Les maires s'enthousiasment pour la journée citoyenne
Par Emmanuelle Stroesser
La journée citoyenne, « c’est un état d’esprit », résume Fabian Jordan, maire de Berrwiller et président de Mulhouse Alsace Agglomération, à l’initiative de cette idée. Celle-ci remonte à 2008. À l’époque, une centaine d’habitants du bourg répondent à l’invitation de ce jeune maire. Aujourd’hui, leur nombre avoisine les 450 participants à chaque édition. Près d’un tiers des 1 200 habitants de la commune !
Dans le Haut-Rhin, 80% des communes l’organisent, ce qui est « énorme », s’enthousiasme Fabian Jordan. L’idée a essaimé dans toute la France, et dans des communes de toutes tailles, petites ou grandes, comme Troyes, Mulhouse, Arras, Angers… Leurs motivations rejoignent celles de Fabian Jordan à l’origine : s’approprier l’espace public, éviter le repli sur soi, sortir du consumérisme de services, faire vivre la fraternité…
Intérêt général
La journée citoyenne, c’est en effet une journée pendant laquelle ceux qui le souhaitent, jeunes, vieux, hommes, femmes, se retroussent les manches pour mettre la main à la pâte de chantiers collectifs.
Les chantiers sont très variables. Chacun peut y trouver une place. « Cela peut être de laisser aux enfants de servir les desserts qu’ils ont fabriqué le matin avec le boulanger, c’est une fierté pour eux », glisse une élue. Ou des ateliers entre petits-enfants et grands-parents pour la confection d’œufs qui décoreront la commune à Pâques ou Noël. Plus classiques, les désherbage et plantations d’espaces verts, de cimetières, la fabrication de nichoirs, la réhabilitation de petit patrimoine, etc.
Cercle vertueux
Ce sont bien les habitants qui portent les idées. La municipalité sert « simplement » d’appui technique. Mais l’on comprend bien que cela demande de l’énergie. À écouter les maires qui ont témoigné deux heures durant, mardi, aucun ne le regrette – même ceux qui hésitaient au départ. Certains ont eu « peur » au début, expliquent avoir commencé doucement, par une poignée de chantiers, « pour voir ». S’ils témoignent aujourd’hui, c’est pour expliquer qu’ils ne regrettent pas, entraînés dans une « spirale vertueuse ». Comme l’explique cette conseillère municipale de Seine-et-Marne, « Nous avons commencé avec 6 chantiers, on a choisi la restauration de murs anciens, cela a plu aux gens d’être dans l’apprentissage avec le partage de compétences grâce à des maçons. On va recommencer ! ».
« Les gens se rendent compte du travail des agents techniques », souligne un élu. Un autre explique que cela a aidé à tisser des relations avec la chambre de métiers. Ou encore que le peintre en bâtiment venu prêter main forte au chantier collectif, a gagné à se faire connaitre… « Jamais les gens du logement social et du secteur résidentiel ne se seraient rencontrés et parlés sans cette journée », assure un autre maire, qui a mobilisé les conseils de quartier et les a laissés s’emparer de la préparation. Un comité de pilotage avec la mairie borde tous les plans (technique, sanitaire, financier)...
Une richesse à valoriser
Le coût moyen de cette journée est difficile à établir, tant les réponses sont multiples. Le coût dépend naturellement de la nature du chantier mené (fleurissement, réhabilitation, etc.), et peut aller de 3 500 à 8 000 euros. Du mécénat peut s’ajouter. Des maires, plus prosaïques, le reconnaissent sans sourciller : la journée permet aussi de faire des économies, mais « qui sont réinvesties ».
Un maire a lui décidé de calculer la « production de richesses » de cette journée. Soit « 285 000 euros sur un mandat », en comptant la participation par taux horaire pour sa commune de 580 habitants, dont 100 participent à chaque journée citoyenne. Il suggère de faire évoluer les budgets communaux pour, comme les associations, valoriser cette participation citoyenne dans le budget.
L’idée est reprise au bond et soutenue par Philippe Laurent, le secrétaire général de l’AMF, partenaire de la journée avec l'Observatoire national de l’action sociale (Odas) (1). « C’est symbolique, bien sûr, mais cela peut constituer un élément de mesure de l’implication citoyenne et l’encourager. Je suis convaincu qu’il y a beaucoup à faire avec nos habitants, qui attendent cela, et nous devons peut-être trouver cette énergie pour travailler ensemble à des réalisations collectives. »
Appel pour le 25 septembre
L’appel a été lancé aux maires pour rejoindre le mouvement, pour la prochaine journée le 25 septembre – une date fixée cette fois à l’échelle nationale. Visiblement, les conditions sanitaires ne sont pas un obstacle. Berrwiller l’a récemment testé : les habitants réclamaient qu’une journée citoyenne ait lieu. Les jauges ont été limitées, les chantiers pensés pour être de préférence à l’extérieur, disséminés, les repas organisés pour rester partagés mais en plus petits nombre…
Pour l’organisation, le site journeecitoyenne.fr met tous les outils à disposition pour guider les premiers pas.
(1) La rencontre était organisée par Mulhouse Alsace agglomération et l’Odas, en partenariat avec la Banque Postale, la CCMSA, EDF, Transdev et avec le soutien de l’AMF et du Journal des acteurs sociaux.
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La Journée citoyenne aura lieu le 28 mai pour mobiliser les habitants (13/01/2016)
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