Sauf surprise, Jean Castex annoncera ce soir le report de l'ouverture des remontées mécaniques
Le secrétaire d’Etat au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, l’a confirmé à l’AFP hier soir, et ce n’est pas une surprise : avec plus de 25 000 nouvelles contaminations au covid-19 recensées hier, Jean Castex n’annoncera pas la réouverture des remontées mécaniques ce soir. Aucun calendrier ne devrait d’ailleurs être précisé avant le conseil de défense de la semaine prochaine pour éviter une potentielle nouvelle déception des acteurs du tourisme en montagne. « Le gouvernement est bien conscient qu'il y a un besoin de visibilité pour le secteur de la montagne et on s'attache à leur donner le plus vite possible cette visibilité pour la suite de la saison », a expliqué sans ironie le secrétaire d’Etat. Déjà fragilisées par la très faible fréquentation à Noël, les stations de ski espèrent, de leur côté, sauver les vacances de février. Elles débutent, pour la première zone (la zone A), dès le 6 février.
« On en a marre »
Interrogé par l’AFP, Jean-Luc Bloch, président de l’Association nationale des maires de stations de montagne criait, hier soir, son ras-le-bol. « On en a marre, il nous faut une date ferme et définitive et qu'on arrête de nous promener (…) « Vous avez le droit de prendre l'avion, le train, le métro mais la montagne c'est dangereux ? On ne comprend plus », a-t-il grincé, estimant que la confiance était « perdue » . Les maires des stations de montagne ont prévu de se réunir par visioconférence lundi 11 janvier. Même déception du côté du président de Domaines skiables de France (DSF), Alexandre Maulin. Dans un communiqué publié plus tôt dans la semaine, DSF avait déjà enjoint le gouvernement « à l'action et à la prise de décision ».
Les deux hommes, accompagnés d’Eric Brèche, président du syndicat national des moniteurs de ski français, ont directement interpellé Emmanuel Macron. « La montagne française attend le retrait du décret qui lui interdit d’ouvrir ses remontées mécaniques pour éviter une saison blanche : question de survie ! », ont-ils demandé. Selon eux, « la montagne a développé un protocole complètement abouti et validé par les services de L’État. Les vacances de Noël ont prouvé que les stations de montagne s’étaient organisées pour accueillir les vacanciers en totale sécurité sanitaire. »
Et de conclure sur une note plus économique : « Le tourisme hivernal représente 120 000 emplois directs et 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Sans ouverture, ce ne sont pas que les entreprises et salariés qui en subiront les conséquences, mais également toute la vie et les habitants de nos territoires de montagne. » « On est des aveugles dans le brouillard quant à la survie de notre modèle économique », avec « déjà une catastrophe économique », notamment en raison de l'absence de la clientèle étrangère, pointe Alexandre Maulin. En résumé, « soit on ouvre ultra-rapidement, soit on est morts », alertait hier encore Eric Brèche dans les colonnes du Dauphiné Libéré.
Un taux d’occupation « en chute libre »
Dans un premier bilan d'étape de la saison, les professionnels de la montagne ont fait état cette semaine d'un taux d'occupation en « chute libre », estimant la perte de chiffre d'affaires de l'ensemble de la filière à 1,5 milliard d'euros sur les deux semaines des congés de Noël. « Le plus important c'est qu'on ait une date définitive [de reprise de l'activité], qui ne peut pas être postérieure au 20 janvier, affirme Eric Bouchet, directeur de l'office du tourisme des Deux Alpes (Isère). Si ce n'est pas le cas, cela pourrait signifier ne pas ouvrir en février, et par effet domino ne pas rouvrir de la saison ». « A quatre semaines des vacances de février, l'enjeu est majeur pour remettre en route les stations, privées de 80% d'activité à Noël », insiste DSF, assurant que « le ski n'est pas une activité à risque ».
Jeudi 31 décembre 2020, l’Agence Savoie Mont Blanc, qui représente 112 stations de ski de Savoie et de Haute-Savoie, avait également « exigé » du gouvernement dans une lettre ouverte une date d’ouverture face à une situation d’« urgence absolue ».
Ludovic Galtier
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