Édition du mardi 20 mai 2003
Grandes infrastructures : les députés devront se prononcer sur les projets en suspens
L'Assemblée nationale débat ce mardi de tous les grands projets d'infrastructures de transport en suspens (lignes TGV, autoroutes, canaux) dont certains pourraient être reportés ou écartés faute de financement, d'où une mobilisation dans les régions concernées.
Les députés, puis les sénateurs le 3 juin, examineront l'opportunité et le financement de 23 projets ferroviaires, dont des lignes TGV cruciales pour plusieurs régions (TGV Bretagne, Lyon-Turin, TGV Est, TGV Rhin-Rhône, TGV Atlantique, ligne vers Genève...). Ils devront se prononcer sur le canal Seine-Nord et sur 83 projets autoroutiers.
Le gouvernement veut remettre à plat les nombreux grands projets de transport décidés par la gauche et pour lesquels, selon le ministre des Transports Gilles de Robien, "il manque 10 à 15 milliards d'euros".
"Le gouvernement attend le débat parlementaire des 20 mai et 3 juin pour prendre de grandes décisions en matière d'infrastructures de transport", a rappelé cette semaine le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau.
Il s'agit de hiérarchiser les projets, dont certains pourraient être abandonnés ou reportés sine die, et de trouver des ressources. Le ministre s'est dit favorable à un "grand emprunt européen" et a cité d'autres pistes comme la privatisation d'autoroutes.
Deux rapports récents, commandés par le gouvernement à l'été 2002 pour nourrir le débat parlementaire, privilégient certains projets et en écartent d'autres, en particulier parmi les lignes TGV, sujet le plus sensible.
Même si le gouvernement affirme que "presque tous" les projets sont pertinents et que les audits ne l'engagent pas, un vent d'inquiétude souffle sur des régions qui attendent impatiemment des lignes rapides vers Paris ou d'autres métropoles européennes.
Tous partis confondus, les élus locaux sont prêts à se mobiliser.
L'Alsace réclame le Paris-Strasbourg, la Bretagne veut le Paris-Brest, le Sud-Ouest défend l'autoroute Pau-Bordeaux et la ligne Pau-Canfranc, la région Rhône-Alpes se bat pour la liaison Lyon-Turin (projet le plus coûteux avec un tunnel de 52 km) et les écologistes protestent contre le "tout routier".
Les futures lignes sont séduisantes : elles relieraient Paris-Genève en 3h, Paris-Bordeaux en 2h10 (au lieu de 3h), Paris-Brest en 3h (4h30), raccourciraient Lyon-Strasbourg de 1h40, Lyon-Francfort de 1h25, Paris-Mulhouse et Paris-Bâle de 30 minutes.
Le premier audit, paru début mars et réalisé par des ingénieurs des Ponts et Chaussées, retient la majorité des projets routiers mais ne conserve que cinq projets TGV sur quatorze. Il repousse dans un avenir lointain le Lyon-Turin (malgré un accord avec l'Italie), récuse un TGV-POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse) et une ligne Pau-Canfranc (vers l'Espagne), juge non prioritaire le TGV Est vers Strasbourg et le canal Seine-Nord.
D'ici 2020, il ne recommande que (par ordre d'intérêt décroissant) le contournement de Nîmes et Montpellier (pour aller vers l'Espagne via Perpignan), le Haut-Bugey (vers Genève), le TGV Rhin-Rhône "est" (Dijon-Besançon-Mulhouse), la ligne Sud-Atlantique (Tours-Bordeaux) et Bretagne-Pays-de-la-Loire (Le Mans-Rennes). Coût total estimé : 24,8 milliards d'euros dont 18,6 milliards d'euros de concours publics, à trouver d'ici 2020.
Le second rapport, réalisé par la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR), approuve la plupart des projets ferroviaires, dont le Lyon-Turin, le TGV Est vers Strasbourg, une ligne "express" Paris-Roissy et le canal Seine-Nord, mais s'oppose au TGV POLT.
Les rapports proposent diverses solutions de financement : nouvelle taxe sur les poids lourds empruntant les grands axes routiers sans péage, péage à l'entrée des grandes villes, "taxe alpine", hausse des tarifs ferroviaires.c=ht
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