Sécheresse : des communes de montagne prennent des restrictions pour la première fois
Par Emmanuel Guillemain d'Echon
« Si la vague de chaleur dure encore deux semaines, certains cours d’eau vont tarir, ce qui n’est jamais arrivé dans l’histoire », s’inquiète Jean Valadier, maire d’Argences-en-Aubrac (Aveyron) et président de la communauté de communes Aubrac Carladez et Viadène, qui recoupe le tiers sud du plateau de l’Aubrac.
Vendredi dernier, la zone est entrée en vigilance orange de niveau 3, le dernier degré avant le seuil d’alerte, et les communes du territoire ont décidé d’une série de restrictions, interdisant notamment le remplissage des piscines et le lavage des véhicules, l’arrosage des stades, des pelouses publiques ou privées et des massifs de fleurs, des potagers (sauf à l’arrosoir et de nuit), ainsi que l’irrigation agricole, sauf pour les cultures prioritaires.
« Nous avons également demandé aux éleveurs d’utiliser les anciens réseaux de village, qui ne sont pas testés pour la potabilité, pour abreuver leur bétail », complète Jean Valadier.
Ces restrictions, en été, n’ont rien d’exceptionnel dans certains départements comme sur le pourtour méditerranéen, en Pays-de-la-Loire ou dans le Poitou (lire Maire info du 17 juin). Mais sur les hauteurs du Massif Central, irrigué par un réseau dense de sources et de petits ruisseaux, on n’avait jamais vu ça. « C’est une situation tout à fait nouvelle. La sécheresse de 2019 n’est arrivée chez nous que tardivement, vers la mi-août, et les orages de septembre avaient résolu le problème », témoigne le maire.
Dès demain, de l’eau potable devrait être acheminée en camions depuis la commune-siège de la communauté, Laguiole, vers le secteur du Carladez, car certains cours d’eau y sont passés en-dessous du seuil d’étiage autorisé pour les prélèvements.
Repenser le modèle de la gestion de l’eau
Pour le maire, c’est le signe de l’impact du réchauffement climatique, qui oblige à repenser totalement le système de gestion de l’eau – qui est, depuis le transfert de Gemapi, une compétence intercommunale – afin d’assurer le développement du territoire.
Car l’élevage, qui est une des principales activités sur le plateau, réputé pour son fromage et sa viande, « ne sera pas possible sans eau, qui est l’une des ressources principales de notre espace », tout comme le développement du tourisme.
Les maires sont actuellement en train de se concerter pour voir comment faire évoluer un réseau très parcellaire, du fait de l’intense vascularisation des cours d’eau et de la taille du territoire : 860 km² répartis sur 21 communes, avec plusieurs syndicats intercommunaux et quelques affermages auprès d’exploitants agricoles.
Outre l’appel à la « vigilance collective » pour éviter « une tendance au gaspillage », comme l’a rappelé la communauté dans un communiqué publié lundi sur les réseaux sociaux et dans les boîtes aux lettres, les élus envisagent à présent de travailler sur des mesures plus structurelles comme la création de stockages de rétention en hiver, quasiment inexistants sur le territoire.
La question de l’aide de l’État aux collectivités toujours plus nombreuses à être confrontées à ce problème, notamment dans les secteurs ruraux, se pose une fois de plus, alors qu’après des années de baisse de leurs crédits, et l’instauration d’un plafond « mordant » sur leurs recettes, les agences de l’eau se sont vues autoriser, cette année, à augmenter de 100 millions d’euros leur plafond de dépenses (lire Maire info du 4 mai 2022).
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