Insécurité et délinquance : une hausse des crimes et délits en 2022
Par Lucile Bonnin
Selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur, tous les indicateurs de la délinquance sont en hausse en ce qui concerne l’année 2022. Le bilan provisoire du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) publié hier donne à voir « une première photographie » des crimes et délits commis, et surtout recensés, l’année dernière.
Homicides, coups et blessures volontaires, violences sexuelles, usages et trafic de stupéfiants, violences intrafamiliales, vols, cambriolages… Les résultats montrent une hausse de tous ces délits et crimes même si un délai supplémentaire devra être observé pour compléter ce premier bilan 2022.
Un contexte post-covid à prendre en compte
Au sortir de la crise sanitaire, la quasi-totalité des crimes et délits en France et outre-mer semble avoir augmenté. Cette augmentation généralisée, même si elle est à prendre au sérieux, doit cependant être mise en perspective avec les années précédentes qui ont été particulièrement marquées par des confinements d’abord, puis par des couvre-feu.
Le bilan sur l’insécurité et la délinquance de l’année 2020 a été marqué par une baisse des homicides et des vols et une hausse des violences familles par exemple. Comme l’expliquait Maire info en 2021, certaines formes de délits et crimes comme les cambriolages ont connu de très nets reculs dus aux mesures de confinement et de couvre-feux.
Aujourd’hui, ces nouveaux chiffres qui dressent cette « première photographie » de l’insécurité en 2022, de nombreux indicateurs repartent à la hausse. C’est le cas typiquement des vols : « Après une stabilité en 2021 et une très forte baisse en 2020 (…), les cambriolages de logements (+ 11 %) et les vols de véhicules (+ 9 %) augmentent nettement en 2022. Les vols sans violence contre des personnes, les vols dans les véhicules et les vols d’accessoires sur véhicules, qui s’étaient déjà accrus en 2021, augmentent fortement en 2022 (respectivement + 14 %, + 9 % et + 30 %). »
Violences intrafamiliales et violences sexuelles
L'un des éléments les plus marquants de ce rapport est le chapitre consacré aux violences intrafamiliales, aux victimes de coups et blessures volontaires et aux violences sexuelles enregistrées.Le bilan de 2020 pointait d’ores et déjà une progression du nombre de victimes de violences intrafamiliales pendant le premier confinement (+ 5 %). Deux ans plus tard, « parmi les victimes de coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus, le nombre de victimes de violences intrafamiliales enregistrées continue de s’accroître fortement en 2022 (+ 17 %) après des hausses très marquées les quatre années précédentes (+ 14 % en 2021, + 10 % en 2020, + 14 % en 2019, + 9 % en 2018). »
Pour le ministère de l’Intérieur, ces hausses des plaintes et des déclarations de la part des victimes seraient le résultat « d’un effet positif du Grenelle des violences conjugales » et de l’amélioration de la politique d’accueil des victimes par les services de sécurité.
Autre statistique inquiétante : le nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées connaît une « très nette augmentation » (+ 11 % en 2022, après +33 % en 2021). Les indicateurs de la délinquance enregistrée par la police et la gendarmerie montrent qu’en 2022 38 400 viols et tentatives de viols ont été enregistrés et 46 100 agressions sexuelles (y compris harcèlement sexuel).
Le SSMSI précise que « les victimes de violences sexuelles, qu’elles soient conjugales ou commises en dehors du cadre familial, sont peu identifiées au travers des plaintes enregistrées par les services de sécurité. En effet, d’après l’enquête Genese, en 2020, un peu plus d’une victime de violences sexuelles conjugales sur sept (15 %) et un peu moins d’une victime de violences sexuelles hors cadre familial sur dix (9 %) a déposé plainte dans un commissariat ou une brigade de gendarmerie. »
Des contrastes selon les territoires
Les données varient selon les départements et certains contrastes sont mis en avant dans la publication. Par exemple, sur les statistiques liées aux vols, il est pointé que les « vols avec armes enregistrés en 2022 évoluent de manière contrastée selon les régions de commission, notamment en Outre-mer. » La Guyane, Mayotte, la Guadeloupe et la Martinique enregistrent un nombre de vols avec armes par habitant bien supérieur à la moyenne nationale.
Autre analyse territoriale : la baisse à l'échelle nationale (- 4 %) des vols violents sans arme relevée en 2022 s’explique presque totalement par « les baisses constatées à Paris et en Seine-Saint-Denis, respectivement de 11 % et 14 %. »
La différence la plus marquée des indicateurs de délinquance enregistrés entre les différents départements concerne le nombre de mis en cause pour usage et trafic de stupéfiants entre 2021 et 2022.
Concernant l’usage de stupéfiants, le nombre de mis en cause a augmenté largement en 2022 (+ 13 %), « après la très forte hausse (+ 38 %) de 2021. » Si l’on regarde la répartition géographique de ces mis en cause, on remarque que d’un territoire à l’autre, la variation relative du nombre de mis en cause pour la consommation de drogues varie entre des taux supérieurs à 22,8 % (en Dordogne par exemple) et des taux inférieurs à - 22,8 % (dans la Creuse, en Corrèze ou encore dans le Tarn-et-Garonne).
Pour le trafic de stupéfiants, le service du ministère explique que « la hausse nationale du nombre de mis en cause pour trafic de stupéfiants (+ 4 %) masque un recul dans de nombreux départements. » En effet, le nombre de personnes mises en cause baisse dans 41 départements mais augmente de façon marquée dans six départements : Corse-du-Sud, Alpes-de-Hautes-Provence, Meuse, Tarn, Haute-Saône et Guyane. Les hausses enregistrées à Paris, dans l’Essonne et dans le Rhône contribuent aussi à cette hausse nationale globale.
Télécharger le bilan du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI).
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Suspension du jour de carence pour covid-19 : c'est fini
Sdis : le rapport de l'IGA explore les pistes de financements nouveaux
Zéro artificialisation nette : pluie d'avis et de préconisations pour passer à l'action
Outre-mer : la Cour des comptes souhaite revoir le statut de Wallis-et-Futuna