Les missions locales n'attendent plus que l'Éducation nationale
Depuis lundi dernier et jusqu’au jeudi 22 octobre, les 440 missions locales réparties sur le territoire ouvrent leurs portes pendant la 5e semaine nationale des missions locales. L’occasion pour les nouveaux élus de découvrir ce réseau dédié à l’accompagnement vers l’autonomie et l’emploi des 16/25 ans.
Le réseau s’est « plutôt bien » sorti de la période du confinement et a retrouvé « quasiment » le niveau d’activité antérieur, observe le président de l’Union nationale des missions locales (UNML), Jean-Patrick Gille, conseiller municipal de Tours (Indre-et-Loire). Le nombre de jeunes accueillis est même supérieur à l’an dernier, affirme-t-il. Sans toutefois pouvoir encore donner des chiffres consolidés.
L’obligation de formation suspendue
Depuis la rentrée, les 16/18 ans en décrochage scolaire doivent bénéficier d’une formation. Cette « obligation de formation » a été instaurée par la loi pour une École de la confiance (2019). Ce sont les missions locales qui ont été chargées de sa mise en œuvre. En théorie, tout est prêt. Reste le plus important, les listes de jeunes « décrocheurs » à contacter… sauf que les missions locales ne les ont pas reçues de l’Éducation nationale. L’UNML espère qu’à défaut de les avoir eues en octobre, elles les recevront en novembre. En attendant, des missions locales font ce qu’elles peuvent, en allant au-devant de jeunes qu’elles peuvent connaître, ou en récupérant des listes de façon informelle. « On aurait aimé que le système soit plus efficace », regrette Jean-Patrick Gille.
« Un jeune, une solution »... ou presque
L’autre actualité du réseau, c’est le chapitre du plan de relance concernant les jeunes, avec le dispositif « 1 jeune 1 solution ». Sur le fond, cela ne change rien aux outils des missions locales. En revanche, elles ont reçu des moyens supplémentaires pour disposer plus largement des dispositifs tels que la Garantie jeune ou le Parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi (PACEO). La « boîte à outils » est là, avec une « volumétrie » importante, assure le président de l’UNML. « Aides à l’embauche, à l’alternance, ces contrats aidés, cela marche même aujourd’hui », complète-t-il. Le discours est volontaire, tranchant avec l’angoisse ambiante. « Bien sûr que le marché de l’emploi a des difficultés, mais il n’est pas totalement atone. Il existe des secteurs qui peinent à recruter. Certains, comme l’hôtellerie et la restauration, reprenaient. Évidemment, le couvre-feu ne va pas aider dans les zones concernées, mais nous devons nous garder de décourager les jeunes : il y a des besoins, des entreprises et des secteurs qui embauchent. »
Le risque de précarité
Cela n’empêche pas la situation de devenir très compliquée pour certains jeunes. Notamment ceux qui cumulaient des petits contrats pour vivre, ou en complément de leurs études. « Quand un jeune a besoin de travailler pour gagner 200 euros par mois pour boucler le mois, c’est déjà un signe de précarité. Nous craignons que ces formes de précarité ne se transforment en situations de pauvreté », pointe le président de l’UNML. Une solution pour répondre davantage à ces situations serait d’élargir les critères d’accès à la Garantie jeunes. C’est la solution préférée à la création d’un RSA jeune, parce qu’elle offre un suivi des jeunes « avec des étapes, des phases collectives, au sein de cohortes qui ont un effet dynamisant... ». Mais l’option n’est pas étudiée par le gouvernement.
Crédits confirmés dans le PLF 2021
Côté budgétaire, les missions locales sont plutôt satisfaites des crédits prévus par le projet de loi de finances 2021 – un total de 471 millions d’euros. Cela correspond à la même somme que l’an passé (371 millions d’euros, dont 20 millions d’euros pour la mise en œuvre de l’obligation de formation des 16/18 ans), à laquelle s’ajoutent les crédits supplémentaires (100 millions) pour la mise en œuvre du plan « 1 jeune 1 solution ». Cela doit permettre d'augmenter le nombre de jeunes pouvant être accompagnés en PACEA (+ 80 000) ou en Garantie jeunes (+ 50 000).
Covid-19 oblige, le réseau a repoussé son assemblée générale au 24 novembre, en parallèle du congrès des maires de France, puisque de nombreux nouveaux élus vont intégrer les conseils d’administration des missions locales. Mais l’évènement reste suspendu aux conditions sanitaires.
Emmanuelle Stroesser
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