Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 13 décembre 2019
Sécurité

Enquête Cadre de vie et sécurité 2019 : la majorité des indicateurs en baisse

L’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a présenté hier l’édition 2019 de son enquête annuelle « Cadre de vie et sécurité ». Il s’agit non pas d’une étude sur les chiffres fournis par les forces de l’ordre, mais d’une enquête dite de « victimation » : à la manière d’un sondage, un échantillon de population est interrogé et l’étude détermine quelle proportion des personnes interrogées a été victime de violence. Il s’agit donc de chiffres obtenus par extrapolation et non de données brutes.
Cette idée, venue des États-Unis, est appuyée sur un fait indéniable : « Toutes les victimes ne déposent pas plainte, mais elles n’en sont pas moins des victimes. »  L’enquête est réalisée en partenariat avec l’Insee.
L’année 2018 a vu « un nombre important d’indicateurs en baisse ». Le seul indicateur qui augmente fortement est celui des débits frauduleux sur comptes bancaires ; les autres sont stables ou à la baisse.

Les atteintes aux biens
Les cambriolages ont diminué en 2018, ou du moins des cambriolages « réussis » : 490 000 ménages ont été victimes d’un cambriolage en 2018, contre 569 000 l’année d’avant ; le taux d’échec des cambriolages est passé de 49 à 56 % dans la même période. Ceci s’explique en partie par le développement des alarmes et des systèmes de télésurveillance. 
2 % des ménages ont été victimes d’actes de vandalisme contre leur résidence principale. C’est le chiffre le plus bas depuis 2006. Seulement 11 % des victimes de ce type d’infraction déposent plainte. 
Les baisses les plus spectaculaires concernent les véhicules. Pour les voitures, le nombre de ménage déclarant avoir subi un vol ou une tentative de vol a été divisé par près de 2,5 depuis 2006, passant de 505 000 à 198 000. L’étude ne fournit pas d’explication, mais on pense là encore à la généralisation des alarmes, systèmes d’antidémarrage électroniques, etc. 
À l’inverse de ce qu’il se passe pour le vandalisme, la quasi-totalité des victimes (94 %) dépose plainte. 
Contrairement à une idée reçue, les vols de deux-roues à moteur diminuent – et fortement : ils sont passés de plus de 100 000 en 2015 à 44 000 en 2018. Quant aux vols de vélos, ils restent stables, à niveau assez élevé : s’il y avait en 2006 312 000 de ces vols, ils sont aujourd’hui 318 000. Dans les trois quarts des cas (72 %) les victimes ne déposent pas plainte. 

Les atteintes aux personnes
Concernant les vols dits « personnels »  (sac à main, portefeuille, etc.), ils sont en baisse dans le cas de vols avec violence. Après un pic en 2013 (372 000), leur nombre est retombé en 2018 à 166 000. En revanche, les vols sur personne sans violence (pickpockets) restent à un niveau élevé, avec près d’un million de cas.
Les violences physiques « hors ménage »  touchent 1,3 % de la population. Leur nombre reste relativement stable depuis 2006, oscillant d’une année sur l’autre entre 600 000 et 800 000. Les enquêteurs notent toutefois une tendance continue à la hausse depuis 2016. « La rue est le principal cadre de ces atteintes puisque 41% s’y déroulent. »  Les auteurs de ces violences sont, dans 80 % des cas, des hommes.
Pour ce qui concerne les violences sexuelles, l’enquête distingue celles qui se déroulent hors du ménage de celles qui ont lieu au sein de celui-ci. Dans les deux cas, les chiffres ont connu un pic l’an dernier, que l’on peut sans risque d’erreur lier au phénomène #MeToo et à la libération de la parole qui s’en est suivi. Après ce pic à 265 000 en 2017, les violences sexuelles hors ménage ont un peu diminué l’an dernier (185 000). Seulement 13 % des victimes ont déposé plainte. 
Concernant les violences (sexuelles ou pas) au sein des ménages, elles restent à un niveau élevé : 425 000 en 2017, 380 000 l’an dernier. Dans le cas de violences non sexuelles, les femmes sont victimes dans 68 % des cas ; pour les violences sexuelles, ce chiffre monte à 88 %. 92 % des victimes « vivent encore avec l’auteur des violences au moment de l’enquête ». 

Arnaques et escroqueries en hausse
Enfin, l’enquête permet de constater – sans que cela soit une réelle surprise – que les escroqueries bancaires sont en augmentation constante. C’est même la seule courbe qui ne fait qu’augmenter depuis 2010, avec un nombre de débits frauduleux passant de 500 000 à 1,26 million l’an dernier. Dans 40 % des cas, le montant est inférieur à 100 €. Ces fraudes résulteraient dans 47 % de données subtilisées lors d’un achat sur internet. Ces fraudes ne sont pas suivies de plainte, dans la plupart des cas (23 % de victimes déposent plainte), les victimes estimant en général que le préjudice n’est pas assez important pour cela.
Concernant les « arnaques », elles auraient concerné 1,2 million de personnes en 2018. Il peut s’agir de paiement pour un produit ou un service jamais rendu (36 % des cas), de chantage (16 %) ou encore de frais additionnels indus (14 %). Seulement 17 % des victimes ont été indemnisées après ces faits.

F.L.

Télécharger l’enquête.

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