Voitures électriques : France Stratégie verrait d'un bon oeil la pérennisation du leasing social
Par A.W.
« Prioriser » le soutien aux ménages modestes et électrifier davantage les flottes d’entreprises. C’est ce que préconise France Stratégie, dans une note publiée hier, dans laquelle elle analyse le soutien public à destination des véhicules électriques.
Alors que le secteur des transports reste à l’origine de 32 % des émissions nationales de gaz à effet de serre (pour l’essentiel issu du transport routier), la part de marché en France de ces véhicules électriques ne cesse de progresser puisqu’elle est passée d’à peine 2 % en 2019 à 17 % en 2023.
« Rôle déterminant » des aides
Une transition vers la voiture électrique qui repose notamment sur des subventions publiques, telles que la prime à la conversion (PAC) et le bonus écologique mais aussi sur un malus visant à taxer les véhicules émettant trop de CO2 ou trop lourds, rappelle le service de Matignon en charge de la prospective.
Mais ces dispositifs de soutien public sont-ils toujours adaptés et efficaces ? Pour France Stratégie, il n’y a pas de doute : ils jouent un « rôle déterminant » pour accompagner les ménages vers les véhicules peu polluants.
Le bonus-malus expliquerait ainsi « 40 % de la progression de la part de marché des véhicules électriques de 2019 à 2021, et un tiers de la réduction des émissions des véhicules neufs », soulignent les auteurs de la note qui précisent que « le coût pour les finances publiques serait de 600 euros par tonne de CO2 évitée, voire 800 euros en tenant compte des pertes de recettes fiscales induites ».
Un point d’autant plus important lorsque l’on sait que la réduction annuelle moyenne des émissions du secteur des transports doit être « multipliée par trois entre 2023 et 2030 » pour respecter la trajectoire fixée par la deuxième Stratégie nationale bas-carbone.
Accès difficile pour les ménages modestes
Reste que, malgré un renforcement des aides pour les ménages les plus modestes, « l’accès à la mobilité électrique de l’ensemble des ménages est encore loin d’être garanti » et reste encore majoritairement réservé aux catégories sociales les plus aisées.
France Stratégie note ainsi que les ménages modestes ne représentent « que 15 % à 20 % » des achats éligibles au bonus. Et ce, « malgré un bonus de 7 000 euros depuis 2023, contre 4 000 euros aujourd’hui pour les autres ménages ».
« En dépit des aides, l’accès au neuf reste […] entravé par un investissement initial élevé, particulièrement pour les ménages modestes », constatent les auteurs de la note. En effet, l’investissement nécessaire pour un modèle classique de citadine électrique neuf reste « autour de 24 000 euros, déduction faite du bonus et de la prime à la conversion ».
En 2022, « seuls 11 % des ménages les moins aisés » ayant acheté un véhicule neuf se sont donc tournés vers l’électrique, « soit 14 000 voitures, contre plus d’un quart pour les ménages les plus aisés », ce qui représentait plus de 48 000 voitures, observe France Stratégie.
En fait, « l’essentiel des transactions de véhicules des ménages se font sur le marché de l’occasion (85 % en 2023), où l’offre en électrique est faible (1,5 % du parc est électrique en 2023) ». Dans le détail, 1,7 % des ventes d’occasion concernaient des véhicules électriques en 2023… quand 66 % des transactions d’occasion concernaient des véhicules Crit’air 2 et plus, soit 3,5 millions de véhicules.
Leasing social : une « solution intéressante »
Dans ce contexte, le leasing social - qui ne requiert pas d’apport initial et évite donc aux ménages modestes un lourd investissement – pourrait constituer « une solution intéressante » et apparaît comme « une voie à poursuivre tant que le marché de l'occasion électrique n'a pas atteint une taille suffisante ».
D’ailleurs, celui-ci a connu « un grand succès auprès des ménages modestes, qui en ont davantage bénéficié en six semaines début 2024 (50 000 dossiers) qu'ils n'ont tiré profit du bonus en une année (30 000 en 2023) », rappellent les auteurs de la note qui estiment que « pérenniser ce dispositif pourrait avoir comme intérêt d’abonder dans quelques années le marché de l’occasion en voitures électriques ».
Ainsi, ils estiment que « l’accompagnement de la transition vers l’électrique doit être priorisé en particulier pour les ménages les plus vulnérables sans alternative à la voiture individuelle », le leasing social se présentant comme « une alternative intéressante ».
Des flottes d’entreprises à électrifier
Autre point soulevé par France Stratégie, les deux tiers des ventes de véhicules électriques sont le fait des ménages, les entreprises n’ayant réalisé qu’un tiers des ventes de voitures électriques neuves en 2023.
Celles-ci doivent donc aussi « contribuer à cet effort de décarbonation ». Pour France Stratégie, « l’électrification des flottes d’entreprises doit ainsi s’accélérer » afin, là aussi, « d’abonder le parc des véhicules d’occasion ».
Elle estime, au passage, « nécessaire » la mise en place d’un « accompagnement spécifique » pour les entreprises, comme pour les ménages, « contraints par la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE) ».
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