Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 9 mars 2015
Transports

Lutter contre les violences faites aux femmes dans les transports

Le secrétariat d’État chargé des Transports a publié vendredi 6 mars les premiers résultats d’une enquête sur les violences faites aux femmes dans les transports collectifs. L’étude montre que les femmes sont « moins victimes d’atteintes à l’intégrité physique »  que les hommes, mais que le sentiment d’insécurité qu’elles éprouvent est en revanche plus important.
L’étude met en parallèle deux types de résultats différents : des données objectives, fournies par les opérateurs de transport et la police et la gendarmerie ; et des données plus subjectives, obtenues à la suite d’entretien avec des femmes utilisatrices des transports collectifs. Les données chiffrées montrent que les hommes sont, dans les transports collectifs, plus souvent que les femmes victimes de coups et blessures et vols avec violence. Mais parallèlement, alors que 62 % des hommes disent se sentir « toujours »  en sécurité dans les transports, moins de la moitié des femmes (48 %) partagent cet avis. Dans les transports d’Île-de-France, ce sont même 60 % des femmes qui disent « craindre une agression ».
Ce décalage entre les violences comptabilisées et le sentiment d’insécurité s’explique en grande partie – reconnaissent les auteurs de l’étude – par le fait que beaucoup d’atteintes à la dignité des femmes, ressenties comme des agressions, n’apparaissent jamais dans les statistiques. Sifflements, commentaires sexistes, voire « mains baladeuses »  ou autres comportements du même genre ne donnent en général pas lieu à un dépôt de plainte ou un signalement… mais n’en accroissent pas moins un sentiment permanent de harcèlement.
Par ailleurs, l’étude relève que le nombre inférieur d’atteintes qui frappent les femmes s’explique probablement aussi par « des stratégies d’évitement » : par exemple, nombre de femmes évitent tout simplement de prendre les transports à certaines heures (tard dans la soirée) ou font des détours pour éviter des zones ou des lignes jugées dangereuses.
L’étude explore aussi un certain nombre de pistes permettant de faire diminuer le sentiment d’insécurité, en s’appuyant sur des exemples français ou internationaux. Ses auteurs notent que dans certains pays, la question du harcèlement dans les transports a pris une telle ampleur que les autorités en sont arrivées à mettre en place des wagons non mixtes dans le métro (Brésil, Mexique, Japon…). De façon moins radicale, l’étude encourage les collectivités à centrer leur politique sur « l’aménagement de l’environnement urbain », et en particulier à s’appuyer sur le concept dit « des marches exploratoires ». Ce concept est né au Canada, et il consiste à organiser des groupes de femmes qui parcourent un secteur et identifient elles-mêmes « les espaces générateurs d’insécurité ». Dans le même ordre d’idées, l’étude salue l’initiative de l’opérateur Tice (Transports intercommunaux centre Essonne) : l’entreprise a créé des « ambassadrices de lignes », avec pour objectif « dans un premier temps de recueillir le témoignage d’utilisatrices d’une ligne de bus, puis de créer un comité de femmes afin de recueillir leurs suggestions et d’engager les adaptations nécessaires ».
Dans un communiqué faisant suite à la publication de ces premiers résultats, le secrétaire d’État chargé des Transports, Alain Vidalies, se félicite de la conduite de cette étude et préconise également de « mener des opérations de sensibilisation au harcèlement sexuel et aux comportements sexistes intimidants auprès des voyageurs et des plus jeunes, sous forme d’interventions dans les établissements scolaires ou de campagnes de communication dans les transports ».

Télécharger la synthèse de l’étude.

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