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Édition du vendredi 6 octobre 2023
Sécurité

Sapeur-pompier volontaire, un engagement qui peine à séduire

Devenir sapeur-pompier volontaire attire de moins en moins, l'engagement étant parfois vu par les jeunes comme une contrainte alors que certains s'interrogent sur le sens même de la mission.

Par Salomé Kourdouli (AFP)

« Le réseau de volontariat s’essouffle, les jeunes n’ont plus trop envie de s’engager, l’engagement est vu comme une contrainte » , égrène à l’AFP Claude Kleinmann, volontaire depuis 45 ans dans le Bas-Rhin, qui participe à Toulouse au 129e congrès national des sapeurs-pompiers.

L’homme de 61 ans, membre de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), pointe aussi des interventions aujourd’hui plus « sociales » , éloignées de « la mission première d’incendie », pour justifier le désintérêt de certains jeunes. « Maintenant, il nous arrive de passer trois heures à l’hôpital à attendre que le patient puisse être pris en charge » , souffle-t-il. 

Chez les plus jeunes, l’idée de devenir pompier ne passionne plus. « C’est même difficile de recruter des JSP », relève Zoé Joseph, animatrice dans les Deux-Sèvres d’une section de ces « jeunes sapeurs-pompiers »  âgés de 11 à 18 ans. « La dernière fois que nous sommes allés dans un collège, les jeunes nous disaient bonjour mais ne nous posaient pas de questions » , déplore-t-elle.

Face à elle, quatre jeunes âgés de 16 ou 17 ans, en dernière année de leur formation de JSP. Tous s’imaginent faire carrière en tant que pompier professionnel, militaire ou volontaire. Sur les horaires contraignants, les astreintes et les obligations de leur future activité, ils « préfèrent ne pas trop y penser pour l’instant » , sourit Victoire Mury, l’une des JSP. Au cours des vingt dernières années, la France a perdu 30 000 sapeurs-pompiers, dont 7 000 volontaires. Pour stopper l’hémorragie, la FNSPF s’est donné pour objectif le recrutement de 50 000 volontaires d’ici à 2027. Ils étaient un peu moins de 200 000 fin 2021.

Un désintérêt depuis le covid 

Au sein des brigades qui n’ont pas eu de cluster sur le territoire, donc moins sollicitées, les sapeurs-pompiers volontaires « ont redécouvert qu’ils ont une famille, des enfants » , explique Marc Riedel, sociologue et lui-même sapeur-pompier volontaire. Pas étonnant donc, selon lui, si l’on observe désormais « une baisse de la disponibilité » , et plus particulièrement « entre 18 h et 22 h, le moment où on est avec sa famille. C’est presque non négociable » , note-t-il au cours d’une des conférences du congrès, qui se tient jusqu’à dimanche.

« On voit l’évolution : jeudi de l’Ascension, il faisait beau, je crois que beaucoup ont choisi barbecue et famille parce qu’on était pas assez nombreux pour les interventions » , illustre de son côté Bastien Coriton, conseiller départemental de la Seine-Maritime et sapeur-pompier volontaire. Face à ces nouvelles attentes, « la responsabilité est au niveau managérial »  pour recruter et pérenniser l’engagement », estime Marc Riedel. « Commander ne suffit plus » , renchérit Valérie Leclerc, responsable des ressources humaines au service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de Haute-Garonne. « Les jeunes ont un accès à internet qui permet la remise en question de la parole du commandement. Il faut entretenir la confiance, leur donner le sens de l’action et être exemplaire en tant que manager » , détaille-t-elle.

Quête de sens

« La nouvelle génération recherche un sens à ses activités, et nous avons un sens qui est noble. A nous de le valoriser », martèle Valérie Leclerc. Il faut « montrer qui on est, quelles sont nos valeurs et être plus humains » , souligne-t-elle, convaincue de l’impératif de « moderniser »  les méthodes pour « recruter et fidéliser ». Au 31 décembre 2021, on dénombrait en France 252 700 sapeurs pompiers, dont 41 800 sapeurs-pompiers professionnels (17 %), 197 800 volontaires (78 %) et 13 200 militaires (5 %).

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