Édition du mercredi 18 novembre 2015
Les attentats de Paris bouleversent les enjeux des élections régionales
Après le choc des attentats, la campagne des régionales est entre parenthèses à trois semaines du premier tour et l'ampleur du drame balaie les enjeux régionaux du scrutin au profit de la sécurité ou de la crise des migrants.
Les élections doivent se dérouler aux dates prévues, les 6 et 13 décembre. François Hollande l'a martelé lundi devant le Congrès : « Les rythmes de notre démocratie ne sont pas soumis au chantage des terroristes ».
Le maintien de l'élection, qui n'intéressait guère les Français, devient d'un coup un acte de résistance à la « barbarie ». Sans que l'on sache qu'elle sera l'influence des attentats sur les électeurs et l'issue du scrutin.
« Le logiciel n'est plus le même. On n'est plus tout à fait dans la même France qu'il y a trois jours », relève Emmanuel Rivière, directeur stratégie opinion à TNS-Sofres. Lors des attentats de janvier, des symboles avaient été attaqués. « Là, ce n'est plus la République ou les valeurs qui sont attaquées, mais la population. On passe d'un moment de communion nationale - Nous sommes Charlie - à Nous sommes la France, analyse Jérôme Fourquet du département opinion de l'Ifop. On change de registre et de réaction ».
Seule certitude pour les spécialistes, le contexte national pèsera lourdement sur le scrutin. La prudence prévaut en revanche sur les conséquences des attentats sur l'élection.
« A la veille des régionales, on sera encore dans les développements de cette affaire », souligne Jérôme Fourquet, selon qui, « il est trop tôt pour savoir si l'on va vers un sursaut civique » qui se traduirait par une plus forte participation.
Le Front national « ne devrait pas pâtir, bien au contraire, de cette séquence », estime-t-il. Certains éléments liés aux attentats, comme la menace islamiste, la crise des migrants, la nécessité de contrôler les frontières, « vont amener de l'eau à son moulin ».
Inversement, la gravité de la situation peut aussi jouer en faveur de la gauche et du Parti socialiste, si l'exécutif montre qu'il prend le problème à bras-le-corps et des mesures fortes, soulignent les experts. Quant aux Républicains, qui peuvent espérer l'emporter dans une majorité de régions, ils vont devoir naviguer entre la critique de la majorité et le nécessaire soutien à l'exécutif.
Côté campagne, après trois jours de deuil national en hommage aux 129 victimes, la reprise s'annonce très progressive et peu de meetings se tiendront avant le début lundi de la campagne officielle.
Les deux premiers rassemblements auxquels Manuel Valls devait participer jeudi et vendredi pour soutenir les listes PS, à la peine pour ces régionales, ont été annulés. Au siège du PS, on précise qu'il n'est pas envisagé de reprendre la campagne avant lundi. Même chose chez Les Républicains, où l'on indique que la reprise se fera « progressivement, après la période de deuil national ».
Donnée largement en tête au premier tour en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, la présidente du FN, Marine Le Pen, entend elle-même reprendre « progressivement » sa campagne et ses meetings programmés ces prochains jours sont annulés.
Sur le terrain, les candidats sont souvent désorientés. « Vu l'ampleur du choc causé vendredi soir, il y a un effet de souffle qui va tout balayer et recouvrir les enjeux locaux et régionaux », note Jérôme Fourquet.
L'état d'urgence en vigueur devrait entraîner un renforcement de la sécurité de milliers de bureaux de vote le jour du scrutin et dramatiser encore l'élection.
« Comment on reprend ? Nous avons y compris un souci matériel, tous les documents ont déjà été faits et sont complètement décalés », constate Eric Coquerel du Parti de Gauche. Les photos des candidats tout sourire sur les affiches et les tracts ne collent plus guère à la situation. (Afp)
Les élections doivent se dérouler aux dates prévues, les 6 et 13 décembre. François Hollande l'a martelé lundi devant le Congrès : « Les rythmes de notre démocratie ne sont pas soumis au chantage des terroristes ».
Le maintien de l'élection, qui n'intéressait guère les Français, devient d'un coup un acte de résistance à la « barbarie ». Sans que l'on sache qu'elle sera l'influence des attentats sur les électeurs et l'issue du scrutin.
« Le logiciel n'est plus le même. On n'est plus tout à fait dans la même France qu'il y a trois jours », relève Emmanuel Rivière, directeur stratégie opinion à TNS-Sofres. Lors des attentats de janvier, des symboles avaient été attaqués. « Là, ce n'est plus la République ou les valeurs qui sont attaquées, mais la population. On passe d'un moment de communion nationale - Nous sommes Charlie - à Nous sommes la France, analyse Jérôme Fourquet du département opinion de l'Ifop. On change de registre et de réaction ».
Seule certitude pour les spécialistes, le contexte national pèsera lourdement sur le scrutin. La prudence prévaut en revanche sur les conséquences des attentats sur l'élection.
« A la veille des régionales, on sera encore dans les développements de cette affaire », souligne Jérôme Fourquet, selon qui, « il est trop tôt pour savoir si l'on va vers un sursaut civique » qui se traduirait par une plus forte participation.
Le Front national « ne devrait pas pâtir, bien au contraire, de cette séquence », estime-t-il. Certains éléments liés aux attentats, comme la menace islamiste, la crise des migrants, la nécessité de contrôler les frontières, « vont amener de l'eau à son moulin ».
Inversement, la gravité de la situation peut aussi jouer en faveur de la gauche et du Parti socialiste, si l'exécutif montre qu'il prend le problème à bras-le-corps et des mesures fortes, soulignent les experts. Quant aux Républicains, qui peuvent espérer l'emporter dans une majorité de régions, ils vont devoir naviguer entre la critique de la majorité et le nécessaire soutien à l'exécutif.
Côté campagne, après trois jours de deuil national en hommage aux 129 victimes, la reprise s'annonce très progressive et peu de meetings se tiendront avant le début lundi de la campagne officielle.
Les deux premiers rassemblements auxquels Manuel Valls devait participer jeudi et vendredi pour soutenir les listes PS, à la peine pour ces régionales, ont été annulés. Au siège du PS, on précise qu'il n'est pas envisagé de reprendre la campagne avant lundi. Même chose chez Les Républicains, où l'on indique que la reprise se fera « progressivement, après la période de deuil national ».
Donnée largement en tête au premier tour en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, la présidente du FN, Marine Le Pen, entend elle-même reprendre « progressivement » sa campagne et ses meetings programmés ces prochains jours sont annulés.
Sur le terrain, les candidats sont souvent désorientés. « Vu l'ampleur du choc causé vendredi soir, il y a un effet de souffle qui va tout balayer et recouvrir les enjeux locaux et régionaux », note Jérôme Fourquet.
L'état d'urgence en vigueur devrait entraîner un renforcement de la sécurité de milliers de bureaux de vote le jour du scrutin et dramatiser encore l'élection.
« Comment on reprend ? Nous avons y compris un souci matériel, tous les documents ont déjà été faits et sont complètement décalés », constate Eric Coquerel du Parti de Gauche. Les photos des candidats tout sourire sur les affiches et les tracts ne collent plus guère à la situation. (Afp)
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