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Édition du mardi 27 septembre 2022
Social

L'exode des Franciliens crée des disparités sociales dans les communes

De plus en plus de Franciliens déménagent vers des territoires urbains ou des communes rurales. Une étude de l'Insee publiée la semaine dernière met en lumière les écarts de niveau de vie qui s'observent entre cette population migrante et les résidents déjà installés

Par Lucile Bonnin

C’est un mouvement qui s’est accéléré avec la crise sanitaire mais qui existait déjà depuis plusieurs années. Les départs des Franciliens vers d’autres territoires ne cessent d’augmenter. En 2018, près de 240 000 personnes ont quitté l’Île-de-France pour la province ou les outre-mers.

Jeunes locataires

Une étude de l’Insee intitulée Départs des Franciliens vers la province : des écarts de niveau de vie parfois importants avec leurs nouveaux voisins indique que ceux qui font leurs valises en direction de la province sont plutôt jeunes, et sont des personnes seules ou en couple. 

« 43 % des ménages fiscaux quittant l’Île-de-France sont constitués d’une seule personne et 27 % correspondent à des couples sans enfant » , peut-on lire dans l’étude. Près d’un ménage partant sur deux a moins de 40 ans. Les auteurs de l’étude émettent l’hypothèse que ces départs sont largement motivés par la difficulté d’accéder au logement dans cette région, et notamment pour être propriétaire. 39 % de ceux qui ont quitté la région étaient locataires au sein d’un parc privé. 

L’argument de l’immobilier 

Toulouse, Lyon, Nantes, Bordeaux, Lille, Marseille, Rennes, Nice, Strasbourg : les habitants qui s’installent en dehors de la région privilégient les territoires urbains. En effet, 70 % des migrations s’effectuent vers une commune urbaine.

Le coût d’un logement est plus faible dans ces villes, selon les auteurs. Ainsi, le gain d’espace est une motivation importante. « Alors que, en Ile-de-France, 30 % des ménages partants habitaient dans un logement individuel, ils sont 46 % à y vivre après leur déménagement et 85 % lorsque celui-ci s'effectue à destination d'une commune rurale. »    

Dans le cadre de ce type de déménagement, le gain de surface habitable atteint en moyenne 18 m² pour une personne seule de moins de 30 ans et 30 m² pour un couple de 30 à 39 ans avec enfant(s), soit une hausse de la superficie du logement respectivement de 52 % et 43 %

Niveau de vie 

Si les jeunes qui ont déménagé voient leur niveau de vie augmenter très légèrement, du côté des ménages de 40 à 59 ans, l’étude montre que le niveau de vie médian est nettement supérieur à celui de leurs homologues de province (2 050 euros par mois contre 1 780 euros).

Par exemple, les ménages qui s’installent dans la commune de Lille disposent d’un niveau de vie médian près de deux fois supérieur à celui des Lillois du même âge déjà installés. Dans la commune de Lyon, « l’écart est moins important mais reste très net en faveur des Franciliens nouvellement installés (+ 51 %). » 

Comment l’expliquer ? Ces communes urbaines laissent la possibilité aux ménages de conserver leur emploi à Paris où les salaires sont en moyenne plus élevés. Même les retraités qui partent vers des communes plus rurales ont un niveau de vie supérieur aux habitants des communes déjà installés. Dans 41 % des communes qui accueillent ces seniors de plus de 60 ans, l’écart de niveau de vie entre est de 30 % ou plus en faveur des premiers. À Aix-en-Provence, Cannes et La Ciotat, l’écart dépasse même 57 %.
 

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