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Édition du mercredi 4 septembre 2024
Tourisme

Un bilan touristique de l'été 2024 contrasté et similaire à l'année passée

S'il est encore difficile de mesurer précisément les retombées des Jeux olympiques et paralympiques sur le tourisme français, un bilan présenté hier par le gouvernement pointe une fréquentation similaire à celle de 2023 et souligne des atypismes dans les départs en vacances ainsi qu'un retard persistant dans l'accessibilité des ERP.

Par Lucile Bonnin

Un premier bilan touristique de la période estivale 2024 a été présenté hier à la presse par Olivia Grégoire, ministre démissionnaire déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation. Optimisme et satisfaction étaient au rendez-vous en cette rentrée mais les services du ministère se veulent réalistes sur le fait que tous les territoires n'ont pas bénéficié de la même manière du dynamisme impulsé par les Jeux et que beaucoup reste à faire pour que la France conserve sa place de première destination touristique mondiale – devant notamment l'Espagne et l'Italie.

Des résultats semblables à 2023 

« Après un été 2023 qui a battu tous les records de fréquentation et de dépenses, l’économie touristique amorce une tendance à la stabilisation et à la normalisation » , a déclaré en préambule Olivia Grégoire.

La projection du gouvernement est d’atteindre les 100 millions de touristes sur l'année 2024. En 2023, 98 millions de touristes avaient visité la France. Rappelons que le Comité interministériel du tourisme (CIT) espérait en mai dernier que 2024 soit « une année de records pour le tourisme français » . À défaut d’exploser les compteurs, une stabilité de fréquentation est donc observée.

L’été 2024 – tout comme 2023 – est marqué par un retour significatif de la clientèle touristique internationale après quelques années plus compliquées dues à la pandémie de covid-19. Le nombre de touristes étrangers est en hausse de 13 % sur la période olympique. De plus, comme Atout France le prédisait, sur juillet et août les arrivées aériennes sont en hausse pour la Chine (+ 43 %), le Japon (+ 13 %) et les États-Unis (+ 13 %). 

Du côté des recettes touristiques internationales, la France avait atteint 62,5 milliards en 2023. Au premier semestre 2024 elles s’élèvent à 32,5 milliards ce qui laisse espérer « le même résultat qu’en 2023 »  voire mieux, puisque les recettes sont en augmentation de 6 % sur ces premiers mois. 

Il y a tout de même eu un « effet JO»  notamment à Paris : 1,4 million de touristes domestiques se sont rendus dans la capitale (+ 27 %) pendant les épreuves et dans l’ensemble des territoires hôtes (Ile-de-France et 8 métropoles) et où « les nuitées françaises ont progressé de 12 % et les nuitées européennes et long-courriers de 16 % » .

Une réussite à nuancer 

L’été 2024 a aussi confirmé une évolution des habitudes touristiques. La saison des vacances dépasse maintenant le traditionnel calendrier juillet/août. Il faut désormais observer les départs de mai à octobre, expliquent les services du ministère et les professionnels du tourisme.

« 65 % des Français sont ainsi partis en vacances ou en week-ends sur les mois de juillet et août, en retrait de deux points par rapport à l’an dernier » , a détaillé Olivia Grégoire. En cause notamment le contexte particulier avec une « mauvaise météo, une fin tardive de l‘année scolaire, ou encore des départs importants en mai (avec un pont de l’ascension particulièrement exceptionnel en termes de taux de départ des Français) » . La ministre observe une augmentation des courts séjours au détriment des longues vacances d’été d’un mois par exemple. Ce changement d’habitude n’est également pas sans lien avec l’inflation et la crise économique. De plus en plus de Français renoncent à leurs vacances où se tournent vers des séjours moins onéreux et, logiquement, plus courts. 

Les conséquences pour les professionnels du tourisme sont visibles cet été : la fréquentation des hébergements collectifs marchands est en baisse de 5 % pour l’hôtellerie de plein air sur juillet et août par rapport à 2023 et de 0,9 point dans l’hôtellerie « au profit des hébergements individuels, comme le locatif (+ 10 % de nuits réalisées en juillet et + 13 % en août), souvent perçus comme plus avantageux économiquement et plus souple en termes d’organisation des vacances (notamment pour les courts séjours). » Enfin, jusqu’à la troisième semaine d’août, les nuitées issues des clientèles domestiques sont en recul de 6 %. Mais les mois de septembre et octobre laissent espérer « une belle arrière-saison pour une grande partie des territoires », selon Atout France. 

Soulignons aussi que l’été 2024 n’a pas été un bon cru pour tous les territoires et que la fréquentation a été particulièrement inégale : « l’arc atlantique jusqu’à la Manche, du nord au sud a connu un net ralentissement de sa fréquentation »  tout comme le tourisme de montagne, le tourisme rural et le tourisme urbain. Par exemple, selon l'Association nationale des maires des stations de montagne, « la saison d’été [en montagne] s’est révélée très contrastée, à l’image de la saison touristique en France, avec un mois d’août bien fréquenté (+ 7,5% de taux d’occupation vs 2023) précédé d’un mois de juillet plus décevant (- 4 % de taux d’occupation vs 2023) ».

Finalement, pas un mot n’a été prononcé hier sur les activités de loisirs si ce n’est que « 27 % des Français déclarent être moins allés au restaurant cette année. »  De nombreux professionnels partout en France déplorent pourtant des baisses de chiffres d’affaires et doivent faire face eux aussi à l’inflation pour maintenir leur activité. 

Au passage, la ministre a rappelé que les commerçants identifiés dans le périmètre de protection, dit « SILT », à Paris, pourront prétendre à une indemnisation. « Cette commission d’indemnisation sera effective à partir de 2025 », a-t-elle précisé. Une mise en place qui intervient un peu tard, alors qu'elle est promise depuis plusieurs mois par Gabriel Attal. 

Retard sur l’accessibilité dans les ERP  

« On a encore un peu de travail sur l’accessibilité malgré l’investissement du président de la République lors du comité interministériel sur le handicap où 1,5 milliards d’euros ont été dévolus aux enjeux d’accessibilité, a déploré hier Olivia Grégoire. Sur ces 1,5 milliard d’euros, 350 millions ont été fléchés pour accompagner les établissements recevant du public (ERP) de catégorie 5 au nombre de 800 000 dans notre pays. »  Actuellement, ce sont 560 000 ERP, selon les chiffres du ministère, qui ne sont toujours pas accessibles pour les personnes à mobilité réduite. 

Ce fonds territorial d'accessibilité de 350 millions d’euros est ouvert depuis automne 2023. « L’État prend en charge jusqu’à 50 % des frais engagés pour la mise en accessibilité de son commerce, café, bar ou restaurant jusqu’à 20 000 euros » , rappelle Olivia Grégoire. À ce jour, un peu plus de 500 dossiers de demandes ont été déposés pour ce fonds. Un chiffre extrêmement faible au regard du nombre d’ERP qui ne sont toujours pas en règle. « Il est important que les acteurs du tourisme se saisissent enfin de ce qu’est la loi depuis 19 ans » , rappelle Olivia Grégoire, faisant allusion à la loi « handicap »  du 11 février 2005, qui impose à tous les ERP d’être accessibles à tous les types de handicap. « Nous avons encore un mont Blanc à gravir pour être une société inclusive », regrette enfin la ministre démissionnaire, qui espère que ce sujet continuera d’être une priorité pour le prochain gouvernement.  
 

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