Santé mentale : François Rebsamen lance une consultation auprès des collectivités
Par Emmanuelle Quémard
Décrétée par le gouvernement « Grande cause nationale pour l’année 2025 », la problématique de la santé mentale s’impose également comme un sujet sociétal majeur à l’échelle des territoires. Alors que près d’un Français sur deux déclare avoir souffert psychiquement au cours des douze derniers mois, les relations sociales développées dans un cadre de proximité ne peuvent qu’être impactées par les troubles et les tensions psychologiques affectant une frange importante de la population. Une situation que le ministre de l’Aménagement du territoire et de la
Décentralisation, François Rebsamen, a décidé de prendre à bras le corps. L’ancien maire de Dijon (Côte d’Or) a, en effet, lancé le 2 avril une consultation nationale des associations d’élus afin d’apporter des réponses concrètes à cette question essentielle de santé publique. « L’objectif de cette vaste consultation est d’associer les élus en recueillant leur expérience du terrain, afin de bâtir une feuille de route nationale, sous l’autorité du Premier ministre, visant à améliorer la connaissance, la prévention et la prise en charge de la santé mentale en prenant en compte la diversité des territoires français », explique notamment le ministre dans un communiqué de presse.
Faciliter la vie des élus et préserver leur santé mentale
L’objectif de François Rebsamen est de s’appuyer sur les élus locaux et leurs réseaux pour faire remonter d’ici à la fin du mois d’avril une série d’informations susceptibles de nourrir les prochaines politiques publiques visant à améliorer la santé mentale des Français. Il s’agit notamment de recenser « les bonnes pratiques et les initiatives exemplaires » émanant des collectivités territoriales, mais également de recueillir les propositions des élus locaux « pour favoriser la détection, l’acceptation et la prise en charge des maladies mentales ».
Pour mémoire, l’AMF avait publié dès 2021 un guide intitulé « la santé mentale dans la cité » qui valorisait des bonnes pratiques et avait vocation à sensibiliser les maires à ces enjeux.
A noter que cette démarche du ministère de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation vise, par ailleurs, à soutenir l’action des élus, eux-mêmes étant souvent victimes de souffrances psychiques liées à l’exercice de plus en plus difficile de leur mandat. « Cette initiative s’inscrit dans une démarche globale du ministère pour faciliter la vie des élus et ainsi préserver leur santé mentale » , ajoute François Rebsamen. Ce dernier rappelle notamment son soutien à une proposition de loi sur le statut de l’élu afin de mieux protéger les élus des violences dont ils sont victimes et leur permettre de mieux concilier mandat public et vie personnelle. Le ministre évoque deux autres chantiers lancés à son initiative : le Roquelaure de l’Assurabilité « qui permettra aux élus locaux de mieux se prémunir face aux risques pluriels » et le Roquelaure de la Simplification « qui déchargera les élus de certaines complexités administratives qui sont autant d‘entraves à leur action du quotidien ».
83 % des maires estiment que leur mandat est usant pour leur santé
La feuille de route élaborée par François Rebsamen fait écho à une récente étude initiée par l’Association des Maires de France (AMF) à l’occasion du 106ème congrès des maires en novembre dernier. Réalisée par le Centre de Sociologie des Organisations (Sciences Po et CNRS), cette étude avait permis d’interroger près de 5 000 maires au sujet de la perception des conditions d’exercice de leur mandat, en particulier sur « ses exigences et implications en termes de temps et rythme de l’activité, de conséquences pour les vies familiale, personnelle et professionnelle, de charge mentale et de possibles effets sur la santé ».
Si ce questionnaire montrait d’abord les difficultés croissantes d’un grand nombre d’élus locaux, il mettait également en évidence les différents troubles dont sont victimes celles et ceux qui dirigent les communes et les intercommunalités. Ainsi, plus d’un maire sur deux (51,2 %) reconnaissait être parfois sujet à « des troubles du sommeil » (souvent pour 35,5 %), tandis que 64,7 % des répondants avouaient ressentir parfois des « coups de fatigue » (souvent pour 26,4 %) et 65,8 % se plaignaient parfois « de moments de solitude » (souvent pour 19,6%). Au final, les élus estimaient à une très forte majorité (83 %) que leur mandat est usant pour la santé. L’étude indiquait, par ailleurs, que certains d’entre eux avaient pensé à démissionner au cours de leur mandat (6 % disaient l’avoir envisagé souvent, 39 % quelquefois et 52 % jamais).
Une usure traduite dans les chiffres, mais aussi dans les mots utilisés pour décrire le quotidien des maires. L’étude de l’AMF égrainait, par exemple, les difficultés psychologiques rencontrées par celles et ceux qui pilotent les services publics locaux : « charge de travail caractérisée par des durées hebdomadaires variables, horaires atypiques, manque de disponibilité pour les proches, charge mentale excessive, stress, pression, nécessité de cacher ses émotions, etc.».
Autant de situations, voire de cris de détresse que François Rebsamen devra prendre en compte lorsqu’ il tirera les enseignements de la consultation organisée par son ministère.
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