Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 21 octobre 2022
Sports

Le « sport-santé », un concept encore trop flou selon les élus locaux

L'association nationale des élus en charge du sport (Andes) a initié un sondage portant sur les politiques locales sport-santé. Cette étude, dévoilée la semaine dernière, montre que si le sport-santé est un concept peu connu des élus locaux.

Par Lucile Bonnin

Le sport-santé est le cheval de bataille du gouvernement depuis maintenant plusieurs années. Mais le pays a du retard en la matière, selon une étude de l’Andes qui a été menée sur les politiques municipales sport-santé en Europe. Le constat est le suivant : « Face à la multitude d’acteurs et de confusion entre le sport santé sur ordonnance et le sport santé sans ordonnance, assimilé au bien-être, bon nombre de collectivités locales éprouvent des difficultés à se lancer dans ce domaine. » 

L’Andes a décidé de mener une enquête auprès des décideurs locaux pour identifier leurs besoins et attentes en la matière. Ces « 421 retours »  permettent de mieux comprendre ce qui freine certaines collectivités dans la mise en place d’une politique sport-santé.  

Les actions dans les territoires 

Selon le sondage, 70 % des communes n’aurait pas de dispositif sport-santé sur ordonnance. Pour rappel, le dispositif sport-santé sur ordonnance est destiné aux personnes souffrant d’affections longue durée (ALD), telles que les maladies chroniques et de limitations fonctionnelles légères ou modérées. Ce dispositif n'est pas financé par la Sécurité sociale. Par conséquent, les communes qui mettent en place le dispositif le financent à 100 %, ce qui peut expliquer ce manque d'investissement. Concernant les actions de sport-santé sans ordonnance, 62 % des communes en ont mis en place notamment pour les séniors. 

On remarque que beaucoup de villes n’ont pas encore de dispositif sport-santé, notamment « sur ordonnance » . 58 % des répondants expliquent que cette absence d’actions sport-santé est due à une méconnaissance du sujet et 40 % à un manque de moyens financiers. 

83 % des répondants disent ignorer l’existence d’un dispositif institutionnel (régional) sport-santé sur ordonnance et 78 % d’entre eux ne savent pas quelles actions il est possible de mettre en place dans ce cadre. 

Communication et coordination

Ces quelques réponses témoignent des difficultés que rencontrent les décideurs locaux face au concept de sport-santé.  La communication autour de ce concept est le premier élément pointé du doigt. Une large majorité des sondés affirme une méconnaissance du sujet sport-santé, sans idée précise de ce qu’implique ce concept : « Le sport santé est une jungle où les élus sont sans boussole », témoigne un sondé. 

« Les élus locaux ont notamment besoin de comprendre et de se former sur l’articulation et le fonctionnement des dispositifs, avec une crainte de la complexité du dispositif, indiquent les auteurs de l’étude, et ont une attente forte sur la communication et l’information de la part de l’État et des Agences régionales de santé (ARS). » 

Les acteurs interrogés soulignent aussi des « difficultés de coordination entre les différents acteurs concernés par le sport-santé »  et certains proposent d’ « améliorer la lisibilité des dispositifs auprès des médecins et du public, [de] développer des outils de communication spécifiques, [et de] développer des aides financières (exemple : maison sport santé...) pour le développement des dispositifs. » 

Moyens humains et financiers 

Il est aussi indiqué que, « sans surprise, le besoin et le manque de personnels formés pour encadrer les séances ainsi que l’absence de financement du dispositif sont prégnants. »  Un sondé explique que certaines communes aimeraient notamment accompagner le travail de leur Maison Sport-santé (MSS) en créant par exemple un service des Sports ou en développant des infrastructures dédiées au sport-santé, mais n’en n’ont pas les moyens. D’ailleurs, il est à noter que dès novembre prochain, l'objectif fixé il y a cinq ans par Laura Flessel, ancienne ministre des Sports, d’ouvrir 500 MSS sera atteint.

Deux autres obstacles ont été identifiés via ce sondage : l’inéquité territoriale des dispositifs au niveau départemental comme au niveau régional et le fait que le lancement du dispositif soit « souvent lié à la présence d’un chargé de mission pour la mise en œuvre opérationnelle du projet porté par la collectivité. » 
 

Télécharger l'étude de l'Andes. 

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