Au congrès de l'Unccas, les élus en charge du social s'inquiètent pour l'avenir
Par Emmanuelle Stroesser
10,8 % des élus en charge du social ne solliciteront pas de nouveau mandat. Un autre tiers (29 %) sont prêts à se représenter, mais à condition de changer de délégation… Au total, près de quatre élus sur dix veulent donc tourner la page dans un an. Tandis qu’un autre tiers sont encore indécis.
Ces projections sont extraites d’une enquête réalisée par le Cevipof (Sciences Po/CNRS) auprès de 500 élus du social, commandée par l’Union des CCAS et dévoilée lors de son congrès.
« Si les élus estiment leur action utile, ils restent inquiets quant à l’avenir. Lorsqu’ils se projettent sur l’évolution de la cohésion sociale dans les cinq prochaines années, la note moyenne n’atteint que 3,5 sur 10. Un chiffre qui traduit un sentiment de fragilité face aux défis sociaux et économiques », résument les auteurs de l’étude, Martial Foucault et Éric Kerrouche, également sénateur des Landes.
Un sentiment déjà perceptible dans le titre même de ce 94e congrès : « L’urgence sociale, tenir jusqu’à quand ? », tout comme l’intitulé de certaines tables rondes : « les communes ont-elles vocation à faire toujours plus à la place de l’État ? », « services publics demain, vers des services au rabais ? ». « J’étais arrivé avec le moral ce matin, mais vous avez réussi à me faire déprimer ! », finira par confier un congressiste à la fin de l’une d’elles.
Année cinq du mandat municipal…
Ce mandat a démarré en 2020 avec une pandémie d‘ampleur inédite, « une entrée en matière très compliquée » a rappelé la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin. « Il n’y avait pas de manuel mais de la débrouille et nous nous en sommes tous sortis ! ».
La débrouille c’est ce que beaucoup de CCAS ont l’impression de continuer à faire, réussissant à préserver des budgets qui ne suffisent malgré tout pas à répondre à la hausse des besoins sociaux. Comme ils en ont témoigné lors de cette première journée de congrès, évoquant des situations « ubuesques » , des choix « douloureux », auxquels ils sont confrontés, fustigeant l’État qui « silencieusement se retire ». « Il y a urgence démocratique » , s’inquiète un élu de Loire-Atlantique, « car nous sommes le premier mètre républicain, si nous nous affaissons c’est la République qui baisse les bras ! » . Autre mise en garde, celle de Guillaume Mathelier, maire d’Ambilly, et docteur en sciences politiques, à propos du recours à l’intelligence artificielle dans l’accès aux droits.
Si les élus cherchent du baume au coeur, ils en trouveront - un peu - dans le baromètre de l’action sociale réalisé par l’Ifop pour l’UNCCAS (1). Les avis négatifs sur l’action sociale restent majoritaires. Mais la proportion de Français à considérer que l’action sociale n’est « pas satisfaisante » continue de baisser, frôlant les 50 % cette année, contre 59 % en 2024, et 62% en 2023. Les avis les plus négatifs viennent des personnes sans doute les plus concernées, car disposant de plus faibles revenus (en dessous de 2 000 euros).
La santé reste la « priorité numéro un », pour près de 9 français interrogés sur dix (88 %), devant l’alimentation (70 %) et le logement (69 %). Les Français interrogés soutiennent l’idée de réduire des exonérations ou avantages fiscaux aux entreprises ou certaines dépenses publiques si cela doit permettre d’avoir « davantage d’action sociale », en revanche, ils refusent d’en payer directement les frais si cela devait se traduire par une augmentation d’impôts (locaux ou national).
Ce baromètre met enfin en avant le fait que pour près d’un électeur sur trois (32 %), « l’ambition et l’envergure du projet de solidarité » d’une liste constituera un critère déterminant de vote. « Le maintien des services publics de qualité dans la commune » , restant, de loin, le premier critère (63 %).
Le prochain congrès de l’UNCCAS, en 2026, sera celui du centenaire de l’association. Il aura lieu à Paris. Son président Luc Carvounas propose que la santé mentale et la ruralité soient les priorités de l’UNCCAS pour ce prochain mandat.
(1) Echantillon de 1457 personnes, de 18 ans et plus, interrogées entre le 6 et le 7 mars.
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