Élisabeth Borne débloque 100 millions d'euros pour les agences de l'eau
Par A.W.
Des maires « en première ligne », « essentiels », « indispensables ». La Première ministre n’a pas eu de mots assez doux hier pour les élus locaux, à l’occasion de sa venue lors de la quatrième convention annuelle des maires de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca), cette « France miniature », « à la fois littoral, plaine et montagne », composée de « villes denses » et de « petits villages ».
Une France des territoires et des élus locaux avec laquelle elle a dit vouloir « poursuivre […] un dialogue riche, transparent et constant » et « faire du dialogue la méthode et la signature de [s]on gouvernement », devant les représentants de 760 communes de la « région Sud ». Un dialogue pourtant mis à mal ces derniers jours à la suite de la réintroduction « en catimini », selon les termes du président de l’AMF David Lisnard, d’un nouveau dispositif de contractualisation - proche des contrats de Cahors - dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2023.
« La transition écologique sera locale ou elle ne sera pas »
De cette convention dont le thème était consacré au climat, on peut retenir la désignation par la Première ministre de la région Paca comme « pilote » dans la déclinaison territoriale de la planification écologique, 30 milliards d'euros devant ainsi y être investis dans les cinq ans à venir.
L’objectif est de faire de la collectivité dirigée par Renaud Muselier un « laboratoire idéal » puisque la région fait « partie des plus touchées, des plus concernées par la montée des températures et par les événements climatiques extrêmes ».
Face à l’urgence des conséquences du dérèglement climatique, « la solution sera collective », et notamment « locale », a ainsi assuré Élisabeth Borne, affirmant même que « la transition écologique sera locale ou elle ne sera pas ». A ses yeux, « les collectivités ont entre les mains, les compétences essentielles pour mener et réussir » cette transition.
Pour faire de la région Paca « la première déclinaison territoriale » de la planification écologique, la Première ministre a présenté sa « méthode de travail » qui se décline autour de trois « principes » : s’appuyer des « réponses des territoires », mettre en œuvre une « contractualisation » et encourager la « différenciation ».
Selon le « protocole d'expérimentation » conclu entre l’État et la région, cette déclinaison se fera selon plusieurs priorités (guidées par un « comité de pilotage » présidé par le préfet et le président de région) : la décarbonation de l'industrie (la zone industrielle de Fos-sur-Mer représente, par exemple, à elle seule 20 % des émissions industrielles nationales), le développement de transports moins polluants, l’accélération de la rénovation énergétique ou encore la préservation des ressources en eau.
Améliorer la performance des réseaux d’irrigation
Sur ce dernier point, la Première ministre a annoncé 100 millions d’euros supplémentaires pour les agences de l’eau - dont « 40 millions d’euros pour l’Agence Rhône-Méditerranée-Corse » - dans le but d’« améliorer la performance des réseaux d'irrigation » et « pour une plus grande réutilisation des eaux usées traitées ».
« Avec ces moyens supplémentaires, l’agence pourra notamment mettre en place des projets pour prévenir les sécheresses qui vont, malheureusement, se multiplier », a-t-elle détaillé, rappelant que « le dérèglement climatique rend d’autant plus nécessaire notre travail commun pour préserver les ressources en eau ».
Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, avait d’ailleurs affirmé en septembre que le PLF pour 2023 devait « sanctuariser les moyens des agences de l’eau », qui s’établissent à 2,2 milliards d'euros, afin d’« assurer une meilleure gestion de la ressource et mieux prévenir les crises ».
« Si j’étais elle, je me serais passé de ce déplacement »
« Nous devenons le fer de lance de la planification écologique dans les territoires, avec une méthode, un cap et des moyens clairs », s’est réjoui Renaud Muselier qui a taclé au passage le maire de Marseille sur Twitter : « La vie régionale ne se limite pas aux difficultés de la ville de Marseille ».
Car si le président de région s’est montré satisfait, le maire de la cité phocéenne, Benoît Payan, n’a, lui, pas masqué son mécontentement devant la presse. Élisabeth Borne « est venue pour parler d’environnement avec les maires de la région, elle n’a pas non plus apporté beaucoup de réponses… », a-t-il fait savoir, après son entrevue avec la Première ministre, à l’hôtel de ville, ajoutant que « si j’étais elle, je me serais passé de ce déplacement ».
Le maire de la cité phocéenne a d’autant plus été agacé qu’il n’a pas eu de réponses sur les questions posées par la refonte de la métropole Aix-Marseille Provence en application de la loi 3DS et sur le financement du transfert des compétences qui doit prendre effet le 31 décembre 2022.
« Les Marseillais ne peuvent pas payer deux fois pour les autres, on ne peut pas payer deux fois pour les autres communes de la métropole, pour les pompiers, pour le stade... C’est simplement rétablir la justice », a-t-il déploré : « J’ai besoin de réponses, je ne me satisfais pas de circonvolutions ».
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