Secrétaires généraux de mairie : un métier engagé mais sous pression, selon une étude
Par Lucile Bonnin
Si 93 % des secrétaires généraux de mairie considèrent leur métier comme porteur de sens, ces agents souffrent néanmoins de « la charge de travail, la complexité croissante des missions et l’isolement professionnel ». C’est ce que montre notamment l’étude nationale « Conditions de travail des secrétaires généraux de mairie et développement du réseau départemental » , conduite à l’automne dernier par l’Association nationale des directeurs et directeurs-adjoints des centres de gestion (ANDCDG).
Cette étude qui prend le pouls des secrétaires généraux de mairie est d’autant plus importante qu’elle est publiée dans un contexte de manque d'attractivité de la profession alors même que « c’est un métier indispensable » car ces agents « sont le couteau suisse des maires », comme l’a rappelé Murielle Fabre, secrétaire générale de l’AMF et coprésidente de sa commission FPT et RH, lors des Rencontres nationales des ruralités organisées par l'AMF (lire Maire info du 11 juin).
Conditions de travail difficiles
En 2025, selon les résultats de cette étude, 45,6 % des secrétaires généraux de mairie exercent dans des communes de moins de 500 habitants, 72,2 % dans des communes de moins de 1 000 habitants. Essentiels pour les petites communes, les secrétaires généraux de mairie sont aussi souvent dans une équipe restreinte : dans plus de 77 % des cas le secrétaire général de mairie exerce dans une collectivité qui compte moins de dix agents, et dans plus de 9 % des cas, le secrétaire général de mairie y est le seul agent.
Par ailleurs, un quart des secrétaires généraux de mairie sont employés par deux collectivités. En effet, ces agents sont souvent employés à temps non complet et notamment dans les petites communes qui n’ont pas les moyens budgétaires ni le besoin de pourvoir un poste à temps plein.
La charge de travail et les responsabilités qui pèsent sur ces agents apparaissent donc comme bien trop lourdes. « Nous avons un métier formidable, très varié et très enrichissant, mais nous sommes dépassés par les institutions et la charge de travail », témoigne un agent. L’étude montre en effet que la charge de travail, leurs niveaux de rémunération et le manque de reconnaissance constituent les trois premiers facteurs de démotivation des secrétaires généraux de mairie. « Les secrétaires de mairie font aussi face à la ‘complexification des tâches pour partie liée aux transferts de compétences et au désengagement des services de l’Etat dans les territoires ». Le poids qui pèse sur les épaules de ces agents est aussi quelques fois trop lourd : ces professionnels ont « la conviction, vérifiée par l’expérience » que leur absence met « en péril la continuité de service à l’usager » :
L’étude révèle aussi chez les secrétaires généraux de mairie une crainte à court terme concernant les élections municipales de 2026 : « J'ai beaucoup d'appréhension quant aux élections municipales de 2026 et l'élection d'un nouveau maire », témoigne un agent. « Les changements de mandats sont très perturbants pour nous », ajoute un autre agent. Une situation qui vient ajouter du stress notamment pour les 36,1 % de secrétaires de mairie qui se disent déjà stressés à cause de leur travail, « en permanence ou souvent ».
Opportunités d’action
Pour une meilleure prise en compte de ces conditions de travail, il apparaît opportun de perfectionner les pratiques managériales qui sont aujourd’hui « souvent peu formalisées » et trop peu développées. L’exemple le plus parlant est que seulement 51,8 % des collectivités disposent d’un organigramme des services tenu à jour.
De manière très concrète, la tenue de réunions de service est rarement pratiquée dans les collectivités et « lorsqu’elles existent, elles sont le plus souvent organisées de manière ponctuelle, en réaction à une difficulté ou pour traiter d’un point spécifique ». De même, les agents interrogés affirment que « dans la collectivité chacun sait ce qu’il a à faire », et que par conséquent toute pratique de management serait de ce fait « inutile ». « Sans doute y aurait-il matière à éclairer, "démystifier" et mettre au clair la nécessité d’un management approprié à la taille et aux spécificités des plus petites collectivités », soulignent les auteurs.
Concernant les plans de formation, leurs mises en œuvre se heurtent souvent « au manque de temps disponible (des secrétaires généraux de mairie, des agents), parfois aux réticences des élus ». Selon l’ANDCDG seul 20,3 % des collectivités disposent d’un plan de formation des agents, et en assurent le suivi.
L’étude rappelle enfin que depuis la loi du 30 décembre 2023 visant à revaloriser ce métier, les centres de gestion de la FPT sont chargés d’animer un réseau de secrétaires généraux de mairie. Les secrétaires de mairies ont indiqué avoir beaucoup d’attentes vis-à-vis de ces futurs réseaux notamment pour obtenir un accompagnement sur l’accès à la formation, la mutualisation d’outils ou encore l’accompagnement dans la gestion de la charge de travail.
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