La crise sanitaire n'a pas altéré la pratique sportive des Français
Les Français de 2020 font jeu égal avec ceux de 2018. Malgré la crise sanitaire, 65 % des 15 ans et plus ont pratiqué au moins une activité sportive dans l’année écoulée : c’est seulement un point de moins qu’il y a deux ans, selon les résultats, dévoilés hier, du Baromètre national des pratiques sportives, un indicateur instauré en 2018 par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation prioritaire (Injep) et le ministère chargé des Sports et réalisé par le Crédoc.
Pourtant, le confinement printanier a, comme on pouvait s’y attendre, considérablement ralenti l’activité sportive des Français : un peu plus d’un sur deux (53 %) s’est exercé à au moins une activité pendant cette période (randonnée ou marche, footing et fitness ont été les trois activités les plus fréquentes) quand 38 % reconnaissent avoir diminué leur pratique pendant ces 55 jours (du 17 mars au 11 mai 2020). « La raison première de cette baisse tient aux restrictions imposées à certaines pratiques en raison des mesures sanitaires (fermetures d’équipements sportifs, ndlr) et au fait que les pratiques à domicile ne s’y substituent pas ou imparfaitement, analyse le Crédoc. En deuxième lieu, les facteurs psychologiques tels que l’envie et la motivation ont joué un rôle déterminant, plus encore au cours de cette période. »
Augmentation du temps d’écran
Résultat, cette diminution déclarée de l’activité physique, inégale selon les catégories sociodémographiques ou du lieu de résidence pendant le confinement (zones rurales ou urbaines), est « concomitante avec l’augmentation du temps d’écran, ajoute le Crédoc. Selon Santé publique France, six Français sur dix ont augmenté leur temps d’écran pendant cette première période de confinement, avec un temps moyen de 5 h par jour devant un écran et 6 h 30 par jour assis ». Les Français ont passé en moyenne 3 h 58 devant la télévision en 2020, soit dix-huit minutes de plus qu’en 2019, confirme l’étude TV annuelle publiée le 27 janvier par Médiamétrie, qui cumule la télévision linéaire et le replay. C'est pour lutter contre cette sédentarité que Michel Savin et 73 sénateurs ont déposé en février une proposition de loi visant à renforcer la pratique sportive durant le cursus scolaire et universitaire.
Randonnée, footing et fitness sur le podium, la natation plonge au classement
« Tous les Français ne se sont pas mis à la course à pied, constate, en résumé, le Crédoc. Comme toutes les autres disciplines, les trois activités sportives les plus pratiquées hors confinement et pendant le confinement - y compris la course à pied – enregistrent une baisse de pratique, même si cette baisse est moins prononcée pour la course à pied ».
Au classement général, « la marche/randonnée reste en tête, mais passe de 25 % à 17 %, suivie par le footing qui passe de 16 % à 13 %. La natation, à la suite à la fermeture des équipements sportifs, bassins et plages, recule de 10 points (de 13 % à 3 %) et cède la troisième place au fitness avec 9 % de pratique (contre 10 % avant confinement, soit une baisse peu significative) ».
16 % des Français ont bénéficié du sport sur ordonnance
Les sportifs amateurs ont, par ailleurs, adapté leur pratique aux restrictions. 2020 a consacré une pratique sportive autonome, sans partenaire et sans encadrement. Sa durée a baissé et le lieu d'exercice a changé. « Pendant le confinement les pratiquants se sont beaucoup exercés à domicile : 47 % des pratiquants indiquent avoir fait du sport notamment à la maison, contre 24 % pour la période hors confinement (et 18 % en 2018) (…) De même, la pratique en plein air en ville a progressé pendant le confinement pour atteindre 16 %, contre 12 % hors confinement et 11 % en 2018. 26 % ont pratiqué dans la nature, contre 36 % pour la période hors confinement ».
La ministre chargée des Sports, Roxana Maracineanu, a, enfin, insisté sur la montée en puissance du sport sur ordonnance introduit par loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016. « 16 % des Français interrogés auraient bénéficié d’une prescription médicale pour une pratique sportive, avec un taux plus élevé dans les groupes en moins bonne santé », s’est réjoui la ministre hier. 11 % l’ont obtenue par un médecin et 5 % disent l’avoir obtenue par un autre professionnel de la santé comme par exemple un ostéopathe ou encore un kinésithérapeute.
Pas de reprise du sport amateur « avant au moins un mois »
« Par ailleurs, l’étude montre qu’un actif en emploi sur cinq, environ, bénéficie d’une aide à la pratique sportive (qu’elle soit pécuniaire ou logistique) par le biais de son entreprise. Le fait de bénéficier d’une telle aide agit également favorablement sur le niveau de pratique sportive », a conclu la ministre, qui a annoncé, en marge de la présentation de ce Baromètre, que le sport amateur ne redémarrera pas « avant au moins un mois », en écho aux propos d'Emmanuel Macron, qui a appelé à tenir « 4 à 6 semaines » avant de pouvoir desserrer certaines contraintes liées au coronavirus. « En fonction de l'évolution sanitaire, territoire par territoire [...] on pourra revenir à une pratique pour tous en intérieur et en extérieur avec peut-être un passage comme en novembre où les mineurs étaient privilégiés par rapport aux adultes », a-t-elle précisé.
Ces sujets seront ce mois-ci à l’ordre du jour du Parlement. La proposition de loi « visant à démocratiser le sport en France » , déposée par la députée de la majorité Céline Calvez (Hauts-de-Seine, La République en marche) devrait être débattue la semaine du 22 mars.
Ludovic Galtier
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2