Édition du vendredi 26 septembre 2003
Surmortalité d'août 2003: 14 802 morts
La catastrophe sanitaire et sociale liée à la canicule a fait, au mois d'août dernier, 14 802 morts, surtout des personnes âgées et des femmes, ont révélé jeudi les deux experts de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), confirmant dans un rapport une surmortalité particulièrement aiguë dans les régions Centre et Ile-de-France.
Le rapport, qui a été remis au ministre de la Santé, Jean-François Mattei, a analysé la situation sur l'ensemble du mois d'août: il a observé une "élévation majeure et brutale" de la surmortalité globale (+60 %), entre le 1er et le 20 août, date d'un retour constaté à une mortalité normale.
Cette surmortalité a été de 70 % chez les 75 ans et plus mais aussi "très importante" (+30 %) dans "toutes les classes d'âges comprises entre 45 et 74 ans". De plus, elle a touché d'avantage les femmes (+60 %) que les hommes (+40 %), un point que les chercheurs entendent "éclaircir".
La région Centre a connu une augmentation de 100 % de sa mortalité et l'Ile-de-France de 130 %. Ce chiffre cache des disparités entre Paris (+127 %) et sa couronne, où le Val-de-Marne culmine à +171 %.
Cette canicule est un "phénomène climatique sans précédent dans un pays développé" par "sa durée, son étendue territoriale et la surmortalité engendrée", a souligné Denis Hémon, co-auteur du rapport avec Eric Jougla, la comparant aux autres épisodes caniculaires en France (1976 et 1983) ou des 9 autres répertoriés à l'étranger.
Parmi les points mis en exergue par les deux chercheurs de l'Inserm , figure "l'incroyable simultanéité" entre les températures élevées et la hausse de la mortalité et son corollaire, la régression des températures et la chute de la surmortalité.
Les documents fournis par l'Inserm retracent le déroulement de la crise: le 6 août, on dénombre environ 700 décès supplémentaires. C'est la date des premières remontées d'informations dans les administrations centrales mais aucune communication n'est lancée.
Ce qui fait dire à la mission d'information parlementaire - qui a publié mercredi son rapport - que "si le drame a été assez vite détecté, il n'a pas été perçu immédiatement par la plupart des responsables administratifs comme une crise majeure".c=ht
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