Coupures de courant sur la Côte-d'Azur : sabotage avéré, revendication « en cours d'examen »
Par Franck Lemarc
Une projection a été brièvement interrompue samedi, pendant la dernière journée du Festival de Cannes, avant que les groupes électrogènes prennent le relais et permettent la poursuite du festival dans des conditions normales. En revanche, des dizaines de milliers de particuliers ont été privés d’électricité pendant des heures à la suite de deux sabotages. Comme l'a souligné le maire de Cannes et président de l'AMF, David Lisnard, ce matin, « ce sont les vraies gens qui ont été touchés, pas le Festival ».
Sabotages
Selon un communiqué de RTE publié samedi en fin de journée, « deux événements successifs » survenus dans la nuit de vendredi à samedi puis samedi matin ont entraîné une coupure qui a privé d’électricité environ 160 000 foyers.
Samedi matin vers 2 h 45, c’est d’abord un poste électrique qui a été incendié. Le communiqué de RTE parle d’un poste situé Briançon (Hautes-Alpes), mais d’autres informations indiquent qu’il s’agirait de celui de Tanneron dans le Var. Quoi qu’il en soit, l’intervention rapide des pompiers et des équipes de RTE a permis, selon ce dernier, de rétablir le courant en une quarantaine de minutes. Quelque heures plus tard, c’est un pylône d’une ligne à haute tension qui a été saboté à Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) : trois des quatre piliers du pylône ont été tronçonnés, entraînant la chute partielle de celui-ci. Selon la préfecture, ce sabotage a entraîné la coupure du courant dans « toutes les communes du littoral entre Antibes et le Var ainsi que des communes situées davantage dans les terres ».
Si les conséquences, on l’a dit, ont été quasi imperceptibles pour le Festival de Cannes, il n’en a pas été de même pour le reste de la vie sociale : feux de signalisation hors service, trains supprimés, réseaux de communication perturbés, pannes d’ascenseur entraînant une centaine d’interventions des pompiers, commerçant contraints de jeter leur stock après l’interruption de la chaîne du froid… Le rétablissement progressif a commencé vers 14 h et, selon RTE, l’ensemble du réseau était rétabli à 17 h 30.
Dimanche matin enfin, un incendie s’est déclenché dans un transformateur électrique de Nice, dans le quartier des Moulins. Selon Enedis, environ 45 000 foyers ont été brièvement privés d’électricité quelques heures à Nice, Cagnes-sur-Mer et Saint-Laurent-du-Var, avant un rétablissement du service à 6 heures. Selon le maire de Nice, Christian Estrosi, il s’agirait également d’un « acte malveillant » , un de ses adjoints précisant que la porte du transformateur a été « forcée ».
Revendication
Pour ce qui concerne la coupure de samedi, le sabotage ne fait aucun doute. Il reste à savoir qui en est responsable. Dans la journée de dimanche, un communiqué a été publié sur le site militant Indymedia – qui relaye notamment des communiqués des mouvances autonomes ou « black-bloc » –, revendiquant « la responsabilité » de l’incendie du poste électrique et la destruction du pylône. « Cette action visait non seulement à perturber le festival, mais aussi à priver de courant les centres de recherche et les usines de Thales Alenia Space, ses dizaines de
sous-traitants, les start-up de la French Tech qui s’imaginent à l’abri, l’aéroport et tous les autres établissements industriels, militaires et technologiques de la zone », écrivent les auteurs de ce communiqué, se définissant comme « deux bandes d’anarchistes » . Ce communiqué qui dénonce pêle-mêle la « marche à la guerre » , la « culture du viol », la « société du spectacle » , le nucléaire, la bétonnisation, se conclut par un appel à d’autres actions – à s’attaquer aux « pylônes, lignes TGV, autoroutes, oléoducs, gazoducs, éoliennes, antennes… ».
Ce communiqué n’a pas authentifié de façon formelle par le parquet de Grasse, qui annonçait hier que « le crédit à porter à cette revendication » est en cours « d’évaluation ».
« Renforcer la sécurité »
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, craint cependant d’autres actions de ce type, puisqu’il a adressé, dès samedi, un télégramme à tous les préfets pour leur demander de « renforcer (…) la sécurité des principaux sites et infrastructures du réseau électrique » . Faisant allusion aux « atteintes volontaires » commises contre le réseau samedi et dimanche, le ministre exige que les préfets « mobilisent l’ensemble des services pour détecter les menaces ou encore pour renforcer la surveillance des sites identifiés en renforçant les patrouilles » . Le ministre rappelle que les réseaux électriques « constituent des infrastructures prioritaires qui permettent d’assurer les actes essentiels de la vie quotidienne des Français ».
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