L'Andes étudie la gratuité des transports en commun pour une mobilité décarbonnée les jours de match
Par Lucile Bonnin
L’Association nationale des élus en charge du sport (Andes), vient de rendre publique sa contribution au Plan de sobriété du sport du gouvernement. En effet, lors de la publication de ce Plan en octobre dernier, l’Andes a été mandatée par le ministère des Sports pour réaliser une étude répondant à la mesure n°16 intitulée « Expérimenter, en lien avec les collectivités, la mise en place de la gratuité des transports en commun pour les détenteurs d’un billet d’un évènement de sport professionnel ».
Ce rapport a été remis officiellement à la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques il y a quelques jours à l’occasion de l’ouverture du Festival international des sports extrêmes (Fise). 80 % de l’empreinte carbone des grandes manifestations sportives étant lié aux déplacements des spectateurs et des supporters, Amélie Oudéa-Castera « a salué ce rapport, reconnaissant l’importance du report modal des spectateurs et supporters vers des transports bas-carbone ».
Gratuité des transports
Pour réaliser cette étude, l’Andes a recueilli auprès de collectivités des éléments quantitatifs et qualitatifs. « Il ressort de l’ensemble des questionnaires et des entretiens, que le premier objectif poursuivi est le report modal des supporters vers des modes de déplacement plus propres, notamment les transports en commun ; la gratuité étant à cet égard considérée comme un des leviers de ce report » , peut-on lire dans le document.
Actuellement, pour favoriser le report modal de la voiture vers les transports en commun les jours de match, 25 % des collectivités sondées pensent que la gratuité des transports ou une réduction des tarifs pour les supporters est une bonne solution. Les auteurs notent d’ailleurs que des mesures de gratuité sont à l’étude dans certaines collectivités en ce moment mais que, la gratuité n’est pas une option pour les collectivités ne disposant pas d’un maillage des transports en commun suffisant avec des flux significatifs ou pour celles avec un club professionnel à faible affluence.
L’étude ne précise toutefois pas ni le profil du répondant ni le niveau des 73 collectivités qui ont répondu à l’enquête, ce qui aurait permis de mieux comprendre les résultats. Et surtout rien n’est dit sur l’impact financier des recommandations pour les collectivités.
Le rapport insiste sur le fait que « l’usage varie selon le contexte (réalité du besoin, taille de la collectivité, affluence du match) » . Ainsi, chaque collectivité doit peser le pour et le contre car si les arguments en faveur de cette politique sont nombreux, l’Andes identifie quatre arguments contre : les « coûts élevés pour les acteurs en responsabilité » ; la « saturation des transports en commun » ; « les bénéfices réduits pour les spectateurs (augmentation durée du trajet/déplacement, manque de services) » et enfin « la latence du changement des habitudes ».
Mais le libre accès aux transports en commun les jours de match permet aussi d’améliorer l’accessibilité pour les personnes à faibles revenus ; de réduire les gaz à effet de serre et la congestion routière ; d’améliorer « l’expérience spectateur » ; de stimuler l’économie locale et du club et enfin de réduire les coûts de stationnement.
L’Andes rappelle d’ailleurs que, « dans le cadre du Plan vélo et marche 2023-2027, une part du financement doit être fléchée vers l’accessibilité en mobilités douces des enceintes sportives et raques à vélo surveillés » . À noter également que « le Fonds vert doit poursuivre l’accompagnement au développement des bus à haut niveau de service (BHNS) notamment dans leur rôle de rabattement vers les parking-relais les jours de match » . Enfin, « la question des déplacements des supporters à l’extérieur doit être approfondie. L’exemple de la mise en place, par la région Occitanie, des déplacements ferroviaires à 1 euro pour les clubs amateurs doit nous inspirer et permettre d’engager l’ensemble des acteurs concernés dans une démarche collective ». L’AMF pointe la nécessité de lancer une réflexion plus large sur les déplacements dans le sport amateur, via les transports en commun et les mobilités actives lorsque les conditions le permettent ou via l’acquisition de véhicules type « minibus » permettant de réduire le nombre de trajets en voiture.
Autres recommandations
D’autres recommandations de l’Andes ont été mises en avant à l’occasion de cette étude. D’abord, « afin de limiter les flux en direction des enceintes sportives », l’Andes souligne qu’il est possible « d'organiser et de coordonner les déplacements des spectateurs et supporters au travers de navettes dédiées au départ de parking relais stratégiquement situés » . Cette mise en place de parkings relais aux entrées de ville a d’ailleurs déjà été pratiquée pour 53 % des collectivités répondantes dont la plupart sont des villes de plus de 100 000 habitants.
Proposer une tarification incitative sur le billet de match est aussi une option intéressante selon l’Andes. Concrètement, il s’agit de mettre en place des avantages pour les utilisateurs des transports en communs ou, à l’inverse, permettre une réduction ou une gratuité du ticket de transport suite à l’achat d’un billet. Par exemple, à Tours, « un abonnement aux transports en commun locaux donne accès à divers avantages, dont une réduction de l’ordre de 20 % sur l’entrée d’un match du Tours volley ball ». « À Grenoble depuis 2007, le billet du match vaut titre de transport » le jour du match.
Pour atteindre cet objectif de report modal des supporters, l’Andes identifie trois leviers pour changer les comportements : rendre accessibles les transports en commun et assurer leur efficience ; assurer la bonne expérience dans les transports des spectateurs ; et enfin veiller à communiquer/sensibiliser au sein de l’enceinte sportive sur l’importance de prendre les transports en commun.
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