et des garanties sur « la préservation de leur intégrité physique ». « Ces événements révoltent l’ensemble des maires de notre pays », conclut le maire de Cannes.
On a appris hier soir que le maire de Melitopol, Ivan Fedorov, a été finalement libéré, échangé contre des prisonniers russes faits par les Ukrainiens. On est en revanche toujours sans nouvelles d’Evguen Matveïev à cette heure.
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