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Édition du jeudi 10 septembre 2020
Social

9,3 millions de personnes pauvres en France en 2018, selon l'Insee

L'Insee a publié hier son étude annuelle sur le niveau de vie des Français, portant sur l'année 2018. Constat inquiétant : « Les inégalités de niveau de vie augmentent »  constate l'institut. 
De 2017 à 2018, le niveau de vie médian de la population a augmenté de 0,3 %. Mais de façon contrastée : alors que le niveau de vie des ménages les plus aisés s'est nettement amélioré, le taux de pauvreté s'est accru, à l'autre bout de l'échelle sociale, en particulier, estime l'Insee, à cause de la réforme des APL.

Creusement des inégalités
Pour 2018, l'Insee établit le niveau de vie médian en France à 21 250 euros par an et par personne, soit 1 771 euros par mois. Soulignons qu'il s'agit bien d'une médiane et non d'une moyenne : autrement dit, la moitié de la population vit au-dessus de ce chiffre, l'autre moitié en dessous. Après une baisse due à la crise de 2008, le niveau de vie médian en France a recommencé à croître, lentement, depuis 2013. L'Insee note toutefois que cette hausse se fait à un rythme bien moins soutenu qu'avant la crise. 
Mais en y regardant de plus près, le tableau est peu flatteur : les catégories les plus pauvres se sont appauvries, et les plus riches se sont enrichis. Le premier décile (soit les 10 % les plus pauvres de la population) a vu son niveau de vie diminuer de 1,6 % en 2018. Les 10 % les plus aisés, eux, ont vu leur niveau de vie augmenter de 0,6 %. 
Sur 10 ans, constate l'Insee, le niveau de vie plafond des 10 % de Français les plus modestes a diminué de 2,9 %. Il s'établit en 2018 à 11 210 euros par an, soit 934 euros par mois. Sur l'année 2018, la réforme des APL a particulièrement pesé, en « baissant les allocations logement des ménages du parc social », elle a contribué à diminuer les revenus ; sans compter, dans la foulée, la baisse de 5 euros du montant des aides au logement. L'Insee note également que « la réforme de la prestation d'accueil du jeune enfant affecte négativement le niveau de vie des plus modestes ». 
Quant aux 10 % les plus aisés, leur niveau de vie s'établit à 39 130 euros par an, soit 3 260 euros par mois. Dans cette tranche, la progression des revenus est elle-même inégalement répartie : ce sont les plus aisés parmi les plus aisés qui ont connu la plus forte augmentation de niveau de vie, du fait de la « forte hausse des dividendes »  et de l'augmentation des revenus du patrimoine.
Conséquence logique de cette situation : les inégalités de niveau de vie sont « nettement »  à la hausse – situation constante depuis la crise de 2008. En 2018, les 20 % de ménages les plus aisés perçoivent presque 40 % de la masse totale de richesses, et les 20 % les plus pauvres, 9 %. 
Le seuil de pauvreté monétaire (60 % du revenu médian) s'établit en 2018 à 1 063 euros par mois. Il concerne 9,3 millions de personnes, soit 400 000 de plus que l'année précédente. Le nombre de personnes pauvres, entre 2017 et 2018, a augmenté dans presque toutes les catégories (actifs, étudiants, retraités, enfants). Chiffre toujours impressionnant : le taux de pauvreté des enfants atteint 21 %. Autrement dit, en 2018, en France, 6e pays le plus riche du monde, un enfant sur cinq est pauvre. Et ce, deux ans avant les ravages prévisibles de la crise liée au covid-19.

F.L.

Accéder à l'étude de l'Insee.

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