Édition du lundi 25 octobre 2004
Disparition des services publics dans la Creuse : 260 élus démissionnent, dont 28 maires et un conseiller général
Face à la disparition des services publics dans la Creuse, des élus de ce département rural ont fait souffler un vent de fronde samedi à Guéret, plus de 260 d'entre eux, dont 28 maires et un conseiller général, toutes tendances politiques confondues, démissionnant de leur mandat.
Les démissions des élus municipaux, présentées lors d'une Assemblée générale des maires de la Creuse parfois houleuse, doivent être acceptées ou refusées par le préfet dans un délai d'un mois. Seule la démission du conseiller général (PS) du canton de la Courtine, Philippe Breuil, est d'ores et déjà effective.
Avec cette action, "les élus expriment leur désarroi devant ce qu'ils subissent depuis des années. C'est un cri d'alarme", a lancé Guy Moutaud, conseiller général (PS) devant une salle comble. "Nous ne supportons plus, dans ce département, la suppression des services publics, il faut dire stop", a martelé en écho Philippe Breuil.
Selon les élus démissionnaires, c'est l'annonce, "sans concertation" en juillet dernier, de la fermeture des perceptions dans cinq cantons qui a mis le feu aux poudres.
"Tous les ans, c'est la même chose: un coup c'est la poste, un autre les perceptions, ensuite les écoles et les gares", a souligné M. Breuil.
Abondant dans le même sens, le président socialiste du conseil général, Jean-Jacques Lozach, a affirmé à la tribune que 450 postes de fonctionnaires avaient "disparu" dans la Creuse depuis 20 ans. "Le plancher est atteint, sinon à compromettre l'avenir de ce département", a-t-il ajouté.
Pour tenter d'arrêter "l'hémorragie", les élus ont voté et présenté une demande de moratoire au préfet, Joël Fily, présent dans la salle, qui l'a immédiatement rejetée.
"Je suis d'accord pour qu'il n'y ait pas de zones blanches en matière de services publics", a dit M. Fily pour tenter d'apaiser la colère. Mais, "il faut une modernisation de ces services", a-t-il affirmé, considérant pour sa part les démissions comme "une invite au dialogue".
Rare voix discordante chez les élus, le conseiller régional UMP et maire d'une commune creusoise, Pierre Brignolas, a insisté sur cette "modernisation". "Nous sommes dans une logique d'adaptation. L'objectif, c'est d'apporter un service de qualité", a-t-il poursuivi, parfois sous les sifflets de l'auditoire.
Seul résultat concret de la journée, le préfet s'est engagé à réunir prochainement la "commission départementale d'organisation et de modernisation des services publics".
Sans réellement convaincre. "Nous n'avons pas besoin de concertation alibi, ont clamé les élus. Elles ont trop souvent servi à arrondir les angles et faire passer la pilule auprès de notre population".
Bien décidés à organiser la résistance, ils ont annoncé la création "immédiate" d'un groupe de maires pour "auditionner les acteurs des services publics" afin de faire un état des lieux. Et obtenir des réponses claires.
Preuve du consensus qui règne dans le département autour de cette question, les conseillers généraux de la Creuse ont adopté, au début du mois, à l'unanimité, moins deux abstentions, une résolution pour fustiger la "suite ininterrompue de restrictions, voire de restructurations" des services publics et apporter leur soutien aux élus démissionnaires.
Le préfet a annoncé qu'il allait "prendre du recul" avant de décider s'il donnait "une suite" aux démissions.
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