Les associations se préparent à une nouvelle hausse des besoins d'aide alimentaire
Alors que les demandes d’aide alimentaire pourraient augmenter de 20 % d’ici la fin de l’année, les associations n’ont plus de stocks et ont besoin d’une forte mobilisation lors de la prochaine collecte, fin novembre.
Lors du premier confinement, les demandes d’aide alimentaire ont augmenté d’au moins 20 %. « On a vu venir des étudiants, des étrangers, des personnes qui venaient de perdre leur emploi », rappelle le président de la Fédération française des banques alimentaires, Claude Baland. Les banques alimentaires qui jouent le rôle de grossistes, d’ordinaire, en redistribuant des denrées auprès de 5 400 associations et CCAS, ont été amenées à faire des distributions directes. Comme à Toulouse et Bordeaux auprès de milliers d’étudiants, à la demande des Crous. En tout, la Banque alimentaire a répondu aux demandes de 400 associations supplémentaires.
Aujourd’hui, chaque association se prépare à une nouvelle hausse des demandes.
Du côté du gouvernement, on temporise, notamment parce que les écoles et leurs cantines restent, cette fois, ouvertes, tout comme les marchés alimentaires où les personnes en difficulté peuvent espérer aller acheter, en fin de marché, les invendus. Les associations sont beaucoup moins sereines. Elles tablent sur une nouvelle hausse d’au moins 20 % des demandes d’ici à la fin de l’année. Car si le confinement est effectivement plus souple, les annonces de plans sociaux qui s’égrènent chaque jour dans la presse inquiètent. « Il faut savoir que pour 100 nouveaux demandeurs d’emploi, 35 % viennent demander une aide alimentaire », rappelle Claude Baland, qui assure que cette règle de calcul est éprouvée par l’expérience. Un chômeur sur trois pourrait avoir besoin d’aide alimentaire au moment où « les économistes prévoient plus de 800 000 pertes d’emploi », s’alarme le président.
Des stocks au bord de la rupture
La présentation du prochain budget européen dédié à l’aide alimentaire (1) pour la France pour les sept prochaines années arrive donc comme un premier soulagement. Au total, 869 millions d’euros sont promis pour les sept prochaines années. Soit une hausse de 48 % par rapport à la période précédente (583 millions d’euros entre 2014 et 2020).
Cette aide alimente les circuits de quatre grands réseaux, la Banque alimentaire, les Restaurants du cœur, le Secours populaire et la Croix-rouge. Cette annonce a été saluée comme « une avancée majeure » par ces quatre associations à l’issue de leur rencontre avec les ministres, mardi 3 novembre. La participation européenne représente l’équivalent d’un tiers de l’aide alimentaire distribuée en France, rappelle Claude Baland.
Mobilisations locales
Ces nouvelles livraisons n’arriveront pas avant trois à quatre mois. Les soutiens locaux et les dons restent donc essentiels, car les stocks ont été quasiment vidés. Il faut donc les reconstituer pour la période hivernale. C’est notamment l’enjeu de la prochaine collecte nationale des banques alimentaires, des 27, 28 et 29 novembre. Ces trois jours représentent 11 000 à 12 000 tonnes de produits collectés, l’équivalent de 11 % des redistributions, soit 24 millions de repas. Les 79 antennes de la Banque alimentaire s’y préparent. Sept ont en revanche déjà dû l’annuler, faute d’un nombre suffisant de bénévoles. « 65 % des bénévoles font partie des publics vulnérables (âgés de plus de 65 ans) », souligne Claude Baland. La tension est forte. Au printemps dernier, seule la mise à disposition d’agents par des communes ou des CCAS, comme à Strasbourg ou Châteauroux, a permis de compenser l’absence de bénévoles âgés.
Emmanuelle Stroesser
(1) Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD).
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