Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 20 septembre 2017
Télécommunications

Cartographie de la qualité du réseau mobile : un pas en avant, mais…

L’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) a mis en ligne, avant-hier, une carte interactive d’évaluation de la couverture mobile sur le territoire métropolitain, qui permet en théorie de savoir non seulement si une zone est couverte mais également la qualité de cette couverture. L’initiative est bienvenue au moment où les élus et leurs associations réclament que les critères d’évaluation soient remis à plat. Mais les résultats ne sont pas forcément conformes à la réalité vécue.
Jusqu’à présent, les cartes délivrées par l’Arcep étaient construites de façon binaire : une zone était couverte ou non-couverte. Mais localement, tous les élus savent que les choses ne sont pas aussi simples. Notamment, il est indispensable de savoir si la réception est possible aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des bâtiments.
C’est l’objectif de cette nouvelle carte, qui permet non seulement de visualiser l’emplacement de chaque antenne émettrice, mais de savoir avec une grande précision cartographique (50 mètres) si la couverture est « très bonne, bonne ou limitée ». Une couverture « limitée »  étant définie comme permettant de téléphoner, mais pas à l’intérieur des bâtiments.
Il est également possible, ce qui est particulièrement utile, de connaître la couverture de façon différenciée pour chacun des quatre opérateurs.
Attention, ces données ne sont pour l’instant disponibles pour que pour la voix et les SMS. Pour la réception des données internet mobiles, une carte existe également, mais elle est moins précise, puisqu’elle est, pour l’instant, en mode binaire (couvert/non couvert).
Selon les statistiques générales offertes par le site, la couverture pour la voix et les SMS est globalement satisfaisante : 99 % de la population est couverte, et, selon les opérateurs, entre 90 et 98 % de la surface du territoire. Pour la 4G, le tableau est beaucoup moins riant : en surface, le meilleur des quatre opérateurs ne couvre que 65 % du territoire, et le moins bon, moins de la moitié (48 %).
Tout cela est bel et bon. Sauf que cela ne correspond pas forcément à ce que constatent quotidiennement les maires et les habitants. Un exemple ? La petite commune de Domvast, dans la Somme (370 habitants), dont le maire, Gérard Sagot, mène depuis des années un inlassable combat (jusqu’à maintenant en vain) pour obtenir une couverture correcte. « Plus aucune couverture Orange », explique l’élu à Maire info, et, pour SFR, des coups de téléphone qui marchent « une fois sur deux, ou sur cinq, quand on monte dans le grenier ». Allons voir maintenant la carte de l’Arcep, en tapant « Domvast »  dans le moteur de recherche. Résultat : pour Orange, la couverture est jugée entre « bonne »  et « limitée »  selon les endroits du village ; et pour SFR, « très bonne »  ! Pas grand-chose à voir, donc, avec le ressenti du maire et de ses administrés « excédés ».
L’explication est simple, et elle tient dans une ligne écrite en petit en bas à gauche de la carte de l’Arcep : la carte est construite à partir des données « fournies par les opérateurs ». Et l’Arcep ne peut évidemment pas contrôler la fiabilité des données fournies par ces derniers en chaque point du territoire – même si elle s’est livrée à un certain nombre de contrôles aléatoires. Les résultats de cette carte sont donc à prendre avec précaution.
Seule solution : parvenir à croiser ces données avec les remontées du terrain. L’Arcep a fait part de son vœu de voir se développer des applications permettant aux citoyens de faire remonter leur propre expérience, ce qui pourrait permettre, à terme, de créer une cartographie plus proche de la réalité vécue par chacun, en particulier dans les territoires ruraux.
Franck Lemarc
Accéder à la carte de l’Arcep.

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