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Édition du mardi 8 novembre 2022
Transports

Face à la pénurie de conducteurs de trains, Clément Beaune promet d'« accélérer les recrutements »

Cette pénurie nationale entraîne une dégradation du service fourni par la SNCF. De nombreux trains express régionaux (TER) sont annulés quotidiennement, en particulier dans les Hauts-de-France. 

Par A.W.

« Je ne vais pas vous dire que, dès demain, tous les trains fonctionneront de manière idéale. En revanche, […] on va accélérer les formations et les recrutements de conducteurs », a assuré, hier, le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune.

A l’occasion d'un déplacement à Dunkerque, il a promis d’« accélérer les formations et les recrutements »  afin de faire face à la pénurie de conducteurs que connaît la SNCF, qui engendre de nombreuses suppressions de trains express régionaux (TER), en particulier dans les Hauts-de-France. 

« Des mois pour revenir à une situation normale » 

Clément Beaune demande ainsi « à la SNCF un plan de résorption de ces difficultés le plus rapide possible », car « on ne peut pas vivre dans la galère pendant encore des mois », a-t-il souligné, affirmant qu'il s'entretiendrait « dans les prochaines heures »  avec le président de l'entreprise publique, Jean-Pierre Farandou. 

Même « s'il n'y a pas de baguette magique pour résorber les pénuries de conducteurs en une journée », le ministre « appelle l'ensemble des équipes mobilisées à trouver le maximum de conducteurs disponibles », suggérant qu'il fallait « tirer les conséquences »  de ces tensions et « peut-être payer mieux »  pour recruter.

« On sait très bien que ça mettra des mois pour revenir à une situation normale », a-t-il reconnu, puisqu’il faut deux mois pour choisir les nouveaux candidats et 12 autres mois pour les former au métier de conducteur.

Hauts-de-France : Au moins 10 % de trains supprimés chaque jour

Symptomatique des problèmes rencontrés par l’entreprise ferroviaire, la région a connu une réduction de l’offre d’« à peu près 10 % »  sur son réseau, a convenu Clément Beaune. « Derrière un chiffre un peu global et froid, ce sont parfois des heures d'attente », a-t-il ajouté, dénonçant une situation « ni acceptable, ni supportable »  en marge d’une rencontre avec le président de la région, Xavier Bertrand.

« Dans un contexte de tensions sur les effectifs, l’allégement vise à assurer une meilleure fiabilité de l’offre de transport », s'est justifiée SNCF Voyageurs, dans un communiqué. « Cette adaptation, nécessaire et temporaire, doit améliorer la confiance des voyageurs du quotidien dans la stabilité de l’offre de trains, grâce à une plus grande visibilité et permettant ainsi une meilleure anticipation dans l’organisation de leurs déplacements », selonla société.

Les Hauts-de-France ont ainsi vu 136 trains de leurs 1 255 trains quotidiens supprimés depuis le 24 octobre dans le cadre d’un plan de transport adapté (PTA), selon le chiffrage de la SNCF. Bien plus selon le président de la région qui a fait ses propres calculs : 190 suppressions le 3 novembre, 197 suppressions la veille… et jusqu’à 223 suppressions le 31 octobre, soit « 18 % d’une offre déjà dégradée »  qui impacte les 200 000 usagers chaque jour.

En France, 1 200 postes manquants 

En cause, il manquerait toujours « 65 conducteurs de trains »  dans la région. Bien que la SNCF ait déjà lancé des opérations de recrutements pour combler les 440 postes à pourvoir dans les Hauts-de-France, les premiers personnels formés n’arriveraient que début 2023 sur le réseau régional et ne seraient qu’une vingtaine dans un premier temps.

L’entreprise assure pourtant pouvoir réinjecter 38 trains prochainement : 17 trains supplémentaires seront ajoutés le 14 novembre, et 21 trains le 12 décembre. 

Mais, dans une lettre adressée au PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, l’ancien maire de Saint-Quentin (Aisne) en doute fort : « A la lumière des médiocres résultats du PTA de Toussaint, comment la région peut-elle avoir confiance en la fiabilité et la sincérité d’un plan de transport adapté proposé par la SNCF, alors que le dispositif actuel ne respecte déjà pas ses engagements ? ». 

Preuve des tensions persistantes entre le groupe ferroviaire et l’exécutif régional, Xavier Bertrand a décidé de suspendre temporairement ses paiements à la société ferroviaire.

Selon un document interne à l’entreprise consulté par Libération cet été, il manquerait ainsi 10 % des effectifs pour assurer les liaisons ferroviaires sur le territoire français, soit 1 200 agents de conduite. Un chiffre que la SNCF n’a pas démenti, précisant toutefois « ne pas être en mesure de fournir un chiffre précis »  à l’époque. 

Des pénuries de conducteurs que l’on rencontre également dans les métros et RER du fait d’un manque d’attractivité pour des postes peu rémunérés et assortis souvent d’horaires décalés.

Bouclier tarifaire

Par ailleurs, le ministre des Transports, Clément Beaune, avait déjà demandé, dimanche, à la SNCF de protéger ses usagers face à la hausse des prix en mettant en place un « bouclier tarifaire »  pour les plus fragiles alors que les prix pour 2023 devraient augmenter, en raison de la hausse des prix de l’énergie.

L’objectif, selon Clément Beaune, est de limiter la hausse des prix des billets pour que celle-ci soit « inférieure à l’inflation ».

En septembre, Jean-Pierre Farandou expliquait que si le transporteur ferroviaire se contentait de répercuter seulement la flambée des prix de l'énergie, « on serait amené à augmenter les billets de TGV de 10% ».
 

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