La baisse du nombre de lits s'accélère dans les hôpitaux, l'ambulatoire progresse
Par A.W.
La tendance des dernières années se poursuit. Il y a toujours de moins en moins de lits disponibles dans les cliniques et les hôpitaux français pour accueillir des patients. C’est le constat fait par la Direction des études et statistiques (Drees) dans une étude publiée ce matin.
Les capacités d’accueil des 2 976 établissements de santé (1 338 hôpitaux publics, 658 établissements privés à but non lucratif et 980 cliniques privées), « dont le nombre de sites géographiques continue de diminuer lentement », continuent donc de se réduire. Celle-ci s’accélérant même.
Près de 40 000 lits en moins depuis 2013
Selon les données de la Drees, le nombre de lits disponibles a ainsi chuté de 1,8 % en 2022, davantage que l’année précédente qui les avaient vus baisser de 1,4 %. Des diminutions qui sont même plus importantes que ce qui était observé avant la crise sanitaire (- 0,9 % par an en moyenne entre 2013 et 2019).
Sur les quelque 374 000 lits recensés, ce sont ainsi 6 713 lits dans les hôpitaux et les cliniques qui ont été perdus en 2022. Ils étaient encore près de 413 000 en 2013.
Résultat, depuis fin 2013, la baisse cumulée atteint « 39 000 lits d’hospitalisation complète », soit une chute de 9,4 % en neuf ans. Si « toutes les disciplines sont concernées », on peut noter qu’une « part importante » de la baisse de 1,7 % de lits en psychiatrie « provient du secteur public (- 1 000 lits, soit - 3,1 %) et principalement des centres hospitaliers spécialisés (- 800 lits, soit - 4 %) ».
« Ce repli poursuit une tendance observée depuis plusieurs années, qui reflète la volonté de réorganiser l’offre de soins hospitaliers dans un contexte de "virage ambulatoire", mais aussi de contraintes de personnel, ne permettant pas de maintenir les lits », expliquent les autrices de l’étude.
« Virage ambulatoire » confirmé
En effet, dans le même temps, le nombre de patients accueillis en ambulatoire a, lui, augmenté de près de 2 600 places supplémentaires. Ainsi, « le nombre de places continue de progresser (+ 3,1 %), à un rythme plus soutenu qu’avant-crise (+ 2,5 % par an) », portant leur nombre à quelque 85 000 places.
Bien que la crise sanitaire ait freiné cette dynamique, très temporairement, le nombre de places en hospitalisation partielle a progressé, entre fin 2013 et fin 2022, de 17 400 places, soit une hausse de 25,8 % en neuf ans.
« La hausse continue d’être plus élevée en moyen séjour (+ 5,8 %) qu’en court séjour (+ 4,2 %) », mais demeure « faible » en psychiatre (+ 0,3 %).
En parallèle, l’hospitalisation a domicile (HAD) a progressé de 1,6 % en 2022, après les bonds de 10,5 % et 6,8 % durant les deux années précédentes, en pleine crise sanitaire. « Fin 2022, 23 000 patients peuvent être pris en charge simultanément en HAD sur le territoire (19 000 pouvaient l’être en 2019 avant la crise sanitaire), ce qui représente 7,9 % des capacités totales de prise en charge en hospitalisation complète en court et moyen séjour (hors psychiatrie) », indique l’étude.
Plus globalement, le nombre d’entités géographiques de statut public ou privé a reculé l’an passé avec 11 établissements en moins, soit une baisse de 0,4 %, « sous l’effet des réorganisations et des restructurations ».
Si, depuis 2013, la baisse est plus marquée pour les hôpitaux publics (- 5,8 %) – leur nombre est passé de 1 420 entités géographiques fin 2013 à 1 338 fin 2022 – principalement en raison de « la forte diminution du nombre de centres hospitaliers, ex-hôpitaux locaux », le nombre de cliniques privées est aussi en recul, mais de manière moins prononcée (- 3,8 %), passant de 1 019 entités à 980 fin 2022. Avec une baisse similaire, le secteur privé à but non lucratif a vu le nombre de ses entités géographiques passer de 683, fin 2013, à 658 en fin d’année 2022.
Au moins « 3 000 lits » rouverts d’ici fin 2023
Cette baisse continuelle du nombre de lits va-t-elle s’inverser cette année, pour la première fois depuis longtemps, alors que le ministre de la Santé – démissionnaire depuis hier soir – a annoncé fin novembre la réouverture de « 3 000 à 4 000 lits » d'hôpital d'ici la fin de l'année ?
Souhaitant lancer « un signal positif », Aurélien Rousseau assurait, il y a moins d’un mois, que son « combat, c'est de recruter et de fidéliser » du personnel dans tous les hôpitaux.
Pour faire face à la « pénurie » de personnel, la Première ministre Élisabeth Borne avait d’ailleurs annoncé, l’été dernier, la revalorisation de 25 % du travail de nuit des infirmiers et des aides-soignants, mais aussi « la revalorisation du travail le samedi et le dimanche ». Ce « sujet de salaire » était donc considéré comme « en partie comblé », selon le ministre.
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