Tempête Ciarán : les territoires anticipent l'arrivée de très fortes rafales mercredi soir
Par Lucile Bonnin
« L’arrivée de la tempête Ciarán sur le quart nord-ouest du pays mercredi soir se confirme » , peut-on lire sur la page vigilance.météofrance.fr. La dépression nommée Ciarán par les services météorologiques britanniques, arrivera de la Manche et touchera donc en premier lieu la Bretagne, avec des rafales pouvant aller jusqu’à plus de 150 km/h sur les côtes et 120 km/h dans les terres. En effet, comme l’indique la Chaîne météo, « depuis plusieurs jours, le contexte est fortement dépressionnaire sur la France » et cette présence de « basses pressions en surface et d'un puissant courant-jet (vent en altitude) présentent un risque assez élevé de tempête sur le nord et l'ouest ».
Si les prévisions restent pour le moment instables, il est cependant attendu « dans la nuit de mercredi à jeudi, avec l'entrée de la dépression sur le bassin de la Manche, des vents à près de 100 km/h » qui « se généraliseront à tout l'ouest et au nord du pays. En bord de mer, les rafales seront plus violentes et pourront frôler les 120 à 140 km/h avec un risque 20 % supérieur sur les caps, côtes et îles exposées » . C'est donc une violente tempête qui est attendue jusqu'à jeudi.
Contexte inquiétant
« Les maires sont suspendus aux prévisions de Météo France », explique à Maire info Loïc Raoult, maire de Plourhan (Côtes-d’Armor) et jusqu’à tout récemment président de l’association départementale des maires des Côtes-d’Armor. Le département des Côtes-d’Armor sera particulièrement touché par des rafales autour de 120 km/h dans les terres et pouvant atteindre 160 km/h sur le littoral, selon les prévisions.
L’inquiétude est d’autant plus grande dans les territoires concernés que de nombreux météorologues ont rapidement fait le parallèle avec les fameuses tempêtes Lothar et Martin de décembre 1999, aussi appelées « tempêtes du siècle » . Le météorologue Yann Amice, par exemple, explique sur Actu.fr ce parallèle : « Un creusement dépressionnaire en dessous des 960 hectopascals, ce qui est extrêmement creux et ressemble à la tempête Lothar, en décembre 1999, se dessine, centré sur le sud des îles Britanniques. Cela s’apparente à une véritable bombe. » Mais les avis divergent. Selon l’Observatoire français des orages et tornades (Keraunos), « les valeurs de vent n’ont rien à voir avec les tempêtes de 1999 dans les terres ». En 1999 par exemple, un vent de 169 km/h avait ainsi été mesuré à Paris alors qu’aujourd’hui – pour l’instant – les plus fortes rafales dans les terres sont annoncées autour des 120 km/h.
Reste que, en attendant, les élus sont inquiets. En Bretagne, c’est aussi le souvenir de la tempête de 1987 qui pèse, comme le raconte Loïc Raoult. Cette tempête exceptionnelle avait même été qualifiée d’ouragan et l'état de catastrophe naturelle avait été déclaré pour les quatre départements bretons ainsi que pour la Loire-Atlantique, le Calvados et la Manche. Sans parler directement de traumatisme, le maire de Plourhan évoque des « souvenirs forts » qui font craindre le pire dans ces territoires.
Des recommandations
Cependant, il faut rappeler que depuis 1987 et 1999, les moyens mis en place pour faire face aux catastrophes écologiques et à leur anticipation et prise en charge ont évolué. La gestion des risques liées aux tempêtes a évolué en 24 ans. L’exemple de la préfecture du Finistère montre que la tempête est anticipée dans les territoires. Un appel à la prudence a été diffusé par la préfecture indiquant que « le préfet du Finistère a d'ores et déjà informé les maires pour qu'ils puissent se mettre en posture de pré-alerte et l'ensemble des services de l'État sont mobilisés pour anticiper la gestion des potentiels impacts de la tempête. Le Centre opérationnel départemental (COD) sera activé afin de coordonner l'action de l'ensemble des acteurs ». Du côté des Côtes-d’Armor, la préfecture a également communiqué sur les sujets avec les maires qui ont par ailleurs reçu un avis de la protection civile, comme l’indique Loïc Raoult.
« Au niveau de la mairie, nous devons avant tout mettre à l’abri à la fois nos populations et les équipements mobiles qui peuvent s’envoler et faire des dégâts. Il faut veiller à ce que les équipes techniques soient mobilisables tout comme le matériel d’intervention. Surtout, les maires font en ce moment de la prévention et de la communication. Il faudra éviter de se déplacer, surtout au niveau des communes côtières. De nombreux maires utilisent leurs canaux de communication (réseaux sociaux) pour cela ou des sites d’alerte dédiés ». La commune de Plourhan a par exemple une application pour envoyer des alertes aux citoyens en cas d’alerte météo, d’incident, de travaux, de coupures d’électricité, etc.
Pour le maire de Percy-en-Normandie et président de l'Association des maires de la Manche, Charly Varin, la communication est bel et bien la première des priorités pour les maires : « Dans la commune, nous veillons par exemple à demander aux habitants de rentrer leurs mobiliers de jardins ou trampolines. Nous allons également vérifier les canivaux d'eaux pluviales car nous avons déjà connu des problèmes d'inondation par ruissellement. Nous anticipons aussi des éventuelles coupures d'électricité et tenons une liste des personnes vulnérables. Il faut aussi penser à un hébergement d'urgence en cas de besoin. Nous sommes à plus de 30 km de la côte mais nous attendons pourtant des vents pouvant aller jusqu'à 130 km/h » , explique le maire, très inquiet des possibles conséquences de cette tempête.
Les élus doivent penser à tous les détails pour redoubler de prudence. Pour Loïc Raoult, il serait par exemple préférable de « décaler » la célébration de la Toussaint dans les cimetières car les pots de fleurs ou autres offrandes peuvent représenter une menace en cas de forts vents. Les communes côtières ont aussi des responsabilités supplémentaires et doivent, par exemple, veiller à ce que les amarres soient bien accrochées dans les ports.
Il faut aussi prendre en compte le fait que cette tempête intervient assez tôt dans la saison et que par conséquent, « les arbres ont encore leurs feuilles et offrent une grosse prise au vent, il pourrait donc y avoir non seulement des chutes de branches mais également éventuellement des chutes d'arbres », met en garde François Gourand, météorologue pour Météo France. Les promenades en forêt sont évidemment proscrites. Le maire de Loudéac a par exemple pris un arrêté municipal interdisant l’accès à « certains lieux densément arborés », du mercredi 1er novembre à 20 h, au jeudi 2 novembre à 22 h.
D’autres mesures risquent d’être prises en fonction de l’évolution de la situation. En plus de la Corse, le Finistère, le Morbihan et les Côtes-d'Armor ont été placés en vigilance orange pour vents violents à partir de mercredi. D'autres départements vont être concernés. Selon Météo France, « l’évacuation de la tempête Ciarán aura lieu en cours de la journée de jeudi ».
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