Maire-info
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Édition du vendredi 25 février 2022
Social

Animation : le gouvernement veut répondre aux « profondes difficultés  » du secteur

Le gouvernement a débloqué 64 millions d'euros pour soutenir le périscolaire et les centres de loisirs cette année. Alors que 10 % des postes en accueils périscolaires ne sont pas pourvus et que le nombre de Bafa délivrés a chuté de 20 % entre 2011 et 2019.

Par A.W.

Un budget de 53 millions d’euros pour les collectivités mettant en place un « Plan mercredi », baisse de l'âge minimum pour suivre la formation au brevet d’aptitude à la fonction d’animateur (Bafa), aide financière pour les formations… La secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, Sarah El Haïry, a présenté, mardi, en conclusion des premières Assises de l’animation, toute une série de mesures afin de répondre aux « profondes difficultés »  rencontrées par le secteur périscolaire et extrascolaire.

Recrutement : 80 % des structures ont des difficultés

En effet, sur l’année scolaire 2021-2022, le secteur de l’animation comptait 50 000 postes non pourvus, soit 10 % des effectifs, selon une étude du Fonjep et d’Hexopée parue à l’automne. Ce sont ainsi 80 % des opérateurs, aussi bien les collectivités que les associations, qui ont connu de « profondes difficultés »  à recruter du personnel.

Alors que le nombre de Bafa délivrés par an a été réduit de 20 %, entre 2011 et 2019, des séjours ont été annulés cet été, « non pas par faute d’enfants inscrits mais faute d’encadrants », a rappelé la secrétaire d’État.

Si la crise sanitaire a amplifié le phénomène, les raisons sont plus profondes, puisque « les jeunes se détournent de ces métiers »  (accueil des enfants le matin, cantine le midi, étude le soir, centre de loisirs le week-end et colonies pendant les vacances) car ils sont « peu valorisés, peu rémunérés, avec des temps de travail morcelés et manquant de perspectives d’évolution ». « Nous ne pouvons pas laisser ceux qui s'occupent de nos enfants matin, midi, soir, week-end et vacances dans ce mal-être », a assuré Sarah El Haïry.

Plan mercredi : 53 millions d’euros pour les collectivités

Afin de répondre à ces difficultés, la secrétaire d’État a présenté un plan intitulé « Pour un renouveau de l’animation en accueils collectifs de mineurs »  comprenant 25 mesures visant à revaloriser les métiers de l’animation et débloquer des aides à la formation.

Pour 2022, ce plan représentera un investissement de 64 millions d’euros pour l’État dont 53 millions d’euros destinées aux collectivités territoriales qui mettront en place un « Plan mercredi »  et 4 millions d’euros afin d’assurer la formation au certificat de qualification professionnelle (CQP animateur professionnelle) de 2 500 animateurs professionnels non diplômés, mais en exercice depuis au moins trois ans, via une aide de 1 600 euros par animateur.

En outre, 5 millions d’euros seront consacrés à la formation de 30 000 jeunes au brevet d’animateur. Le plan cible 20 000 jeunes qui terminent leur formation de Bafa avec une « aide exceptionnelle »  de 200 euros. Une mesure estimée à 4 millions d’euros qui vise à les inciter à « finaliser leur formation rapidement », dans le but de « venir renforcer les équipes d’animation dès l’été prochain ». Elle est complétée d'une aide de 100 euros pour aider 10 000 volontaires du service civique dès lors qu’ils s’inscrivent à une formation Bafa dans l’année suivant la fin de leur mission.

Afin « d’attirer plus d’adolescents déjà engagés », l'âge minimum pour se former au Bafa sera, par ailleurs, abaissé à 16 ans, contre 17 ans actuellement, le 1er juillet 2022. 

Un simulateur des aides financières à destination des jeunes, indiquant le reste à charge aux aspirants animateurs, sera disponible à partir de septembre 2022. Entre coups de pouce proposés par la commune, l’intercommunalité ou la région, la secrétaire d’État a reconnu que l’information sur les aides financières pour passer le Bafa était opaque et entretenait une « inégalité entre territoires ». 

Le gouvernement souhaite également faciliter l’emploi des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) et accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) aux métiers de l’animation par les structures périscolaires. Outre une rémunération supérieure et un temps de travail complet pour les professionnels, cela permettrait aux collectivités territoriales et associations de « lutter contre la pénurie de main-d’œuvre ». La possibilité réglementaire, existante, pour les collectivités de positionner des Atsem sur des fonctions d’animation périscolaire sera ainsi étendue dès 2022 aux associations gestionnaires d’accueils collectifs de mineurs et les collectivités auront la possibilité de recruter des AESH.

Un comité de filière

En outre, les élus locaux devront être sensibilisés aux « enjeux de complémentarité éducative »  dans les territoires et les écoles, notamment dans les zones rurales, et sur les « opportunités pour leur territoire »  d’y investir. Les fonctionnaires territoriaux seront d’ailleurs invités à se former à ces enjeux via le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT).

Un « comité de filière animation », réunissant l’ensemble des acteurs du secteur (État, collectivités, branche, organisations syndicales) devra travailler sur ces objectifs et devra notamment réfléchir aux « moyens de soutenir les collectivités pour qu’elles puissent au maximum tendre vers des pratiques de gestion de leurs accueils collectifs de mineurs qui garantissent de bonnes conditions de délégation aux associations, une qualité de gestion des ressources humaines (selon des critères d’emploi, de rémunération et de formation) et une ambition éducative partagée avec l’école », mais aussi aux « possibilités de renforcer le soutien aux collectivités rencontrant le plus de difficultés (notamment les quartiers prioritaires de la ville, les zones de revitalisation rurales et les territoires ultramarins) ».

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