30 minutes d'activité physique quotidienne à l'école : une généralisation « loin du satisfecit présidentiel »
Par Lucile Bonnin
Lancé à la rentrée 2020, le programme « 30 minutes d'activité physique quotidienne » est généralisé depuis septembre 2022 à l’ensemble des écoles primaires. Depuis, aucun état des lieux global de cette innovation n’a été fait – seule existe une étude dressant un état des lieux de la mise en place des 30 minutes d’APQ sur le territoire de l’académie de Créteil (lire Maire info du 12 décembre 2023).
Les sénatrices Béatrice Gosselin et Laure Darcos ont publié vendredi leur rapport d’information sur ce programme ambitieux mais visiblement loin d’être abouti à l’heure actuelle.
Déjà, le déploiement de ce dispositif dans toutes les écoles a été ralenti par sa présentation tardive et son manque de clarté. « Il a fallu attendre plus de 6 semaines pour qu’une note de service du ministère de l’Éducation nationale du 27 juillet 2022 publiée au cœur de l’été vienne traduire la déclaration présidentielle » , écrivent les rapporteures. Cette dernière, peu détaillée, n’a pas répondu aux interrogations « nombreuses » des enseignants. La partie commençait mal…
Taux de participation faible et mise en œuvre parcellaire
En avril 2024, le président de la République saluait la réussite de ce dispositif AQP, « évoquant plus de 90 % des élèves du primaire effectuant une demi-heure de sport par jour » . Dans la réalité, on en est loin : le rapport sénatorial relève que seules 42 % des écoles appliquent le dispositif pour la majorité de leurs élèves.
Ces chiffres décevants ne sont pas le résultat d’une mauvaise volonté des écoles et des équipes pédagogiques mais plutôt celui d’une faille organisationnelle. Par exemple, pour une mise en œuvre facilitée, chaque école devait recevoir un kit sportif cofinancé par le ministère des Sports et l’Agence nationale du sport, contenant du petit matériel sportif. Ce kit « devait être distribué à l’ensemble des écoles avant la fin de l’année 2023, puis en raison de retards de livraison avant la fin de l’année scolaire 2024 » . Cependant, « ce nouveau délai n’avait pas été respecté sur l’ensemble du territoire en raison des difficultés d’acheminement entre le lieu de stockage des kits au niveau académique ou de la circonscription et chaque école, mais aussi en raison de leur nombre insuffisant. »
La mission sénatoriale pointe aussi « la situation spécifique des regroupements pédagogiques intercommunaux (RPI) » qui a « été oubliée » : « Si d’un point de vue juridique, ils ne forment qu’une seule école, les sites d’un même RPI sont éloignés les uns des autres. Un seul kit pour l’ensemble du RPI diminue la portée du dispositif. »
Une politique publique à améliorer
Le rapport souligne l’ « absence regrettable d’une évaluation de santé publique » et des effets – question sur laquelle les enseignants sont très partagés. Pour plus de 51 % d’entre eux, les 30 minutes d’APQ n’ont aucun effet positif sur les élèves tandis que pour plus de 48 % ces pauses permettent « aux élèves de se reconcentrer et se remettre dans des conditions propices d’apprentissage ».
Pour que perdure ce dispositif « au-delà des Jeux olympiques et paralympiques » , et ce de manière plus efficiente, les sénatrices proposent dans un premier temps de le renommer « Pabe » pour « pauses actives et de bien-être ». L’objectif est d'éviter toute confusion entre APQ et EPS et de réaffirmer « sa vocation première : lutter contre la sédentarité ».
À peine une école sur quatre indique avoir été accompagnée à l’occasion de la mise en œuvre des 30 minutes d’APQ, notamment en ce qui concerne la formation des enseignants. La mission recommande par conséquent de veiller à un meilleur accompagnement de ces derniers en veillant à ce que, dans chaque école, une personne ait bénéficié d’une formation dédiée à l’APQ, présentant des mises en œuvre concrètes.
Les sénatrices identifient également l’aménagement des cours d’école comme un axe prioritaire « pour inciter les élèves à se dépenser pendant les récréations et les temps périscolaires. » Elles ajoutent que, à cet égard, « il est regrettable que les communes, actrices pourtant essentielles dans la mise en œuvre de ce dispositif du fait de leurs compétences en termes d’aménagement des cours et des salles de classe, mais aussi en tant que responsables du temps périscolaire, n’aient pas été associées et informées de ce dispositif ».
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