Le Haut Conseil pour le Climat pointe la lenteur des rénovations de bâtiments
Par AFP
Pour les logements, le Haut Conseil juge que l'accompagnement des ménages se structure et estime que l'interdiction de location des logements les plus énergivores « représente une avancée importante » . Cependant, « les ressources financières et humaines allouées à la rénovation globale restent insuffisantes, et l'approche actuelle achoppe sur l'absence d'exigences de résultats sur la qualité des travaux de rénovation », note le HCC.
Le rapport juge que les politiques mises en oeuvre « ne permettent pas d'enclencher un nombre suffisant de rénovations complètes performantes » pour économiser l'énergie, et demande une « rénovation des logements les plus énergivores » , en se dotant de « moyens de contrôle » . Au 1er janvier 2022, le nombre de « passoires thermiques » (étiquetées F et G) parmi les résidences principales était estimé par l'Observatoire national de la rénovation énergétique à 5,2 millions de logements.
Plan Marshall de la rénovation
Pour atteindre l'objectif d'éradication de ces logements peu ou mal isolés au 1er janvier 2028, ce nombre « devrait diminuer de 900 000 logements par an en moyenne » . Or, le budget 2023 « ambitionne de sortir 15 000 logements du statut de passoire thermique grâce au dispositif MaPrimeRénov’ en 2023, et de porter ce nombre à 25 000 en 2025 » , note le rapport.
« Dans le secteur du bâtiment, on s'attend à voir des rénovations complètes de plusieurs centaines de milliers de bâtiments par année et on a au mieux 66 000 rénovations complètes par année. Sans ce rythme très très élevé, on ne pourra pas être à la neutralité carbone en 2050 » , a résumé la climatologue Corine Le Queré, présidente du HCC lors de la présentation du rapport à la presse.
Autre point de « blocage » , la formation des professionnels qui ne connaissent pas toutes les techniques d'isolation les plus performantes, a relevé Mme Le Queré.
Le Haut Conseil demande notamment « une feuille de route pluri-annuelle des montants financiers et des critères d'éligibilité » pour les aides financières à la rénovation. En octobre, le directeur-général du groupe de matériaux Saint-Gobain, Benoît Bazin, avait résumé une demande similaire en souhaitant un « plan Marshall de la rénovation » des bâtiments, logements, bureaux ou administrations, un chantier qui va durer des années.
Il aimerait y « embarquer » les banques pour amplifier le mouvement uniquement porté par les aides publiques « Ma PrimeRenov'» dont le montant s'élevait à quelque 2,5 milliards d'euros en 2023.
« En France, les banques ne prennent pas de risque sur le bien immobilier mais raisonnent uniquement en termes de risque sur l'emprunteur ; et que le logement soit en catégorie (énergétique) G ou A, elles s'en moquent (...) or les prêteurs devraient s'intéresser à ce sujet dans un environnement où l'énergie va coûter quatre fois plus cher, et où la capacité à rembourser un emprunt peut en être affectée » , avait-il dit.
Le secteur du bâtiment, qui représente 16% des émissions françaises (derrière transports 32%, agriculture 19%, et industrie 18%), est l'un des secteurs qui a le plus réduit ses émissions de gaz à effet de serre l'an passé (-14,7%) par rapport à 2021, pour atteindre 64 millions de tonnes d'équivalent CO2, indique le rapport du HCC.
Mais cette baisse de 11,1 Mt de CO2eq (l'équivalent dioxyde de carbone) s'explique principalement « par la douceur des températures hivernales et par les mesures de sobriété » , note le rapport. Elle est portée surtout par les bâtiments résidentiels (-7,2 Mt CO2eq) qui ont eu un moindre besoin de chauffage, et non par des mesures structurelles pérennes.
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