Pauvreté : 100 millions d'euros versés à des associations « avant l'été »
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Le gouvernement va verser « avant l’été » 100 millions d’euros à des associations en lutte contre la pauvreté, pour les aider à « amorcer » ou déployer de nouveaux projets solidaires, a annoncé, mardi 13 avril, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, en déplacement dans les locaux du Secours populaire français, à Paris. L’action des associations est « déterminante pour qu’à cette crise épidémique ne s’ajoutent pas des drames humains », a souligné le ministre. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), 35 % des ménages les plus modestes avaient perçu une dégradation de leur niveau de vie à l’issue du premier confinement (lire Maire info du 12 avril).
33 projets nationaux et 576 projets régionaux
Ce plan de soutien a pris la forme d’un appel à projets ouvert en novembre dernier, qui a réuni plus de 2 600 candidatures, souligne Olivier Véran. 33 projets nationaux (33,5 millions d’euros) et 576 projets régionaux (53,4 millions d’euros) ont été sélectionnés. Ils ont trait tant à l’accès aux biens essentiels dont les biens alimentaires, l’accès aux droits, la lutte contre l’isolement et les actions « d’aller-vers », ou le soutien à la parentalité et l’accompagnement scolaire qu’à la modernisation, numérisation et réorganisation des associations pour améliorer l’efficacité de leur action auprès des plus précaires. Des « discussions sont en cours » au sujet des 13 millions d’euros restants.
100 millions d’euros versés sur un an au lieu de deux
Ces 100 millions d’euros devaient à l’origine être versés en deux fois (50 millions d’euros en 2021 et 2022). Ils seront finalement débloqués en une seule fois « mais, pour les associations qui n’auraient pas eu le temps de rendre leur dossier et qui espéraient le déposer en 2022, aucun nouveau financement n’est prévu pour 2022 », observe La Gazette des communes.
Malgré cette nouvelle réjouissante, le bilan du gouvernement sur la lutte contre la pauvreté est décrié. Au début du mois, le Comité d’évaluation de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté avait jugé sévèrement sa mise en œuvre : seules quatre des 35 mesures de cette stratégie ont abouti à 100 %. Il réclamait notamment d’amplifier les moyens de la Délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté (DIPLP) ou d’accélérer sur la formation des professionnels de la petite enfance et des travailleurs sociaux.
« Nous ne voulons plus répondre aux demandes du gouvernement »
La désillusion est grande du côté des associations à tel point que Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD Quart-Monde, jouera désormais la politique de la chaise vide. « Nous ne voulons plus répondre aux demandes du gouvernement, a-t-elle dit, le 12 avril, dans les colonnes de Charlie Hebdo. Nous lui avons tout dit, redit, et re-redit. Nous en avons parlé avec Véronique Fayet, la présidente du Secours catholique, qui partage notre attitude. Cela ne m’est jamais arrivé en 15 ans d’exercice au sein d’ATD. Ils savent tout ce qu’il faut faire. Maintenant, c’est à eux d’agir. »
Récemment exclue du Conseil économique social et environnemental (Cese), ATD Quart-Monde demande, par ailleurs, à retrouver voix au chapitre. L’entrée en vigueur de la loi du 15 janvier 2021 a réduit le nombre de conseillers du Cese (de 233 à 175) et sacrifié un des trois sièges jusque-là réservés aux associations de lutte contre la pauvreté. Une tribune, intitulée « ATD Quart Monde doit continuer à porter la voix des plus pauvres au Cese », a été signée dimanche dans le JDD par la quasi-totalité des partis politiques.
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