Sport dans les quartiers : 80 maires et élus demandent « l'application du plan Borloo »
Beaucoup le craignent, le coup d’arrêt porté au sport pourrait avoir un impact particulièrement « dramatique » dans des quartiers « au bord d’une explosion sociale majeure », alerte un collectif de 80 élus locaux dans une tribune publiée hier dans L’Obs. Le nombre de licenciés dans les associations sportives s’effondre : - 23 % dans les clubs sportifs d’Allonnes (Sarthe), - 25 % pour les associations de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), - 43 % pour les associations d’Arras (Pas-de-Calais), - 50 % pour celles de Grigny (Essonne). Pour favoriser le retour des jeunes dans leur club, le gouvernement a prévu de contribuer au financement de leur licence avec le déploiement, en 2021, d’un « pass sport » (100 millions d’euros). Une mesure qui paraît indispensable tant les associations sont bien souvent le « dernier rempart pour une jeunesse parfois désespérée ».
Emmené par le maire de Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), Benoît Jimenez, le collectif demande, plus largement, au tandem en charge des Sports au gouvernement, Jean-Michel Blanquer et Roxana Maracineanu, « la mise en place et l’application du plan Borloo » : « Il devient plus qu’urgent d’engager largement une nouvelle relation de confiance envers les acteurs du sport des zones les plus fragiles de notre pays », estiment les signataires. Cela se traduirait par la concrétisation de plusieurs de leurs propositions.
Création et financement de 5 000 emplois sportifs
A commencer par l’instauration « d’un fonds pérenne d’urgence simple d’utilisation », qui viserait à « assurer la survie des associations sportives impliquées dans les quartiers de notre pays (budget de 50 millions d’euros) » et « la création et le financement de 5 000 emplois sportifs (éducateur, coach d’insertion…) dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville et les zones de revitalisation rurales (budget de 60 millions d’euros) ». Régis Juanico défend, lui aussi, cette idée. Le député socialiste de la Loire invite le gouvernement à « insérer les jeunes des quartiers populaires par le sport ». Quant au maire de Chambly et référent « sport » à l’AMF, David Lazarus, il milite pour que la mission des emplois sportifs qui vont être créés soit « d’aller chercher les publics les plus en difficulté » (lire Maire info du 17 septembre).
La direction de l’Agence nationale du sport (ANS) a, de son côté, bien prévu de consacrer 40 millions d’euros des 120 millions d’euros supplémentaires accordés au sport dans le plan de relance à la création de près de 5 000 emplois sportifs chez les jeunes d’ici 2022 (l’objectif est de passer de 5 300 emplois aujourd’hui à 7 500 en 2021 et 10 000 en 2022), sans préciser toutefois le lieu de leur affectation. Des emplois seront aussi créés dans les comités régionaux olympiques et sportifs (Cros) « pour accompagner les petits clubs à se saisir des aides disponibles ».
Attribution d’une enveloppe de 1 % du budget global des JO 2024
La création d’un « réseau d’incubateurs pour accompagner la montée en compétences d’une centaine d’acteurs par année (budget de 1,5 million d’euros) » ; « le financement de conventions triennales avec les 100 meilleures initiatives de l’éducation et de l’insertion par le sport (budget de 10 millions d’euros) » ; « la création d’un outil pour mesurer l’impact social des projets sociosportifs pour les fédérations, les villes et les associations (budget d'un million d’euros) » et « l’attribution d’une enveloppe de 1 % du budget global des Jeux olympiques et paralympiques sur des projets ou des dynamiques présentes dans les villes (QPV) » sont autant d’autres revendications du collectif d’élus.
Dans la lignée des associations sportives de quartier, qui ont pris la plume le mois dernier dans L’Equipe pour appeler l’exécutif à les soutenir, le collectif d’élus propose enfin de lancer, le 1er février 2021 à Garges-lès-Gonesse, un Grenelle de l’éducation et de l’inclusion par le sport regroupant l'ensemble des acteurs impliqués (associations, collectivités, fédérations et entreprises). « Aujourd'hui, nous faisons entendre notre voix, car nous ne sommes pas reconnus, au bord du gouffre, délaissés par les acteurs institutionnels - à l'exception notable des maires qui sont nos interlocuteurs privilégiés sur le terrain, et jamais associés aux prises de décision nous concernant au premier plan, écrivaient les associations de quartier fin novembre. À l'instar des métiers de la santé, nous sommes des métiers essentiels pour tisser du lien social sur nos territoires. Nous ne sommes pas opposés au soutien du sport de haut niveau, beaucoup d'entre nous en sont d'ailleurs issus, mais les moyens ne peuvent être uniquement dirigés vers la haute compétition ; le travail d'éducation que nous menons est indispensable pour le pays », martèlent les associations, pour finir, en référence notamment à la suppression des emplois aidés en 2017.
Ludovic Galtier
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