Maire-info
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Édition du vendredi 31 octobre 2025
Santé publique

Déserts médicaux : Sébastien Lecornu labellise le premier pôle France Santé et en promet 2 000 autres d'ici l'été 

C'est la première pierre d'un réseau qui doit garantir aux Français un accès aux soins à moins de 30 minutes de chez eux. Pour le déployer, le Premier ministre a annoncé 130 millions d'euros supplémentaires en 2026 et s'est dit « favorable » à « desserrer la pression sur les économies » dans les hôpitaux.

Par A.W.

Sébastien Lecornu a annoncé vouloir consacrer 130 millions d'euros supplémentaires aux futures maisons France Santé dans le budget de la « Sécu »  pour 2026. Avec l'objectif d’en déployer 2 000 d’ici l’été prochain sur le territoire afin de faire face à la désertification médicale.

« Une priorité absolue », avait-il déjà assuré, début septembre, quatre jours à peine après sa première nomination. Lors de son premier déplacement officiel à Mâcon, le Premier ministre avait dit vouloir bâtir 5 000 structures de ce type d’ici 2027, mais n’avait donné guère de détails sur ce projet et avait laissé planer nombre d'incertitudes. Hormis que ce réseau de soins de proximité se ferait avec, a minima une offre par bassin de vie et à moins de 30 minutes de chaque Français, à l’image de ce que proposent les maisons France services. 

La garantie d’un rendez-vous sous 48 heures 

« Objet de consensus »  selon lui, l’accès aux soins « en milieu rural d’abord, mais aussi de plus en plus en milieu urbain », est « de plus en plus critique depuis de nombreuses années », a-t-il rappelé hier lors d'un point presse

Considérant que « du temps médical nouveau va réapparaître »  prochainement grâce aux mesures mises en oeuvre ces dernières années (numerus clausus, solidarité territoriale ou encore « Docteurs juniors » ), l’ancien maire de Vernon, dans l’Eure, a estimé qu’il s’agit dorénavant de « savoir comment on va l’organiser sur le territoire ».

Cela passera donc par France santé avec l'ambition de rendre l’offre de soins « plus lisible, plus cohérente, et surtout plus proche de chacun ». Chaque nouvelle structure labellisée de ce réseau qui doit fédérer les structures existantes (et non pas en créer des nouvelles) – comme des maisons de santé (animées par des médecins libéraux) ou des centres de santé (où des médecins salariés exercent) – aura ainsi droit à un « forfait de 50 000 euros ». 

À la condition, toutefois, de remplir « quelques critères simples ». Chaque maison France santé devra ainsi compter « un médecin et une infirmière », proposer « des consultations sans dépassements d’honoraires », rester « ouvert au moins cinq jours par semaine »  et offrir « des rendez-vous sous 48 heures », a détaillé Sébastien Lecornu. « À chaque situation locale, il y aura une solution locale », a-t-il assuré. 

Des pharmacies agréées en zone rurale

« Les 50 000 euros pourront être employés pour venir protéger [ces structures], faire des travaux, embaucher une secrétaire médicale, accompagner l'arrivée d'un nouveau soignant, un kiné... », selon le Premier ministre, qui a souligné que, « parfois ce sont des pharmacies qui constitueront la maison France santé parce que dans certains territoires ruraux, de toute façon, la seule présence que vous avez, c'est la pharmacie ». 

Pour traiter « les zones où la situation est très critique », l’élu normand promet de « mobiliser le monde universitaire »  afin de « moderniser France santé »  via notamment « la télémédecine ». « J’ai beaucoup déployé ces questions lorsque j’étais ministre des Outre-mer avec nos territoires ultramarins les plus éloignés. Ce qu’on a fait pour Wallis-et-Futuna, on devrait pouvoir arriver à le faire avec le département de la Manche »  par exemple, a-t-il expliqué. Et notamment avec « les spécialités : cardiologie, dermatologie, ophtalmologie… » 

Un soutien aux médicobus – « manquant de considération ou d’accompagnement »  à ses yeux – a également été brièvement évoqué. « Il ne s’agit pas pour l’État de venir se substituer aux collectivités, mais de protéger ce qui existe déjà », a assuré Sébastien Lecornu, faisant allusion à « un des points de philosophie de la réforme de la décentralisation »  qu’il compte engager. Au-delà des soins classiques, le réseau propose donc aussi des services de télésanté, des dispositifs mobiles ou encore des actions de prévention.

Globalement, il souhaite que « 15 à 20 maisons France santé soient agréées d'ici à Noël par département »  avant « une montée en puissance très rapide pour atteindre les 2 000 maisons »  d’ici l’été 2026. Et donc 5 000 d'ici 2027.

Hôpitaux : « desserrer la pression »  sur les économies

L’État financera ce déploiement avec « 130 millions d’euros »  supplémentaires grâce au dépôt d’un amendement du gouvernement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), a expliqué le Premier ministre, celui-ci se déclarant, au passage, « favorable »  à ce que la discussion parlementaire « desserre un tout petit peu la pression sur les économies »  dans les hôpitaux.

Il a d’ailleurs renvoyé la question du financement « aux différentes formations politiques »  présentes au Parlement . « On voit bien que l’on a des mesures importantes pour nos compatriotes, [...] mais il faut qu’elles soient financées, sinon elles n’existent pas », a-t-il fait valoir.

Le texte actuel prévoit que les dépenses de l'hôpital (public et privé) augmentent de 2,4 %, un montant jugé largement insuffisant par la fédération des hôpitaux publics (FHF) qui estime qu'il entraînera en réalité pour eux la « plus forte baisse tarifaire »  depuis une vingtaine d'années.

Sébastien Lecornu a également défendu le principe du doublement des franchises médicales, recalé mercredi en commission des Affaires sociales à l'Assemblée. Mais il a indiqué que le gouvernement n'était pas hostile à élargir le nombre de personnes qui ne paient pas ces franchises. Cette exemption concerne aujourd'hui « 18 millions de personnes »  (femmes enceintes, mineurs, titulaires de la complémentaire solidaire...), le gouvernement se disant « ouvert »  à « rehausser »  éventuellement ce seuil, selon le Premier ministre.

Pour lutter contre la désertiffication médicale, on peut, par ailleurs, rappeler le déploiement, début septembre, d’un nouveau dispositif permettant à des médecins volontaires d’assurer jusqu’à deux jours de consultations par mois, dans 151 territoires prioritaires.

S'agissant du dispositif « Docteurs juniors », c’est en novembre 2026 que seront déployés ces étudiants en médecine de 4e année d'internat qui devront aller exercer pendant un an dans un cabinet de ville, sur tout le territoire. La priorité sera là aussi donnée aux zones les moins bien dotées.

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