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Édition du lundi 9 décembre 2024
Sécurité

Une étude pointe une évolution défavorable de la délinquance dans les quartiers

Dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et dans les quartiers de reconquête républicaine (QRR), la délinquance est de plus en plus fréquente. C'est ce que pointe une étude statistique publiée récemment par le ministère de l'Intérieur.

Par Lucile Bonnin

La délinquance est plus importante dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et dans les quartiers de reconquête républicaine (QRR) qu'ailleurs. Entre 2022 et 2023, la délinquance enregistrée se concentre encore un peu plus dans ces derniers, et les habitants de ces quartiers sont surreprésentés parmi les personnes mises en cause.

Aujourd’hui, on compte parmi tous les départements français 1 466 QPV abritant « 5,7 millions d’habitants ; soit environ 8,4 % de la population totale » , peut-on lire dans une étude statistique publiée sur le site du ministère de l’Intérieur.  « Cette proportion est plus élevée dans les DROM (hors Mayotte) : environ 19 % de leurs habitants vivent dans un QPV, soit 361 000 habitants (avec de fortes variations entre les départements concernés) » 

Enfin, les QRR, qui sont 60 en France et qui « recoupent voire englobent souvent des QPV »  abritent 1,5 million d’habitants soit environ 2,2 % de la population totale. « Ces quartiers sont des zones spécifiquement identifiées par le ministère de l’intérieur afin d’y renforcer l’action de la police, de la gendarmerie et des acteurs locaux de la sécurité », rappelle l’étude.

Au sein de ces quartiers, « l’évolution de la délinquance enregistrée est moins favorable dans les unités urbaines qui les entourent, signe d’un mouvement de concentration de la délinquance vers ces quartiers. » 

Violence exacerbée 

Il ressort essentiellement de cette étude que l’on recense moins de vols mais plus de violences dans les QPV que dans les territoires comparables. Dans les QRR, seuls les cambriolages de logement sont moins fréquents dans ces quartiers que dans les autres territoires. 

« En 2023, les taux moyens par habitant de vols sans violence, de vols dans ou sur les véhicules et de cambriolages dans les QPV (respectivement de 9,2, 5,0 et 1,9 ‰) sont de 1,8 à 4,2 points inférieurs aux taux moyens observés dans les unités urbaines les englobant », soulignent les auteurs de l’étude. Malgré cela, la délinquance ne cesse d’augmenter ces dernières années.

Concrètement, « les taux observés dans les QPV pour les coups et blessures volontaires intrafamiliaux (4,5 %), ceux en dehors du cadre familial (3,1 %) ou les vols violents sans arme (1,6 %) sont de 0,4 à 1,6 points supérieurs aux taux correspondants dans les unités urbaines les englobant. » 

Dans les QRR, le nombre d’infractions enregistrées par les services de police et de gendarmerie est plus élevé que dans les unités urbaines à côté de ces quartiers sensibles. « Ce taux est maximal dans les QRR pour les vols sans violence contre des personnes (17,3 %), dépassant de 1,4 point celui de leurs voisins. S’agissant des vols de véhicule (3,1 %), des violences sexuelles (1,8 %) ou des vols avec armes (0,3 %), les taux moyens sont proches entre les deux types de zones géographiques (…). »  L’étude met en lumière la montée de la violence dans ces zones puisque, par exemple, « les coups et blessures volontaires intrafamiliaux (4,3 % dans les QRR) et en dehors du cadre familial (3,7 ‰) : pour l’une et l’autre de ces atteintes, il y a 1,5 crime et délit supplémentaire pour 1 000 habitants dans les QRR par rapport aux territoires avoisinants. » 

L’étude souligne par ailleurs « un mouvement de concentration de la délinquance vers ces quartiers entre 2022 et 2023. »  Pendant cette période précise, dans les QPV notamment, les homicides ont augmenté de 35 %, les vols avec armes de 33 %, les violences sexuelles de 13 % et les coups et blessures volontaires intrafamiliaux de 8 %. A partir de cette typologie de crimes et délits enregistrés durant cette période, on peut déduire que la montée de la délinquance ne peut pas être appréhendée comme un fait isolé. Les émeutes du 27 juin au 7 juillet 2023 qui ont été caractérisées par un déferlement de violences dans les banlieues, ne suffisent pas par exemple à expliquer l’augmentation des faits violents ces dernières années. 

Surreprésentation des habitants dans les mises en cause

« En 2023, pour toutes les formes de délinquance considérées ici, le nombre de personnes mises en cause pour 10 000 habitants est plus élevé dans les QPV et les QRR que dans les autres territoires des unités urbaines qui les englobent » , indiquent les statisticiens. 

En effet, en moyenne, on compte 12,5 mis en cause pour 10 000 habitants dans les QPV et 11,9 pour 10 000 habitants dans les QRR contre 6,5 et 6,2 dans leurs unités urbaines englobantes. Cette surreprésentation, en comparaison avec les autres territoires, notamment dans les unités urbaines de plus de 10 000 habitants, « est maximale pour les vols violents, avec ou sans arme et les homicides ».

Enfin, « par rapport aux unités urbaines abritant ces quartiers, ce taux y est également 1,7 à 2,1 fois plus élevé pour les coups et blessures volontaires intrafamiliaux, les cambriolages de logement, les coups et blessures volontaires en dehors du cadre familial, les vols sans violence contre des personnes, les vols liés aux véhicules. Concernant les violences sexuelles, l’écart est moins marqué que pour les autres types d’atteintes : le nombre de personnes mises en cause pour 10 000 habitants dans les QPV ou dans les QRR est entre 1,5 et 1,6 fois plus important qu’ailleurs. » 

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