Maire-info
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Édition du vendredi 25 juillet 2025
Tourisme

Tourisme : le plan du gouvernement pour faire bondir les recettes d'ici 2030

L'exécutif souhaite faire passer les recettes internationales liées au tourisme de 71 à 100 milliards d'euros en cinq ans. Parmi les mesures présentées, un nouveau plan « saisonniers » facilitant leur accès au logement et la généralisation d'un outil numérique pour encadrer les meublés de tourisme. Une conférence de financement est également prévue.

Par A.W.

En pleine disette budgétaire, la France a décidé d’actionner le « puissant levier de croissance »  que représente le tourisme pour faire rentrer de l’argent dans ses caisses. Pour cela, le gouvernement vient de se fixer un « cap ambitieux » : atteindre les 100 milliards d'euros de recettes touristiques générées par les voyageurs étrangers « d’ici 2030 », année qui verra les Jeux olympiques d'hiver se dérouler dans les Alpes françaises. 

Parmi les secteurs où « l’on peut créer plus de richesse », celui du tourisme est « absolument essentiel », a ainsi expliqué hier le Premier ministre, François Bayrou, à l'issue d'un Comité interministériel du tourisme qui s’est déroulé à Angers. 

Premier en visiteurs, mais quatrième en recettes

Particulièrement important, ce secteur représente aujourd’hui « 8 % du PIB français, 2 millions d’emplois et 15,8 milliards d’euros d’excédent commercial ». Et si le pays reste la première destination mondiale en fréquentation (avec le « record »  de plus de 100 millions de visiteurs étrangers l’an passé, année des Jeux olympiques d’été à Paris), il ne se situe qu’au quatrième rang en matière de recettes touristiques. 

Avec 71,1 milliards d’euros de recettes internationales en 2024 (+ 8 % par rapport à 2023), la France reste, en effet, derrière les États-Unis (199 milliards d’euros), l’Espagne (98,6 milliards d’euros) et le Royaume-Uni (78,1 milliards d’euros).

Résultat, « on peut augmenter de 30 % dans les années qui viennent les performances »  du secteur touristique, « pour atteindre l’objectif idéal de 100 milliards [d'euros de recettes] dans cinq ans », a ainsi assuré François Bayrou, via « une montée en gamme, une offre plus durable et plus qualitative, et un tourisme plus équilibré sur l’ensemble du territoire ».

Pour atteindre cet objectif d’ici 2030, le gouvernement compte déployer une série de mesures, et notamment des simplifications, concernant autant les démarches des employeurs à l’embauche que le droit du tourisme. Le maire de Pau a ainsi indiqué vouloir « suivre la méthode […] définie le 15 juillet, sur la simplification », lorsqu'il a présenté les postes d'économies potentielles en vue du budget 2026. Il souhaite ainsi que le secteur touristique « propose [des] simplifications »  susceptibles de dynamiser l'activité, que le gouvernement pourra conduire « par ordonnance »  pour « aller vite ».

Logement des saisonniers et régulation des meublés

Parmi la trentaine de mesures dévoilées figure le lancement d’un nouveau plan « saisonniers »  pour la période 2026-2028 avec « un accent particulier »  sur l’accès au logement de ces travailleurs qui font face à des difficultés importantes dans le domaine, entraînant un problème chronique de recrutement. 

Dans le but de « refondre la gouvernance et le pilotage de la filière », l'agence de promotion touristique française auprès des étrangers Atout France aura dès septembre un nouveau directeur général. Pour « renforcer l'attractivité »  du pays, le gouvernement entend aussi développer le tourisme sportif, d'affaires, de patrimoine, de savoir-faire, l’œnotourisme ou encore l'agritourisme.

Du côté des collectivités, la généralisation à l’ensemble du territoire de « l’API meublés »  – qui doit permettre de mieux réguler les meublés touristiques – est annoncée pour « mai 2026 ». En cours de test actuellement, cet outil numérique entrera en service « d’ici fin 2025 »  et s’appliquera d’abord aux « 420 communes ayant mis en place la procédure d’enregistrement »  de location d’un meublé de tourisme. Cette première version « prévoira la faculté d’abaisser le nombre maximal de 120 jours de location pour les résidences principales, dans la limite de 90 jours »  et permettra « la centralisation des données d'activité que les intermédiaires de locations saisonnières doivent transmettre aux communes en matière de meublés de tourisme ».

Handicap : améliorer l'accès des territoires

Le lancement d’un nouveau programme d’accessibilité touristique des territoires a également été annoncé. Il permettra de soutenir, en 2025, huit collectivités territoriales pilotes à travers « un accompagnement en ingénierie »  afin d’« améliorer l’ensemble du parcours touristique des personnes en situation de handicap ». En 2026, ce programme devrait être élargi pour accompagner « jusqu’à 20 territoires supplémentaires ». Il sera mis en œuvre par l’Agence nationale pour les chèques-vacances (ANCV) avec « l’appui du Cerema ».

En parallèle, le gouvernement souhaite passer de 3 793 établissements labellisés « Tourisme & Handicap »  à 4 500 d’ici début 2026 puis 10 000 d’ici 2030. Le label « Destination pour Tous »  (qui reconnaît l’accessibilité d’un territoire) sera, lui, relancé avec « une nouvelle grille de critères, une refonte du processus de labellisation et une gouvernance renforcée autour de ce label ».

Afin de « capitaliser sur la dynamique des Jeux Olympiques »  de Paris, un guide de bonnes pratiques à l’attention des collectivités sera également publié pour les « inciter à accueillir des grands événements sportifs ».

À noter également le lancement, à Mayotte, d’un plan pour faire du tourisme « un levier de reconstruction et de développement ».

Conférence de financement 

Côté finances, une « conférence de financement de l’économie du tourisme »  se tiendra « d’ici fin 2025 », le secteur du tourisme ayant « besoin de réaliser des investissements qui nécessitent de trouver de nouvelles modalités de financement ».

Celle-ci réunira « l’ensemble des acteurs qui participent à la vie économique du secteur »  avec notamment « les opérateurs-exploitants, les acteurs du financement (privés et publics, fonds propres et dette), les fédérations professionnelles ainsi que les représentants des collectivités territoriales ».

Rappelant que « les efforts budgétaires inédits que nous devons consentir limitent le recours à l’argent public », François Bayrou a souligné que « l’investissement privé et la simplification constituent d’autres stimulants ».

Par ailleurs, des prêts spécifiques de Bpifrance et de la Banque des Territoires seront proposés aux entreprises et au secteur en général. On peut notamment citer la mise en place d’un prêt « Patrimoine »  (qui pourra financer des projets situés au sein de sites patrimoniaux, ainsi que ceux inscrits ou classés au titre des monuments historiques) et d’un prêt « Tourisme »  qui permettra de financer les projets visant à « accompagner la transformation des infrastructures touristiques confrontés aux défis du changement climatique »  (notamment sur des territoires en zone littorale, de montagne ou d’Outre-mer). 

Prônant des ambitions vertes, le gouvernement souhaite aussi instaurer un indicateur d'empreinte carbone du secteur du tourisme, afin de faire en 2030 de la France « la première destination de tourisme durable du monde », alors que le secteur est souvent critiqué comme peu vertueux dans ce domaine. Cet indicateur sera publié « avant la fin de l'année »  et « servira de fondement au lancement d'une stratégie de décarbonation du secteur en 2026 », selon le ministère du Tourisme.
 

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