Social : l'exécutif prend dix engagements en faveur de l'égalité des chances dans 62 quartiers populaires
Par
Le Premier ministre Jean Castex a consacré, vendredi, une circulaire au volet « égalité des chances » de la stratégie de lutte contre le séparatisme islamiste. Déclinée en dix engagements, cette politique sera « prioritairement » mise en œuvre dans les 62 quartiers de reconquête républicaine (QRR).
Pour poursuivre au mieux « l’intensification des actions d’entrave », autre pilier de cette stratégie présentée aux Mureaux (Yvelines) le 2 octobre 2020 par Emmanuel Macron, les élus locaux devront « en tant que besoin » être associés « aux cellules départementales de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire (CLIR) », intime, par ailleurs, le locataire de Matignon aux préfets.
« La mise en œuvre effective et rapide des dix engagements du volet « égalité des chances » [rassemblés dans un vade-mecum joint à la circulaire] constitue une priorité d’action pour le gouvernement et les représentants de l'État dans les départements, insiste le Premier ministre. [Ils] s'articulent autour de la réussite scolaire et éducative, la transformation urbaine et la mixité sociale, l'offre républicaine de services de proximité, le soutien des associations ou encore l'insertion sociale et professionnelle des jeunes. »
Dix engagements pour l’égalité des chances
Pour respecter « la promesse d’égalité des chances », l’exécutif mise d’abord sur l’école et l’éducation (engagement numéro 1). Le vade-mecum reprend ainsi les différentes mesures mises en œuvre par le gouvernement en la matière à l’image du dédoublement des classes dans les grandes sections, CP et CE1 des établissement REP et REP +, « dont l’objectif est que 100 % des élèves doivent maîtriser les savoirs fondamentaux à la sortie de l’école primaire », ou du plan Mercredi, « qui promeut une offre périscolaire partenariale, ouverte et de qualité, contractualisée avec l’État ». L’égalité des chances à l’école passera encore, pour le gouvernement, par le doublement du nombre d’élèves bénéficiaires des Cordées de la réussite (200 000 élèves bénéficiaires en 2020-2021) ou le développement du parrainage en milieu scolaire (engagement numéro 4).
En matière d’urbanisme, l’engagement numéro 2 a pour objectif de transformer, notamment avec le déploiement en cours du nouveau programme national de renouvellement urbain piloté par l’Anru « le cadre de vie des habitants et favoriser la mixité sociale dans les quartiers ». Le gouvernement défend, par exemple, ses actions visant à « encourager et soutenir les projets urbains des collectivités locales et des organismes HLM, en promouvant la rénovation du parc social, le traitement des copropriétés dégradées et l’accession à la propriété » ainsi qu’à « définir une stratégie intercommunale d’attribution des logements sociaux pour favoriser la mixité sociale à l’échelle des villes et des quartiers ».
L’accès aux services publics de proximité (engagement numéro 3) doit aussi être « garanti », assure l’exécutif avec l’implantation au minimum d’un espace France services ou d’un bus France services dans chacun de ces 62 quartiers « pour que chaque citoyen puisse faire ses démarches » auprès de la Caf, de Pôle emploi, du ministère de l’Intérieur et de la Justice, des services des impôts ou de la Cnav et la Cnam. Dans ce même souci de proximité, les contacts entre les jeunes de ces quartiers et des associations s’engageant pour les valeurs de la République (engagement numéro 5) ainsi que des professionnels qualifiés (éducateurs de prévention spécialisée, adultes relais sportifs…) doivent être multipliés.
« Aucune mesure dans le projet de loi de l’exécutif pour lutter contre les discriminations »
Intégré au départ, ce volet social a finalement été gommé de la version finale du projet de loi visant à conforter le respect des principes républicains, adopté le 1er juillet en deuxième lecture à l’Assemblée nationale.
Interrogé dans La Gazette des communes, Julien Talpin, sociologue, chercheur au CNRS et auteur de L’épreuve de la discrimination (Presses universitaires de France, 2021) confirme le décalage entre la tonalité du discours d’Emmanuel Macron aux Mureaux et le contenu effectif du projet de loi : « Dans ce discours, il y avait une volonté de faire du « en même temps » et d’avoir un projet de loi équilibré entre le sécuritaire et le social axé sur l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations. Beaucoup de commentateurs ont souligné le déséquilibre entre les deux. Il n’y a quasiment aucune mesure dans le projet de loi de l’exécutif pour lutter contre les discriminations. Alors que très clairement les phénomènes de repli sur soi (religieux, communautaire…) dans les quartiers populaires sont souvent le fruit de l’expérience des discriminations qui sont en partie subies ».
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Épidémie : le Conseil scientifique appelle à des mesures urgentes
Les cités de l'emploi et les médiateurs de rue se déploient dans les quartiers