Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 25 février 2020
Santé publique

Coronavirus : comment « se préparer à la prise en charge des patients » dans les établissements de santé

Il y a eu « un grand nombre d'alertes, à Lyon, à Calais, en Provence Alpes-Côtes-d'Azur, en Savoie... »  mais « aucun patient ayant bénéficié du processus d'alerte n'a été testé positif pour le coronavirus », a affirmé, ce matin sur RTL, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, au lendemain d’une journée marquée par la prolifération du nombre de contaminations et de décès liés au Covid-19 en Italie (Vénétie et Lombardie). Pour autant, « la situation est très évolutive »  et s’il n’y a « pas d’épidémie chez nous », « elle est à nos portes »  - un bus en provenance d’Italie avait été bloqué à Lyon hier -, a ajouté le ministre qui réfute l’idée avancée par un certain nombre d’opposants de fermer les frontières. Une série de recommandations, alignées sur celles en vigueur pour la Chine, Hong-Kong, Macao, Singapour et la Corée du Sud, a, en revanche, été émise pour les personnes revenant des deux régions italiennes touchées. Ainsi, les enfants en provenance de ces pays ne doivent pas se rendre dans leurs établissements scolaires.
L’État anticipe les scénarios catastrophes et se « prépare à une épidémie ». Pour prendre en charge au mieux les patients classés cas suspect, possible et confirmé du nouveau Coronavirus, un guide de « préparation au risque épidémique Covid-19 »  vient d’être publié par le ministère des Solidarités et de la Santé. « L'objectif est d'identifier et d'isoler rapidement un patient « cas suspect », de le classer via le SAMUCentre 15 en lien avec l'ARS-CIRE et Santé publique France, et en cas de classement « cas possible »  de le transporter vers l’un des établissements de santé habilités pour le Covid-19 ». En qualité de gestionnaires d’établissements de santé et d’établissements médico-sociaux, les communes sont directement concernées.

Le plan « ORSAN REB » 
Le ministère des Solidarités et de la Santé a mobilisé le système de santé afin de « faire face à cette épidémie pour notamment assurer la détection et la prise en charge des patients « cas possibles »  et « cas confirmés ». Cette mobilisation repose sur le plan ORSAN REB élaboré et mis en œuvre dans chaque région par l’Agence régionale de santé », commence-t-on par préciser côté gouvernement. Pour l’heure, la situation épidémique en France est entre les stades 1 et 2. Comprenez qu’il « n’existe donc pas de circulation active du virus mais seulement des cas sporadiques pris en charge individuellement dans le cadre d’un parcours de soins sécurisé avec identification et surveillance de leurs contacts ». 
Des clusters [comme cela a pu être le cas aux Contamines-Montjoie (Haute-Savoie) en janvier] peuvent malgré tout apparaitre et font l’objet de mesures de prise en charge spécifiques. « La stratégie sanitaire consiste à freiner l’introduction du virus sur le territoire national et de freiner sa propagation par des mesures d’endiguement ». Ces dernières prévoient notamment « le dépistage des patients suspects », « la protection des soignants »  ou encore « la prise en charge de tous les patients classés « cas possibles »  en établissements de santé habilités Covid-19 ».

Des mesures d’endiguement
Afin de permettre la mise en œuvre de la stratégie d’endiguement basée sur une hospitalisation sécurisée de tous les patients « cas confirmés », un premier niveau de réponse s’appuie sur des établissements de santé de première ligne (une deuxième ligne d’établissements de santé est identifiée pour compléter les établissements de première ligne pour être habilités Covid-19 si la situation épidémique le nécessitait). « Il s’agit des établissements de santé habilités pour le Covid19 (cf. liste annexe 1). Ce choix s’est fait au regard de leurs capacités de prise en charge bio sécurisée - chambre d’isolement de haute sécurité en service de maladies infectieuses ou de réanimation, et des capacités de diagnostics virologiques (laboratoire LSB3). Ces établissements de santé habilités pour le Covid-19 disposent d’un plateau technique hautement spécialisé et sont opérationnels 24/7 et d’un recours permanent à un infectiologue. Ils permettront notamment la prise en charge des patients classés « cas confirmés »  dans des conditions de sécurité maximales au sein de services de maladies infectieuses et tropicales et/ou de réanimation. » 
Les patients classés « cas possibles », eux, sont pris en charge dans l’un des établissements de santé habilité Covid-19 mais « afin d’optimiser la gestion des lits, notamment dans la perspective d’une augmentation du nombre de patients à prendre en charge, la filière de prise en charge des patients « cas possibles »  peut être adaptée afin de répondre aux enjeux de prise en charge ».

70 établissements sièges d’un Samu
Des masques « en quantité »  ont été commandés et les capacités en matière de tests diagnostiques ont été accrues. « 70 établissements sièges d’un Samu seront activés dès [lundi 24 février] pour augmenter nos capacités de réponse si c’était nécessaire », avait annoncé Olivier Véran dimanche. À Nice (Alpes-Maritimes), Christian Estrosi s’impatiente. Sur BFMTV, le maire demandait ce matin « que l’État accélère et que, dès les heures qui viennent, tous les moyens soient mobilisés pour que le Centre hospitalier et universitaire (CHU) de Nice soit opérationnel pour le dépistage et l’accueil de patients qui présenteraient des symptômes suspects. » 
De son côté, l’association des maires d’Île-de-France (Amif) mène actuellement une opération d’information et de prévention en direction des élus en lien avec l’Agence régionale de santé d’Île-de-France parce que, explique Stéphane Beaudet, président de l’Amif, « les maires ont été identifiés comme les plus à même d’être rapidement opérationnels en cas d’apparition de cas de coronavirus ». Le Premier ministre devrait très prochainement adresser un courrier à tous les maires de France.
En France, depuis le 24 janvier, 12 cas d’infection ont été détectés et un patient, un touriste chinois de 80 ans, est décédé le 14 février. Le virus, qui a fait 2663 morts et infecté 77 660 personnes en Chine, se serait propagé à partir d’un marché d’animaux vivants de la ville de Wuhan (région du Hubei).

Ludovic Galtier

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