Maire-info
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Édition du vendredi 6 décembre 2019
Social

Près de 14 % des agents territoriaux en grève hier

Selon les chiffres publiés à 18 heures hier par les services du secrétaire d’État chargé de la fonction publique, Olivier Dussopt, il y aurait eu 13,8 % d’agents en grève dans la fonction publique territoriale – un chiffre nettement supérieur à ce qui s'est vu ces dernières années lors de mouvements nationaux. À l’échelle de l’ensemble de la fonction publique, c’est un peu plus d’un quart (26 %) des agents qui ont fait grève le 5 décembre. 
Comme prévu, ce sont les transports et l’Éducation nationale qui ont été les plus impactés par la grève contre la réforme des retraites. Dans les transports, la SNCF et la RATP, en région parisienne, ont vu leur trafic presque totalement à l’arrêt. Dans les réseaux des villes de province, la situation a été beaucoup plus contrastée, certaines villes (comme Amiens ou la Roche-sur-Yon par exemple) n’étant pas du tout touchées par la grève, quand d’autres ont connu des restrictions, voire un arrêt complet des transports collectifs. Plusieurs agglomérations de l’arc méditerranéen ont été dans ce cas : fortes perturbations à Nice, Canne, Marseille. Mais aussi à Lille, Lyon, Dijon, Grenoble, Clermont-Ferrand, Nantes…
Dans les écoles, le ministre de l’Éducation nationale a reconnu hier soir une mobilisation « assez importante ». À l’échelle de l’ensemble de l’Éducation nationale, le taux de grévistes s’est élevé selon le ministère à 42,6 %, avec un pic à 51,1 % pour les enseignants du premier degré. Dans toutes les régions, de très nombreuses écoles primaires et maternelles sont restées fermées toute la journée d’hier – et beaucoup le sont encore ce matin. La mobilisation a été particulièrement forte à Paris où 398 écoles étaient fermées hier, tandis que 254 ont ouvert mais, pour la moitié d’entre elles, sans que les cours soient assurés. 
La situation dans les écoles ce matin n’est pas très claire. Rappelons qu’il n’existe pas, dans l’Éducation nationale, d’obligation de se déclarer gréviste à l’avance. D’après les « premiers coups de sonde »  donnés ce matin par le ministre Jean-Michel Blanquer, a-t-il expliqué sur BFMTV, « on devrait redescendre aujourd’hui autour de 10 % de grévistes, voire un peu moins ». Pour le ministre, les enseignants ont « entendu »  les assurances données par le gouvernement, qui leur a promis, pour éviter une baisse trop drastique de leurs pensions de retraite, une nette revalorisation salariale.
D’autres secteurs ont été fortement touchés par la grève hier, notamment les centrales nucléaires – où la CGT a annoncé « 85 % »  de grévistes, et la direction du groupe 44 % de grévistes sur l’ensemble d’EDF – et les raffineries de pétrole – sept d’entre elles, sur huit, seraient tout ou partie à l’arrêt. 

Manifestations massives
Les manifestations qui ont émaillé la journée d’hier, dans tout le pays, ont été importantes – à des étiages comparables à ceux des mouvements sociaux de 1995 et de 2010. Selon le ministère de l’Intérieur, ce sont au moins 800 000 personnes qui ont défilé dans 70 villes du pays, dont 65 000 dans la capitale. De nombreuses villes moyennes ont vu défiler des cortèges proportionnellement plus importants que dans la capitale. On peut citer Lorient (10 000 manifestants), Pau (13 000), Évreux (6 000), Châteauroux (5 500), Montauban (2 300). Des incidents violents ont émaillé certaines de ces manifestations, notamment à Paris, Nantes, Rennes, Dijon ou Nancy.
Les transports vont rester très perturbés au moins jusqu’à lundi. Le gouvernement a prévu de s’exprimer « en milieu de semaine »  pour « dessiner les contours définitifs »  de la réforme. Selon la porte-parole du gouvernement, Sibeth N’Diaye, il reste « des marges de négociation ». Pour la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, « il y a effectivement une discussion sur l’âge d’application, l’âge de bascule, quelle génération serait concernée, tout cela est encore sur la table ». On a appris, en fin de matinée, que le Haut-commissaire chargé des retraites, Jean-Paul Delevoye, recevra finalement les partenaires sociaux dès lundi pour leur livrer ses « conclusions ». Le Premier ministre devrait s'exprimer « dans la foulée pour rendre ses arbitrages », a déclaré ce matin le député LaREM du Nord Laurent Pietraszewski – peut-être mercredi, a précisé Jean-Michel Blanquer.

L'intersyndicale a appelé, à midi ce vendredi, à une nouvelle journée de grève nationale et de manifestations mardi 10 décembre.

Franck Lemarc 
 

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