Édition du mardi 13 janvier 2015
LGV Poitiers-Limoges : une décision inattendue
C’est un décret qui a surpris plus d’un observateur du monde des transports : paru au Journal officiel dimanche, le décret n° 2015-18 du 10 janvier 2015 déclare « d’utilité publique et urgents les travaux nécessaires à la réalisation de la ligne à grande vitesse Poitiers-Limoges » – ligne qui doit mettre, à terme, Limoges à 2 h de Paris. Le décret précise que les expropriations nécessaires à la réalisation de la ligne devront être réalisées dans les quinze ans, et liste les communes qui vont devoir mettre en compatibilité leurs documents d’urbanisme (1).
La publication de ce décret a de quoi étonner, au moment où l’État a annoncé vouloir donner la priorité à la modernisation du réseau non TGV, où la Cour des comptes critique sévèrement la gestion du réseau de LGV et, tout particulièrement, le projet Poitiers-Limoges en le qualifiant de « peu cohérent », et où la SNCF elle-même se montre peu enthousiaste à l’idée d’exploiter de nouvelles lignes dont la rentabilité reste à prouver (lire Maire info du 24 octobre 2014). Sans oublier la commission Mobilités 21, chargée de plancher sur le Schéma national d’infrastructures de transports, qui avait jugé que cette ligne était l’une des « moins prioritaires ».
En réalité, ce décret a été signé pour ne pas que le projet soit définitivement enterré. En effet, l’État avait jusqu’au 12 janvier 2015 pour signer la DUP (déclaration d’utilité publique), faute de quoi, il fallait reprendre à zéro l’ensemble du dossier. En choisissant, deux jours avant la date butoir, de signer le décret, le Premier ministre laisse une chance au projet de se poursuivre, sans pour autant prendre beaucoup de risques : le délai donné pour les expropriations (15 ans) donne une idée des délais qui nous séparent du démarrage des travaux.
Le décret signé le 10 janvier est donc plus un signal politique qu’autre chose, et l’État, s’il n’abandonne pas le dossier, a encore de nombreuses années devant lui pour trouver les 1,8 milliard d’euros nécessaires à sa réalisation. La décision a néanmoins fait des heureux : les élus locaux. Du nouveau maire de Limoges, Émile-Roger Lombertie, à la présidente du conseil général de Haute-Vienne, Marie-Françoise Pérol-Dumont, en passant par le président de la région Limousin, Gérard Vandenbroucke, tous expriment aujourd’hui leur intense satisfaction. Ce dernier rappelle que Limoges sera demain « la seconde agglomération de la région Aquitaine-Limousin-Poitou Charentes », et qu’elle ne saurait jouer son rôle de « pôle d’équilibre » sans liaison TGV avec la capitale.
Reste à savoir comment vont à présent réagir les élus d’autres régions à qui l’État a signifié, ces derniers mois, que « leur » TGV ne verrait pas le jour avant 2050... au mieux.
(1) Aslonnes, Civaux, Dienné, Fleuré, Gizay, Iteuil, Lhommaizé, Lussac-les-Châteaux, Mazerolles, Roches-Prémarie-Andillé, Vernon, La Villedieu-du-Clain et Vivonne dans le département de la Vienne ; Bellac, Chamborêt, Chaptelat, Limoges, Nieul, Le Palais-sur-Vienne, Peyrilhac et Saint-Jouvent dans le département de la Haute-Vienne.
Télécharger le décret.
La publication de ce décret a de quoi étonner, au moment où l’État a annoncé vouloir donner la priorité à la modernisation du réseau non TGV, où la Cour des comptes critique sévèrement la gestion du réseau de LGV et, tout particulièrement, le projet Poitiers-Limoges en le qualifiant de « peu cohérent », et où la SNCF elle-même se montre peu enthousiaste à l’idée d’exploiter de nouvelles lignes dont la rentabilité reste à prouver (lire Maire info du 24 octobre 2014). Sans oublier la commission Mobilités 21, chargée de plancher sur le Schéma national d’infrastructures de transports, qui avait jugé que cette ligne était l’une des « moins prioritaires ».
En réalité, ce décret a été signé pour ne pas que le projet soit définitivement enterré. En effet, l’État avait jusqu’au 12 janvier 2015 pour signer la DUP (déclaration d’utilité publique), faute de quoi, il fallait reprendre à zéro l’ensemble du dossier. En choisissant, deux jours avant la date butoir, de signer le décret, le Premier ministre laisse une chance au projet de se poursuivre, sans pour autant prendre beaucoup de risques : le délai donné pour les expropriations (15 ans) donne une idée des délais qui nous séparent du démarrage des travaux.
Le décret signé le 10 janvier est donc plus un signal politique qu’autre chose, et l’État, s’il n’abandonne pas le dossier, a encore de nombreuses années devant lui pour trouver les 1,8 milliard d’euros nécessaires à sa réalisation. La décision a néanmoins fait des heureux : les élus locaux. Du nouveau maire de Limoges, Émile-Roger Lombertie, à la présidente du conseil général de Haute-Vienne, Marie-Françoise Pérol-Dumont, en passant par le président de la région Limousin, Gérard Vandenbroucke, tous expriment aujourd’hui leur intense satisfaction. Ce dernier rappelle que Limoges sera demain « la seconde agglomération de la région Aquitaine-Limousin-Poitou Charentes », et qu’elle ne saurait jouer son rôle de « pôle d’équilibre » sans liaison TGV avec la capitale.
Reste à savoir comment vont à présent réagir les élus d’autres régions à qui l’État a signifié, ces derniers mois, que « leur » TGV ne verrait pas le jour avant 2050... au mieux.
F.L.
(1) Aslonnes, Civaux, Dienné, Fleuré, Gizay, Iteuil, Lhommaizé, Lussac-les-Châteaux, Mazerolles, Roches-Prémarie-Andillé, Vernon, La Villedieu-du-Clain et Vivonne dans le département de la Vienne ; Bellac, Chamborêt, Chaptelat, Limoges, Nieul, Le Palais-sur-Vienne, Peyrilhac et Saint-Jouvent dans le département de la Haute-Vienne.
Télécharger le décret.
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