Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 4 novembre 2019
Social

Seine-Saint-Denis : 23 mesures annoncées, jugées globalement insuffisantes par les élus locaux

Alors que le Premier ministre lance officiellement aujourd’hui le chantier du Village olympique pour 2024, en Seine-Saint-Denis, et se prépare à annoncer un train de 170 mesures pour le développement du sport, le département du nord de l’Île-de-France a déjà été sous le feu des projecteurs jeudi dernier, avec l’annonce d’un « plan d’actions »  de 23 mesures.
Ces annonces interviennent 18 mois après la parution du rapport au vitriol des députés François Cornut-Gentille et Rodrigue Kokouendo, dont le titre résumait à lui seul le contenu : « Seine-Saint-Denis : la République en échec ». Ce rapport dénonçait la pauvreté et la violence qui frappent ce département – le plus pauvre de métropole – en pointant en particulier les carences en matière d’effectifs de fonctionnaires : policiers, enseignants, magistrats, médecins, sont « en sous-effectifs injustifiables »  dans ce département, dénonçaient les rapporteurs. Une nouvelle occasion de rappeler que les déserts médicaux ne se trouvent pas que dans les territoires ruraux.

« L’État plus fort » 
Répondant presque mot pour mot au rapport qui dénonçait « la faillite de l’État »  dans le département, le plan du gouvernement, présenté le 31 octobre, s’intitule : « L’État plus fort en Seine-Saint-Denis ». Cherchant d’abord à faire valoir les « atouts »  du département (deuxième pôle universitaire francilien, population en forte hausse, arrivée du Village olympique) et rappelant que 32 quartiers y bénéficient de mesures de renouvellement urbain, le gouvernement ne cache pas non plus les difficultés : un taux de criminalité deux fois plus important que dans les autres départements, un nombre de médecins « 30 % inférieur à la moyenne francilienne »  et un taux de chômage de 4 points supérieur à celle-ci ; un taux de pauvreté de 28,6 %. 
Le plan de 23 mesures du gouvernement vise essentiellement à renforcer la présence de l’État : 150 policiers supplémentaires, rénovation des locaux de justice et de police, crédits supplémentaires pour plusieurs établissements de santé, deux millions d’euros par an pendant dix ans pour l’immobilier scolaire, une « prime de fidélisation »  de 10 000 euros pour les agents publics, versés après « cinq années de service effectif dans le département ». Elle concernerait les agents « en première ligne dans les actions de l’État »  (policiers, enseignants, agents d’accueil des préfectures…).

Pour les élus, le gouvernement peut mieux faire
Ce plan, s’il était très attendu par les élus locaux et considéré comme vital, a néanmoins été jugé insuffisant par beaucoup. Témoin Stéphane Troussel, président du conseil départemental, qui a twitté le jour même : « Enfin du beurre dans les épinards pour la sécurité et la justice, une prime de fidélisation bienvenue, mais trop de mesures recyclées et un rendez-vous manqué pour l’éducation. Loin du solde de tout compte ! ». Jean-Christophe Lagarde, député du département et ancien maire de Drancy, a déclaré sur Radio classique que « la Seine-Saint-Denis ne veut pas plus de moyens que les autres : elle en veut autant que les autres ! Elle ne peut pas rester le département où l'État met le moins de moyens par habitant, que ce soit pour les policiers, les enseignants, les magistrats ou la santé. »  Laurent Russier, maire de Saint-Denis, qui attendait « des gestes forts et des moyens », a salué « des annonces positives »  mais pointé « de grands oublis ». Notamment, détaille le maire de Saint-Denis sur Facebook : « Les 20 millions d'euros proposés pour financer la construction et la rénovation des établissements scolaires dans le département ne sont pas à la hauteur et représentent par exemple moins que le coût d’un seul groupe scolaire à Saint-Denis. La médecine scolaire est, comme trop souvent, le grand absent des priorités étatiques. » 
Même tonalité chez Gilles Poux, maire de La Courneuve, qui estime dans un communiqué que « l’État s’est résolu à reconnaître les injustices »  et que ces mesures sont « un premier pas vers l’égalité », même si elles « ne sont pas à la hauteur du défi ». 
Bruno Beschizza, maire d’Aulnay-sous-Bois, estime « qu’il était temps que l’État réponde enfin aux appels de nos territoires », avant de tempérer : « Habitué aux promesses non tenues de l’État, je serai particulièrement vigilant quant à l’entrée en phase opérationnelle de ces annonces ». 
Côté Sénat enfin, Annie Delmont-Koropoulis, sénatrice LR du département, a « salué les mesures annoncées », tout en estimant qu’elles devront être « complétées »  notamment sur la question médicale : « L'incitation à l'installation [des médecins] est positive, mais l'insécurité endurée par les libéraux n'est pas abordée. » 
Rappelons qu’il y a un an, en octobre 2018, les élus socialistes de Seine-Saint-Denis avaient engagé une action en justice contre l’État pour « rupture d’égalité devant le service public ».

F.L.


 

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