Édition du mardi 28 novembre 2000
Stockage des farines animales : les maires déplorent un manque de consultation
Le stockage des farines et graisses animales se déroule pour le moment sans difficulté majeure mais certains maires, dont les communes vont devoir accueillir ces encombrants déchets, regrettent de n'avoir pas été consultés, selon l’AFP.
"J'ai appris par la presse que ma commune avait été recensée parmi les sites potentiels », s'insurge Paul Chaineau, maire de Craon (Mayenne), qui assure que si sa ville était retenue "il n'en prendrait pas la responsabilité, n'ayant pas été consulté".
Le maire de Plestan (Côtes d'Armor) dit, lui, avoir été prévenu lundi dernier par le sous-préfet que des farines arrivaient le jour même pour être entreposées dans une fabrique, dont les riverains, opposés à l'installation d'une usine polluante, avaient précédemment obtenu la fermeture.
"Un certain nombre de maires s'inquiètent alors que les sites ont été visités mais n’ont pas été retenus", a expliqué lundi à l'AFP le préfet Jean-Paul Proust, chargé de coordonner le dispositif d'élimination de ces produits (un million de tonnes par an). "Les préfets ont d'ailleurs reçu ce week-end un cahier des charges" auquel ils doivent se conformer pour le choix des sites, a-t-il déclaré.
"La plupart des sites de stockages retenus se trouvent dans des zones industrielles et éloignées des zones d'habitation", a insisté Jean-Paul Proust ajoutant que ces "farines ne sont pas un produit dangereux et qu’il n'y a aucune obligation d'informer les maires, même si on recommande au préfet de le faire. Il s'agit de contrats commerciaux que nous passons avec des professionnels du stockage".
Le choix des sites n'a pas été totalement arrêté. Dans le Nord, une décision devrait être prise "vraisemblablement cette semaine".
Dans le Grand Ouest, qui représente plus de la moitié de la production des farines carnées, les zones de production ne correspondent pas toujours aux zones de stockage. Une quinzaine de sites ont été recensés, d'une capacité totale de 300 000 tonnes. Cinq autres sont à l'étude dans les Côtes d'Armor.
Les graisses animales, devant être stockées dans des cuves réchauffables, devraient, pour cette région, être acheminées sur des sites pétroliers de Seine-Maritime. Le surplus sera peut-être orienté vers Dunkerque ou placé dans des wagons et des pétroliers, a indiqué Claude Guéant, préfet de la région Bretagne.
Dans l'Est (18 départements), le déficit de capacité pour les farines est estimé à 1 200 tonnes par semaine. Onze sites potentiels ont été recensés. Selon la préfecture de Metz, les 950 tonnes de graisses animales produites dans cette région peuvent être détruites sur place sans problème.
Dans le Sud-Ouest (20 départements), les 800 tonnes de farines carnées produites par semaine seront stockées dans une briqueterie des Deux-Sèvres. Les 850 tonnes de graisses, provenant surtout de palmipèdes, sont acheminées depuis vendredi vers les docks de pétrole d'Ambès (Bayon-sur-Gironde). L'autonomie n'y étant que de 15 jours, un autre site est envisagé à Melle (Deux-Sèvres).
"Nous constatons une très grande improvisation et une impréparation complète des décisions", déplore Gilles Huet, délégué général de l'association écologiste Eaux et rivères de Bretagne. "Ces sites ne présentent pas toutes les garanties au regard de la protection de l'environnement et de la protection de la santé publique", assure-t-il.
Maire de La Chèze (Côtes d'Armor), Eugène Besnard dit son incompréhension devant le choix d'un hangar de son village pour le stockage des farines. "Il est ouvert à tous les vents, l'eau rentre dedans, c'est invraisemblable qu'il ait pu être sélectionné".
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