Crise de l'hôpital : le gouvernement annonce une rallonge de 543 millions d'euros
Par Lucile Bonnin
Au début du mois, le ministre de la Santé François Braun avait annoncé une enveloppe de 400 millions d’euros pour accompagner les services hospitaliers rapidement et mettre en place des « solutions pour nous permettre de tenir dans les trois mois qui viennent » (lire Maire info du 3 novembre).
Hier, le ministre a annoncé devant l’Assemblée nationale une enveloppe supplémentaire de 543 millions d’euros. C’est un amendement du gouvernement au projet de budget de la Sécurité sociale qui prévoit cette rallonge. Pour le ministre, cette dernière « s'inscrit dans notre effort sans précédent pour soutenir l'hôpital et tous les personnels qui le font fonctionner ».
Le projet de budget n'a pas fait consensus et l'opposition a parlé de « petit bricolage » face à l'effondrement de l'hôpital. Hier soir, la Première ministre Elisabeth Borne a dégainé pour la cinquième fois le 49.3 sur ce budget 2023 de la Sécurité sociale indiquant qu'il n'était pas possible de « perpétuellement rejouer des débats qui ont déjà été tranchés. »
« Soutenir l’hôpital face aux surcoûts liés au Covid »
Cette rallonge s’ajoute en fait aux 570 millions d'euros pour l'hôpital présentés devant le Sénat afin notamment de « faire face à l'épidémie précoce de bronchiolite ». Celle de 543 millions est, elle, plutôt dédiée à pallier les surcoûts de l’épidémie de Covid-19 cette année « qui ont été finalisés tout récemment » , selon le ministre.
Le ministre a rappelé que ce « budget, c’est celui du gouvernement, mais c’est aussi celui de la représentation nationale » . Pour rappel, le projet de loi prévoit plusieurs autres mesures comme une année supplémentaire pour les étudiants « en priorité » dans les déserts médicaux ou encore l'extension de la permanence aux soins aux infirmiers, sages-femmes et dentistes les soirs et les week-ends.
Interrogé hier au micro de Franceinfo, Arnaud Robinet, maire de Reims et président de la Fédération hospitalière de France (FHF) a salué ces annonces « très fortes et à la hauteur des enjeux » qui se justifient pleinement puisque, selon lui, « à peu près 3,5 millions de séjours manquent par rapport à 2019, et donc forcément [il y a] des baisses de recettes pour l'hôpital public ».
Repenser le système de santé
Le patron de la FHF rappelle d’abord que « le vrai sujet de l’hôpital public (…), c'est le problème des ressources humaines. Aujourd'hui, il y a 8 % de postes vacants d'infirmières à l'hôpital, 2,5 % de postes vacants chez les aides-soignantes et 30 % de postes titulaires dans la médecine ».
Sur ce point, le ministre explique qu’il faut « repenser le système de santé » et le « reconstruire ». C’est notamment le but du CNR Santé lancé depuis septembre dernier (lire Maire info du 25 octobre).
Un Forum se tiendra d’ailleurs demain sur la question de l’accès aux soins et des solutions territoriales à developper à 9h30, en salle Fraternité, au Congrès des maires de France.
Des moyens pour la santé numérique
En dehors du budget de la Sécurité sociale, le gouvernement semble vouloir donner un coup de collier à sa stratégie d’accélération du numérique en santé. Hier, les ministres de la Santé et de la Recherche ont annoncé une enveloppe supplémentaire de 48,4 millions d'euros pour mettre davantage de moyens dans la formation des professionnels de santé au numérique.
Concrètement, cette autre rallonge doit permettre de former 100 000 étudiants aux pratiques numériques par an, selon l’Usine digitale qui rapporte aussi que cette enveloppe « servira également la formation des experts du numérique en santé, en continu notamment, et à la formation de médiateurs numériques pour accompagner les aidants familiaux. »
C'est d'ailleurs aujourd'hui que le Conseil national de la refondation (CNR) Numérique est lancé à Bercy. Ce CNR va travailler sur les thématiques d'inclusion numérique, de transition numérique au travail et de lutte contre les violences en ligne.
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